L’insomnie me tenait éveillée encore une nuit de plus. J’y échappais rarement depuis mon retour de Montréal. J’avais trop de choses en tête et je savais bien que mon esprit n’allait pas me laisser dormir tant que je n’y avais pas mis un peu d’ordre. Je ne savais pas par où commencer ni comment m’y prendre et je préférais remettre le tout à plus tard. Je me causais à moi-même des nuits d’angoisse durant lesquelles je me demandais ce que j’allais faire de ma vie, maintenant que j’avais décidé de tout lâcher et d’étudier en psychologie. Je savais bien que le marketing allait me mener plus loin et était un chemin plus facile vers une vie aisée, sauf que je remettais tout en question. J’avais envie d’être heureuse et de faire quelque chose qui allait me procurer du bonheur. Je ne savais pas encore ce que c’était et je n’avais aucune envie de me pencher sur cette question pour le moment.
Installée confortablement à la table d’une pâtisserie non loin de chez moi, je gribouillais distraitement dans un cahier tout en sirotant un thé vert. Je n’avais pas vu le temps passé et je me rendis compte qu’il n’y avait que moi dans l’endroit quand l’employée en service se mit à laver le plancher. Je devais partir. Il était près de 23h et la pâtisserie allait bientôt fermer pour la nuit. Je me levai, ramassai mes affaires et sorti. Il faisait noir sur la route qui me ramenait à la maison. Mes écouteurs sur les oreilles, j’essayais de ne pas avoir peur, mais me promener tard le soir toute seule m’angoissait toujours un peu. Quand la lumière au-dessus de moi s’éteignit sans raison, je sursautai plus que j’aurais dû. En me retournant pour voir la lumière maintenant éteinte, je remarquai une ombre qui se trouvait plus loin. Quelqu’un marchait derrière moi. Je continuai mon chemin et accélérai le pas. Ça y était, maintenant j’avais peur. Je savais bien que je n’étais pas la seule personne à marcher dans cette rue à 23h passées, mais je n’aimais pas penser que quelqu’un pouvait me suivre. C’était possible après tout!
Un bref coup d’œil derrière mon épaule me confirma que la personne était toujours là et, en plus, elle s’était rapprochée. Un peu de courage, Hyun Ae! Il ne me restait que cinq minutes de marche avant d’arriver chez moi, j’allais y arriver vivante!
Cheong Woo Seok Nombre de messages : 1162 Date d'inscription : 22/07/2014 Pseudo : walrus
Bientôt 22h30 et déjà, Woo Seok quittait la boîte de nuit où il était sorti avec des amis, mais complètement seul cette fois. Étonnamment, il n’avait pas envie de ça ce soir, lui qui, habituellement, était toujours partant pour sortir un peu. Enfin, fallait dire que ses compatriotes l’avaient très légèrement laissé tomber en se scotchant après tout et n’importe quoi – surtout n’importe quoi… Tant pis. Il irait plutôt prendre un verre bien tranquillement dans un des nombreux bars musicaux du coin, (tout seul, parce qu’il était un grand garçon qui n’avait besoin de personne), puis il rentrerait chez lui. Oui, ça semblait être un bon plan, et puis, il croiserait peut-être quelqu’un qu’il connaissait et qui ne l’abandonnerait pas, lui, dans l’espoir de ramener à la maison quelconque demoiselle un peu trop bourrée. Pas qu’il mourrait d’envie de socialiser ce soir, cela dit. Sans être complètement fermé aux gens, il ne recherchait plus naturellement leur présence, et avait appris à faire de la solitude une amie, qu’il estimait désormais beaucoup. Très grande évolution de sa part, d’ailleurs, lui qui ne la supportait pas quelques années seulement auparavant… C’était bien peu dire qu’il préférait grandement qui il était à l’heure actuelle.
Bref, ses pensées ne l’avaient mené nulle part : il était toujours debout, planté près de la sortie de la boîte de nuit. Il connaissait un endroit plutôt sympathique à quelques rues d’ici – il lui semblait – un bar minuscule où se produisaient quelques artistes underground… Attendre l’autobus pour s’y rendre n’en valait pas la peine, et le jeune homme se résolut ainsi à faire le trajet à pied, bien qu’il ne soit plus certain de la rue à emprunter… Au pire, il finirait ailleurs, tout simplement. Il connaissait désormais assez Incheon pour pouvoir se retrouver sans trop de mal, il ne stressait donc plus avec ce détail. Il aurait peut-être dû, cela dit, parce qu’après un peu plus d’une demi-heure de marche, notre jeune Cheong se retrouva complètement égaré. Évidemment, il n’avait pas porté attention à où il tournait… Quel idiot il pouvait faire, parfois. Au moins, l’endroit ne semblait pas vide de toute présence humaine, il avait des chances de survivre – non, il n’exagérait pas… Ah, d’ailleurs, ses yeux sombres se posèrent sur une silhouette féminine qui quittait ce qui lui sembla être une pâtisserie. Sans trop réfléchir, il se lança à sa suite d’un pas qui se voulait tout de même pressé, histoire de pouvoir rattraper l’inconnue.
- Ehhh !
Pas de réponse, celle qu’il avait prise en grippe sans mauvaises intentions avait des écouteurs… Et visiblement, se faire suivre à cette heure ne semblait pas la rassurer, puisque son rythme de marche s’accéléra légèrement. Il n’allait pas la violer, tout de même ! Dans un ultime effort, Wooseok jogga jusqu’à elle, posant une main sur son épaule pour qu’elle se retourne avant de faire un pas derrière : il n’avait aucunement envie de recevoir un quelconque coup vu son intrusion un peu directe dans la bulle de l’étrangère.
- Désolé, je ne voulais pas vous faire peur…
Et maintenant ? Quelle idée de demander son chemin à quelqu’un, il aurait l’air d’un bel idiot… Ses traits se crispèrent légèrement et il souffla, visiblement découragé de son sens de l’orientation inexistant :
- Je me demandais seulement si vous pourriez m’indiquer comment euhm, retourner vers Bupyeong-gu… Je connais moins bien la ville que je ne l’imaginais…
Ajouta-t-il dans une tentative un peu désespérée de se justifier.
Dernière édition par Cheong Woo Seok le Lun 15 Sep - 4:30, édité 1 fois
J’allais mourir. C’était ce soir que se terminait ma vie. Demain matin, dans les journaux, on va pouvoir lire : une jeune femme de 21 ans a été violemment tuée hier soir aux environs de minuit dans une rue d’Incheon. Son corps a été retrouvé par des passants qui ont aussitôt alerté les policiers. Ces derniers sont activement à la recherche du tueur, bien que celui-ci n’ait laissé aucune trace. Les enquêteurs sont présentement sur les lieux à la recherche d’indices. La victime laisse dans le deuil ses parents, son grand-frère ainsi que de nombreux amis. «C’était une jeune fille pleine de potentiel. Elle était jolie et souriante, elle avait la vie devant elle. C’est une tragédie», a commenté un ami de la famille qui habitait à quelques pas de chez elle.
Mes parents allaient être dévastés d’apprendre ma mort! J’étais en train de penser aux larmes que ma mère allait verser quand une main se posa sur mon épaule. Mon cœur s’arrêta dans ma poitrine et je me demandai si je n’allais pas plutôt mourir d’une crise de cœur avant même que ce tueur commence à m’attaquer. Je me retournai vivement, faisant tomber mes écouteurs de mes oreilles. Je me retrouvai face à un jeune homme qui devait avoir environ mon âge. Il n’avait pas l’air agressif, il était probablement un psychopathe qui tuait sans émotion!
- Désolé, je ne voulais pas vous faire peur…
Je crois que la peur se lisait dans mes yeux. Est-ce que c’était une technique pour tenter de me faire baisser ma garde pour ensuite me kidnapper?! Oh mon dieu, un kidnapping était encore pire que de me tuer! Mes parents n’allaient pas savoir si j’étais morte ou vivante et ils allaient vivre dans la tristesse constante en espérant un jour me voir réapparaitre!!
- Je me demandais seulement si vous pourriez m’indiquer comment euhm, retourner vers Bupyeong-gu… Je connais moins bien la ville que je ne l’imaginais…
J’observai un instant ses traits en essayant de déceler s’il voulait me tuer ou non, mais c’était assez difficile à déchiffrer. Il était grand, selon moi il devait faire près de 1m80, en tout cas il me dépassait d’une bonne tête et les traits de son visage étaient très doux. On aurait dit un visage d’enfant. J’allais pouvoir le décrire si je réussissais à m’échapper et que je devais le décrire à la police!
- Vous devez retourner sur vos pas et prendre la 3e rue à votre droite. Ensuite vous continuer tout droit et vous entrerez dans Bupyeong-gu… mais c’est grand. Vous cherchez un endroit en particulier? Je le connais peut-être…
Oui, j’étais gentille même avec des potentiels psychopathes qui pouvaient à tout moment me sauter à la gorge et me planter un couteau dans le cœur. Si je me montrais sympathique, peut-être qu’il allait décider de me laisser la vie sauve. «Oh elle est gentille, elle mérite de vivre!»… Je doute que des tueurs aient déjà pensé ce genre de chose, mais ça valait le coup d’essayer. Je me voyais mal partir en courant. Il avait de plus longues jambes que les miennes et il allait sans doute pouvoir me rattraper en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Cheong Woo Seok Nombre de messages : 1162 Date d'inscription : 22/07/2014 Pseudo : walrus
Bon. Wooseok n’était pas un sportif, loin de là. Il détestait absolument tout ce qui ressemblait de près ou de loin à de l’activité physique, et ce, depuis que la puberté l’avait frappé. Sérieusement, il n’arrivait pas du tout à voir ce que les gens pouvaient trouver de si valorisant dans le fait de souffrir autant pour finir trempé de sueur. Le pire, c’était que la plupart de ces mêmes gens parlaient de l’exercice comme si c’était là une véritable bénédiction : lui, quand il avait le malheur de courir un peu trop longtemps, finissait par se trouver dégoûtant, moche et avait mal aux jambes le jour d’après. Aucun plaisir, vraiment aucun. Et c’était pour toutes ces raisons qu’il appréhendait d’avoir à rattraper la jeune femme qui accélérait dangereusement : il ne voulait vraiment, vraiment pas se retrouver dans une stupide séance d’entraînement improvisée ce soir. Voilà pourquoi le grand brun ne laissa pas le temps à la demoiselle de s’éloigner bien loin, l’interpellant d’une main doucement posée sur son épaule dès qu’il put se rendre à son niveau. Mieux valait prévenir que guérir d’un désagréable mal de jambes!
Donc oui, une main sur l’épaule : l’inconnue se retourna, évidemment, et il put très bien voir qu’il lui avait fait drôlement peur. Ce qui n’était absolument pas son intention première, il l’aurait juré sur la tête de sa propre mère. Était-il si effrayant? Probablement pas, mais il était vrai que sa méthode n’était pas des plus raffinées… Bon, voilà, il se sentait mal. Lui et ses coups de tête ne faisaient jamais bon ménage, ça avait un don particulier pour le mettre dans des situations qu’il aurait préféré éviter. Pas qu’il n’arrivait pas à s’en sortir, la plupart du temps, ça allait… Néanmoins, elles demeuraient désagréables, ces situations. La question s’échappa d’entre ses lèvres : il n’avait plus trop le choix de la poser après s’être donné tant de mal. Peut-être le trouverait-elle un peu moins menaçant maintenant qu’il venait de lui révéler qu’il n’était qu’un pauvre imbécile à se perdre aussi facilement… Ou alors, elle allait se moquer et le laisser en plan. C’était ce qu’il ferait en pareille situation, du moins. Cela dit, Cheong Woo Seok était un être d’une grande arrogance, si bien que se payer la tête des gens silencieusement était l’un de ses passe-temps favoris. Ce qui, selon lui du moins, n’était pas le cas de toutes et tous.
À sa grande surprise, celle qui se trouvait devant lui expliqua gentiment où trouver le quartier qu’il cherchait désespérément, si bien qu’il sourit doucement, soulagé de pouvoir partir enfin et fuir son embarras. Soulagement qui ne dura qu’un instant, s’éclipsant à la question qui suivit les indications. S’il cherchait un endroit en particulier? Oui et non, en fait. Le jeune serveur souffla et haussa les épaules.
- Je comptais aller à un petit jazz bar, vous ne devez pas connaître… Mais enfin, si vous connaissez des endroits du genre, je suis preneur aussi, personne ne m’attend nulle part.
Ah, pourquoi pas! Wooseoksansamis.com, avoué en toute honnêteté. Ç’en était pitoyable, à un tel point qu’il secoua la tête en s’empressant d'ajouter :
- En fait, laisse tomber, je ne vais pas te déranger plus longtemps avec ça… Je vais aller à Bupyeong-gu et voir si je trouve un endroit bien. Bonne soirée!
Oui, ça lui arrivait de franchir l’étape du tutoiement sans avertir. Il passa une main dans ses cheveux, histoire de se redonner un peu de prestance, puis s’éloigna de son interlocutrice… Exactement dans la direction opposée à celle qu’on lui avait indiquée. Demi-tour un peu honteux.
- Je devrais rentrer chez moi, tout compte fait.
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Sujet: Re: please don't follow me Mar 13 Jan - 2:36
Les tueurs ont-ils l’habitude de discuter avec leurs proies avant de les tuer? Je savais que j’aurais dû m’intéresser aux séries policières afin de savoir quoi faire dans une telle situation. Des cours d’auto-défense auraient aussi été les bienvenus si jamais il faisait un pas vers moi. Pour l’instant, le jeune homme avait l’air sympathique, comme tous les psychopathes aux premiers abords. En le jugeant seulement sur ses apparences, il semblait propre de sa personne et avait de beaux vêtements. Il n’avait pas le profil pour être un sans-abri agressif qui voudrait voler mon argent, mais peut-être était-il un proxénète qui désirait me vendre dans son réseau de prostitution. De plus, si je continuais sur ma lancée de jugements hâtifs, il avait l’air plus jeune que moi. Quoi qu’il n’y a pas d’âge pour le proxénétisme! Les jeunes de nos jours sont de plus en plus précoces alors pourquoi ne pas commencer son propre réseau de vente de drogues et de prostitution à 18 ans?
J’avais demandé à l’inconnu s’il y avait un endroit où il voulait aller. Il me répondit qu’il cherchait un petit jazz bar que je ne devais pas connaître. Il y allait dans le jugement hâtif lui aussi! Qu’est-ce qu’il en savait sur mes préférences musicales?! Peut-être que j’allais le surprendre en lui disant que j’adorais le jazz et que je savais exactement ce qu’il cherchait! Enfin bon… J’avais plutôt l’air d’une jeune fan de kpop, c’est vrai et, tout compte fait, je ne connaissais rien au jazz. Il avait donc raison de dire que je ne devais pas connaître l’endroit qu’il cherchait… Mais tout de même! Je n’aimais pas être jugée, et ce, malgré le fait que je le jugeais sur son degré de psychopathie depuis qu’il m’avait adressé la parole…
- En fait, laisse tomber, je ne vais pas te déranger plus longtemps avec ça… Je vais aller à Bupyeong-gu et voir si je trouve un endroit bien. Bonne soirée!
J’allais lui répondre poliment que je ne connaissais pas d’endroit du genre et m’excuser de ne pas pouvoir l’aider davantage, mais il parti dans la direction opposée de celle que je lui avais indiquée pour aller è Bupyeong-gu. Il voulait simplement m’adresser la parole pour voir si j’étais violable, voilà! J’avais raison!! Finalement, en me voyant le visage, il avait décidé que je n’étais pas son genre et avait changé d’avis! Tant mieux pour moi, j’allais avoir la vie sauve pour aujourd’hui. En tout cas, c’était ce que je pensais jusqu’à ce qu’il fasse demi-tour.
- Je devrais rentrer chez moi, tout compte fait.
Il avait une expression de honte sur le visage. Il était mignon ce garçon. Je n’étais plus du tout effrayée comme je l’étais au début, même si mon cerveau m’envoyait encore des messages de panique. Ma raison me disait que je n’avais pas à avoir peur et que je n’allais pas finir ma vie ce soir, en sang, dans une ruelle avoisinante.
- Tu as besoin que je t’indique le chemin?
Je fis un petit sourire en coin, un peu moqueur. Pour avoir été perdue à maintes reprises à Montréal durant mon séjour là-bas, je savais comment on pouvait se sentir quand on ne savait pas où aller. Quand j’étais au Canada, je ne parlais pas un seul mot de français et je baragouinais l’anglais durant mes premiers jours dans le pays. Ça avait été difficile de retrouver mon chemin! Heureusement pour lui, la communication était facile puisque l’on parlait la même langue…
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