Combien de jours se sont écoulés depuis que je l'ai trouvé en bas de mon immeuble? Une semaine? Plus? Dans les deux cas, c'est trop. Chaque soir où je le croise je demande s'il a trouvé quelque chose et la même réponse m'est fournie. Il vit le jour, je vis la nuit, dans l'absolu cela ne laisse pas beaucoup d'occasions de voir sa tête mais elles sont trop nombreuses à mon goût. Avec mon projet, en général, je saute sur toutes les heures supplémentaires possibles, si c'était faisable, je travaillerai aussi la journée, seulement le corps humain a besoin de manger et dormir, je ne peux pas aller contre ça.
La nuit dernière a été épuisante, le Black Sugar était bondé de monde, c'était à peine si j'avais la place de passer à certains endroits. Avec mon sourire, mon charme et mon côté avenant, je me fais des pourboires très sympa. Ça n'empêche pas de tomber sur des radins, mais les autres clients compensent ces cas exceptionnels. Il n'est pas rare que certaines femmes trouvent le moyen de me refiler leur numéro, une fois, l'une d'elle a poussé l'audace en le mettant directement dans la poche de mon pantalon. Si elles savaient toutes que je suis gay, elles se montreraient bien moins généreuses. Je ne le prends jamais mal, au contraire, ça m'amuse. Je ne mélange pas travail et plaisir, bien que parfois, certains clients qui valent le détour attendent que je termine mon service. Il n'y a pas de mal à se faire du bien après tout. En rentrant, je suis allé droit dans ma chambre afin de dormir jusqu'à ce que mes yeux s'ouvrent en plein milieu de l'après-midi, aujourd'hui est mon jour de repos bien mérité.
Personne dans l'appartement, parfait. Le petit-déjeuner pris devant la télé, une longue douche, je fonce ensuite avec mon sac de sport au cours de danse. Certes, j'ai cessé de gagner ma vie de cette manière, cela ne veut pas dire que j'ai coupé les ponts avec ma passion malgré les douloureux souvenirs qui ont été liés à elle durant une longue période. D'ailleurs, le retour de mon ex n'est pas une bonne chose de ce point de vue. En arrivant, je salue le prof puis les autres qui sont déjà là. Durant deux heures, je me dépense. Nouvelle douche, je me décide enfin à rentrer chez moi. Sur le trajet, je m'arrête faire des courses. Mon argent étant économisé sur tout, je me fais toujours à manger, cela revient nettement moins cher. J'abandonne mon sac de sport dans l'entrée, je m'en occuperai plus tard. De nouveau devant le poste de télévision, je savoure le repas que je viens de me préparer. De longues minutes plus tard, je me charge de la vaisselle, n'aimant pas le désordre.
C'est devant une émission musicale que je commence le début de la soirée. J'aime me tenir au courant des nouveautés, admirer les chorégraphies et également mémoriser des mouvements que j'essaierai au prochain cours. Je suis en train de me demander ce que peut bien faire le squatteur vu l'heure, en général il rentre plus tôt, quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je ne me lève pas du canapé pour autant, attendant qu'il arrive jusqu'à mon niveau pour aussitôt l'interroger.
"Alors, tu en es où dans tes recherches?"
Voici l’exacte situation que je déteste. Lorsque je suis de repos, je n'ai pas l'impression d'être chez moi. Le canapé est l'endroit où il dort, c'est comme s'il s'était approprié cette pièce. Je ne suis pas spécialement fan de devoir rester dans ma chambre. Le ton sur lequel j'ai posé ma question n'était pas agressif, juste indifférent. Je commence en avoir marre de ne parvenir à être détendu qu'en dehors de ce qui était jusqu'à présent mon refuge. Je n'amène d'ailleurs aucune conquête dans mon appartement afin d'éviter tout problème. Et là, je dois supporter ce fantôme du passé que je n'espérais plus jamais revoir après le mal qu'il m'a fait. Mon regard dévie de son visage, je viens de recevoir un message auquel je prends le temps de répondre puisque le squatteur n'a pas l'air décidé à faire entendre sa petite voix trop vite. Mon téléphone rangé, le silence me paraît agaçant, toute mon attention se focalise sur lui.
Je n'aime pas ressasser ce passé que j'ai eu temps de mal à mettre de côté, je suis parvenu à aller de l'avant en quittant tout, même mon demi-frère découvert quelques jours avant mon départ. La dépression, la tristesse, les doutes me pourrissaient trop la vie alors j'ai du faire ce qu'il fallait pour ma survie. Incheon m'a paru assez loin, intéressante, pleine de potentiel, c'est pour cela que je l'ai choisi. Dans un coin de ma tête, j'ai toujours caressé un rêve un peu fou et je me suis mis en quête de ce qui me manquait pour parvenir à le réaliser. A présent, je dois supporter chaque jour de voir le responsable de mon désespoir et mon incapacité à m'engager avec qui que ce soit. Ma trop grande gentillesse m'interdit de le laisser dans sa merde, le reste me donne surtout envie de le briser comme il l'a fait avec moi. C'est pour cela que de la froideur monopolise mon regard dès qu'il se pose sur mon ex, contrairement à tout le reste. Il n'a aucune idée du mal qu'il a pu me faire, ce serait lui donner encore trop de crédit que de le raconter, j'ai ma fierté après tout.
Sujet: Re: Collision [PV Mikhaïl] Jeu 18 Sep - 22:14
Mikaïl et Jae Sun
Collision
Les jours passent et se répètent inlassablement... Levé aux aurores en prenant grand soin de ne faire aucun bruit, préparation express, café matinal prit au Charlie's Café, longue journée de travail au ballet, rentrer le soir et entendre la même rengaine « Tu en es où dans tes recherches ? ». Cette phrase banale avait le don d'énerver le Russe et de le mettre dans tous ses états, un appartement ça ne se trouvait pas comme ça !À croire que celui qui l'hébergeait nourrissait le secret espoir de ne pas le voir rentrer un soir, bien que cela soit à des années lumière de la générosité de son ex. Enfin bon, il le logeait pour le moment, c'était toujours mieux que d'être à la rue... Trop dans ses pensées, le danseur n'avait même pas remarqué que la nuit était déjà tombée et qu'il était censé être rentré depuis longtemps, une chance que l’autre habitant des lieux était en repos ce jour là, sinon il aurait été quitte à passer la nuit dehors. Mais trêve de rêveries, le Russe se pressa dans les douches désertées du ballet et ne laissa guère le temps à ses muscles endoloris par tant d'heures d'effort intense, il n'en n'avait tout simplement pas le temps. Son corps délesté de la sueur,, fruit de son dur labeur, il ne prit pas plus de temps pour se sécher, s'habiller et rassembler sa crinière encore humide en un rapide catogan. Son sac sur l'épaule c'est presque au pas de course qu'il avait rejoint l'arrêt de bus, le hasard fit bien les choses un véhicule à l'arrêt lui tendant les bras. C'est avec plaisir que Mikhaïl s'installa en étirant ses jambes douloureuses tandis qu'il enfonçait dans ses oreilles ses écouteurs afin de lui faire paraître le trajet retour moins long. Même si en réalité, il le trouvait toujours trop court pour l’accueil qu'il recevait...
Voilà en parlant de malheur, le bus venait tout juste d'arriver à destination, la mort dans l'âme, le jeune danseur descendit du bus en poussant un soupir blasé. La cage d'escalier est vide de toute trace de vie, tant mieux, il n'avait guère envie de parler à qui que ce soit ce soir. La faim tenaillant ses entrailles le rendant d'une humeur encore plus morose, les escaliers sont ainsi de ce fait rapidement dévalés. Après un dernier soupir, il franchit la porte et dépose sa veste sur la patère tout en se déchaussant, Jae Sun était installé sur le canapé et comme à l'habitude aucun mot ne fut échangé. Non désireux de déranger encore plus l'autre, Mikhaïl s’avança afin de lui dire qu'il était de sortie, il trouverait bien une chose à faire après tout. Mais on le devança d'un froid « Alors, tu en es où dans tes recherches ? », le Russe sentirait même comme un zeste de tension chez son ex. En même temps, qui ne le serait pas, finalement, il n'avait plus faim en fait, juste l'envie de se cacher dans un trou de souris et de ne plus en ressortir....ou bien d'exploser. Que lui dire ? Qu'il n'avait rien encore trouvé de concluant et que toutes ses tentatives s'étaient pour le moment soldées par des échecs ? Le portable de son vis-à-vis le sauva un instant, ce dernier prenant tout son temps pour répondre. Aller savoir pourquoi, mais ce geste anodin fit monter d'un cran l'agacement de Mikhaïl qui déglutit bruyamment en cachant un poing serré. C'est ainsi qu'il répondit avec un ton tout aussi sec, quoique un brin agacé. « Comme hier et il y a deux jours, toujours rien. Un appartement ça ne se trouve pas en un claquement de doigts non plus, sinon ne t'inquiète pas, je n'aurais jamais ramené mon cul jusqu'à chez toi.... »
Le silence reprend ses droits un instant, le jeune homme croisant ses bras sur son torse dans une posture fermée. « Surtout si c'est pour voir ce regard que tu as actuellement tous les jours, même une sous-merde tu la regarderai pas de la sorte si je peux me permettre... ». La voix habituellement si calme du jeune homme commençant déjà à emprunter un dangereux chemin, celui de l'énervement. Vous le savez comme moi, on nous dit toujours de nous méfier de l'eau qui dort...Cette dernière pouvant à tout moment se transformer en un flot impétueux et tout emporter sur son passage, ce qui n'allait pas tarder à se passer au vu de la voix du jeune homme. C'est ce moment là que choisi son ex pour hausser les yeux, c'était de la provocation là... Le barrage avait cédé, la cru dévastatrice pouvait commencer à déferler sur les terres qu'elle allait inonder. « Je sais bien que chaque jours de plus que je passe ici te fais chier monumentalement, mais de là à faire un tel cirque, il faudrait peut-être ce calmer là. Le petit rôle de martyr que tu me joues tous les jours ça me gave ! Et oui je le dis ça me passe par dessus la tête, je t'avais même proposé de te dédommager pour ma présence ici, mais tu n'en n'as pas voulu. Un petit sourire mauvais étira au même moment les lèvres du jeune homme passablement énervé. Donc d'un côté tu ne te complais pas un peu dans ce rôle de Mary-Sue ? Tu veux peut-être qu'on te canonise non ? Saint Jae Sun ! Le bon samaritain hébergeant son connard d'ex …. Tu veux que je continue la liste de louanges à ta gloire peut-être ? »
Voilà ce que redoutait Mikhaïl, connaissant son caractère explosif, cette confrontation leur pendait au nez depuis le début de cette cohabitation forcée. Les non-dits empoisonnaient petit à petit le quotidien, jusqu'à ce que les masques impassibles explosent sous ce silence corrosif comme aujourd'hui. La suite de la soirée promettait d'être agitée, accrochez vous, les assiettes risquent de voler !
Sujet: Re: Collision [PV Mikhaïl] Mer 1 Oct - 4:55
Clash Ft. Mikhaïl et Sunnie
Je ne vais pas jouer celui qui est content alors que c'est faux. L'hypocrisie ne fait pas partie de ma vie ou de mon vocabulaire. L'autre n'a rien à faire chez moi, c'est une certitude, ce n'est qu'un mauvais concours de circonstances qui l'ont catapulté ici. Je n'éprouve aucune joie de sa présence, le ton de ma voix est donc indifférent. Ma question est simple, le silence me permet de répondre à un SMS puis, comme d'habitude, sa réponse ne peut pas être courte. Sa voix est sèche, je sens venir l'agressivité. Bingo ! Ça n'a pas manqué. Non mais il entend comment il ose me parler?? Mes sourcils se froncent un peu, je me lève directement. A la fin de ses propos, il a réussi à m'énerver. Il se prend pour qui au juste?
"Je ne fais que te poser une simple question, en quoi c'est si compliqué de faire une phrase courte? Si je veux tes explications, je t'en poserai d'autres."
Il se fiche de moi...Le ton de la mienne a fini par devenir aussi sec. Puisqu'il cherche la guerre, il va l'avoir. Je ne le retiens pas s'il n'est pas content, ça me fera de sérieuses vacances de ne plus avoir à le supporter ce crétin de russe qui ne fait que me rappeler des fichus souvenirs qui m'ont pourri la vie si longtemps.
"On peut savoir à quoi tu t'attendais après m'avoir laissé tomber comme une merde sans même être fichu de me le dire en face?? Tu as tout ce que tu mérites, et encore, c'est loin, bien loin, de ce que j'ai dû endurer."
Je ne compte pas me laisser faire. Ce n'est pas dans mes habitudes de m'énerver contre qui que ce soit. Il s'avère que j'ai de la rancœur envers celui qui m'a largué du jour au lendemain en me laissant une fichue lettre à la noix. C'était la seconde fois que je me faisais jeter, de quoi bien gamberger, surtout que j'étais réellement amoureux et que j'ai du apprendre à vivre sans avoir aucune réponse à mes questions. Il m'a fallu faire une croix sur lui, les projets d'avenir que je gardais seulement dans ma tête pour ne pas le faire fuir. J'étais tellement sûr que c'était le bon cette fois que ma chute n'a été que de plus haut encore.
"Tu n'as pas idée à quel point. Te voir me rappelle ce fichu passé que j'ai mis un temps fou à oublier. Je ne suis pas un martyr, tu n'as absolument aucune putain d'idée dans quel état j'ai été à cause de ton départ alors ne me juge pas, t'as compris?"
Ce qu'il a dit été de trop, il ne me faut pas longtemps afin de contourner mon canapé et le rejoindre, mes doigts se serrant sur son col en même temps que je l'accule contre le mur. Je ne pensais pas qu'un jour on en viendrait aux mains, néanmoins, s'il insiste, je peux très bien faire une exception. Je n'en reviens toujours pas qu'il ose prononcer ce flot de mots agressifs. S'il a passé une journée de merde, je ne suis en rien responsable, qu'il se défoule sur un autre. La mienne aurait pu se terminer mieux, il semblerait que ce ne sera pas le cas grâce au squatteur russe.
"En attendant ça t'arrange bien que Saint Jae Sun soit assez con pour t'héberger alors que toutes tes connaissances t'ont tourné le dos. Tu n'es qu'un sale petit ingrat ! Tu t'entends parler au moins?" Je suis furieux pour la seconde fois de ma vie. "Si ça ne te convient pas je te retiens pas, prends tes affaires et casse-toi d'ici, ça changera de d'habitude où tu le faisais dans mon dos. Et oui, là, tout de suite, tu as tout du parfait connard. T'étais bien content de te servir de ce trait de caractère que tu critiques pour m'attendre en bas de mon immeuble en sachant que je te dirai jamais non."
Être transcendé de colère est bien plus fatiguant mentalement que d'être pris dans un fou-rire. Il n'y a pas à dire, je préfère encore sourire et la bonne humeur. Mais l'autre abruti semble avoir décidé de me pourrir ma soirée et peut se vanter de réussir en beauté. Franchement, si c'était pour faire ça, il aurait mieux fait de rester dans son pays qui lui manquait tellement, qu'est-ce qu'il peut bien foutre ici. Agacé, je lâche son col en le repoussant plus loin vers l'intérieur de l'appartement. Qu'il ne croit pas s'en sortir comme ça après avoir autant fait le cirque, il va récolter ce qu'il a semé. Il n'éprouve aucune once d'humilité ou de remord, c'est ce qui me met encore plus les nerfs.
Les mauvaises ondes qui se dégagent de lui comme de moi annoncent que cette dispute ne va pas terminer tout de suite. Il ne peut pas partir d'ici, excepté si je le fiche dehors. Enfoncer quelqu'un qui a déjà la tête dans l'eau ne me plaît pas, mais il ne me donne absolument rien qui ne me donne pas envie de faire le contraire. Comment on a pu en arriver là ?? Vraiment, il aurait mieux fait de rester un désagréable souvenir du passé que le temps aurait fini par estomper. Pourquoi t'es revenu au juste ? Me pourrir encore la vie apparemment. Mon regard continue d'être dur et ne le lâche pas, inquisiteur.
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