Énervé ? Ça oui, il l’était. La colère était en train de lui ronger le cœur et chaque partie de son corps. Ça le rongeait tellement que ça le brûlait, le consumait jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un tas de cendres. Junwoo détestait vraiment ce sentiment d’impuissance face à quelque chose qui nous horripile. L’énervement était le pire des sentiments que Junwoo pouvait à jamais ressentir. Il apportait le chaos, la misère, le danger, la peur. Junwoo ne savait même plus pourquoi il s’était retrouvé dans cet état lorsqu’il avait passé la porte du restaurant. La seule chose dont il était certain, c’était qu’il avait absolument besoin de se calmer ou il causerait la destruction sur son passage. Au premier abord, on pouvait penser que le jeune homme blond était l’incarnation même d’un ange, le bien en personne, à toujours apporter joie et bonheur autour de lui. Mais un démon n’est-il pas un ange déchu, mais un ange tout de même ? Junwoo était ce qu’on pouvait appeler un ange déchu qui refusait son nouveau statut démoniaque. Il apparaissait comme un ange blond aux yeux de tous, mais il suffisait qu’une seule goutte d’eau déborde du vase pour qu’il ne parvienne plus à contrôler la partie sombre de son esprit. Et ce soir-là, la goutte d’eau de trop n’avait pas fait exception.
Il était installé à une table, seul, vers le fond du restaurant. Des hommes d’affaires, des amis, des couples mangeaient autour sans se soucier de son malheur. Ils étaient tous bien trop concentré sur leur petite vie pour ne prendre qu’une seconde en compte la vie tourmentée des autres. Junwoo lui, ne prenait qu’une seconde en compte sa vie tourmentée, et le reste du temps, il s’occupait des autres. Il était toujours là pour les autres, à les faire rire, à les réconforter, à leur apporter soutien et amour lorsqu’ils plongeaient au fond du gouffre pour les en faire sortir. Mais personne n’était là pour Junwoo. Ils le remerciaient, lui affirmant qu’ils lui devaient une dette, que Junwoo pouvait demander n’importe quoi. Mais était-ce vraiment le cas ? Junwoo avait beau récolter des confidences les plus intimes de toute part, il ne s’était que rarement confier. Et le fait que personne ne soit là pour l’épauler lui donner encore moins envie d’exprimer à quelqu’un son désespoir et son désarroi. Alors, faute de n’avoir personne à côté de lui, il allait au restaurant, se goinfrer et boire. La soirée n’avait à peine commencé qu’il était déjà à son quatrième verre de vin vide. Il se doutait qu’il devait ralentir sur l’alcool ou cela n’apporterait que des problèmes en plus pour lui, mais qui s’en occupait ? Ils étaient bien tous trop occupé. Alors, il commandait un cinquième verre de vin au serveur qui passait par là. Il l’avait arrêté, tendant son bras avec la coupe tenu entre ses doigts, afin que celle-ci se pose sur le torse du serveur pour l’obliger à s’arrêter. Junwoo commençait à voir flou. Il devenait de moins en moins maître de ses faits et gestes, encore moins que lorsqu’il est arrivé au restaurant. La rage s’emparait progressivement de lui, et l’alcool lui brûlait le sang, le consumant de l’intérieur, et vidant sa tête de toute logique et intelligence. Le serveur ne semblait pas comprendre sa demande muette, et Junwoo s’en énerva d’avantage. Était-ce si difficile de comprendre ce qu’un verre vide voulait dire ? Il fit reculer sa chaise bruyamment sur le sol en se levant, et les regards autour de lui se braquèrent sur sa personne.
Un rictus démoniaque s’imprima sur son visage, et il releva le menton en regardant autour de lui, montrant la puissance qu’il possédait en ce moment d’être le centre d’attention. Enfin on faisait attention à lui, enfin on lui montrait de l’importance lorsque c’était lui qui n’allait pas bien, lorsqu’on n’avait pas besoin de lui. Junwoo émit un petit rire, qui se transforma en rire puissant qui emplit tout le restaurant. Un rire qui pouvait vous faire froid dans le dos. Tout en rigolant, il se tourna vers la table derrière, le prenant la bouteille de vin rouge encore à moitié pleine et se servit. Il reposa la bouteille sur sa propre table et leva son verre de manière à ce que tout le remarque, et trinqua dans les airs. « À moi. Alors enfin vous me remarquez, vous ne me lâchez même plus des yeux. Que c’est plaisant. Et toi ! » cria-t-il tout en posant son doigt sur le torse du jeune serveur qui se trouvait toujours en face de lui. « T’es qu’un incapable, tu ne sais même pas me servir du vin alors que regarde, moi la pauvre sous merde, j’en suis capable. » Puis, trempant ses lèvres dans le liquide rouge, il se rassit, savourant encore les pairs d’yeux fixés sur lui.
electric bird.
Dernière édition par Ahn Jun Woo le Mer 7 Jan - 14:32, édité 3 fois
Cheong Woo Seok Nombre de messages : 1162 Date d'inscription : 22/07/2014 Pseudo : walrus
Journée de merde. Job de merde. Vie de merde. Il en avait marre de se lever tous les matins pour aller se faire chier au restaurant, à servir des gens qui trouvaient toujours une putain de raison pour se plaindre tout en le traitant comme un vulgaire déchet. Certains jours, il passait douze fichues heures debout, à courir un peu partout pour satisfaire les demandes de monsieur-madame, obligé de se plier silencieusement au moindre de leurs désirs… Et ce, pour un salaire minable, avec lequel il arrivait à peine à payer le trou à rats qui lui servait d’appartement. Là était bien le problème : il avait désespérément besoin de ce boulot pour régler ses factures, et Dieu savait qu’elles étaient nombreuses : loyer, électricité, internet, en plus de la nourriture et autres dépenses utiles, genre des vêtements. Puis, pour ce qui était de changer d’endroit, il ne se faisait pas d’illusions… Les conditions seraient aussi horribles ailleurs, sinon pires. C’était la réalité qu’il avait choisie en arrêtant l’université, réalité qui, tranquillement, le rattrapait. Enfin, il comptait bien retourner aux études un de ces jours, tout ça, mais… Pour le faire, il lui fallait de l’argent, beaucoup d’argent. Le jeune homme était donc condamné, pour l’instant, à endurer son calvaire quotidien.
Seulement, aujourd’hui, c’était encore pire : le Buam Galbi était plein à craquer et sa tête menaçait d’exploser tant elle lui faisait mal. Les dents serrées, Woo Seok se démenait comme un véritable diable, tâchant de se concentrer uniquement sur l’équilibre des nombreuses assiettes qu’il transportait à chacun de ses allers-retours entre la salle à manger et la cuisine. Un tel focus était, sur le moment, vital à sa survie-même. S’il avait le malheur de se laisser distraire par le tintement des centaines d’ustensiles qui s’agitaient simultanément, par le brouhaha des clients qui discutaient ou par les cris énervés des cuisiniers à l’arrière du restaurant, il craignait bien que sa pauvre cervelle ne rende véritablement l’âme… Ce qui serait regrettable, puisqu’il avait tout de même prévu de dépasser ses dix-neuf ans et de, éventuellement, faire quelque chose de sa vie. Puis, en portant toute son attention sur les constructions pyramidales de bouffe qui reposaient sur ses bras, il s’assurait de ne pas les échapper, s’évitant ainsi une foule de soucis. Allez, plus que deux heures, deux petites heures de rien du tout, et il sortirait enfin de cet endroit infernal. Du moins, s’il survivait d’ici-là.
Il y crut, un moment. Crut que la fin de son quart de travail se déroulerait sans embûche, qu’il pourrait sortir paisiblement sans avoir rencontré quelconque difficulté supplémentaire. Évidemment, ce ne fut pas le cas. Évidemment, il y eut ce petit merdeux qui, probablement en manque d’affection, se sentit obligé de déranger le restaurant en entier en balbutiant de pauvres paroles d’une voix teintée d’alcool, après s’être servi sans pudeur avec la bouteille de vin de ses voisins de table. Bon. Récapitulons : le jeune client l’avait arrêté d’une coupe vide, sans même lui adresser la parole, le sortant ainsi du mode automatique sur lequel il était tombé. Confus, Wooseok n’avait pas vraiment compris ce que l’autre lui voulait – en même temps, dur de comprendre quand personne ne parle. Avant même que le serveur ne puisse exprimer verbalement son incompréhension, le pseudo-alcoolique s’était levé bruyamment et avait offert à tous sa disgracieuse mise en scène, plongeant la salle entière dans un silence perplexe. Ce qui les ramenait à l’instant-même, où le jeune Cheong lança un coup d’œil à son patron qui était sorti de derrière le comptoir et qui lui fit un signe de tête entendu. Se penchant vers le trouble-fête, qui s’était rassis, tout en tentant d’ignorer l’insulte qu’il venait de lui cracher au visage, l’employé s’exprima d’un ton ferme :
- Si tu l'ouvres encore, je te sors d'ici.
Pas de vouvoiement pour les éléments perturbateurs, tant pis. Le grand brun se redressa, mit la main sur la bouteille volée, la rendit à ses propriétaires et leur promit qu’elle leur serait offerte en guise de dédommagement, tout en s’excusant du dérangement. À son grand désespoir, une foule d’yeux curieux était toujours tournée vers l’idiot d’à côté. Une profonde inspiration fut prise, un sourire forcé fut dessiné sur ses lèvres et, d’une voix qui se voulait la plus calme possible, il se fit entendre :
- Allez, il n’y rien d’intéressant à voir, vous pouvez cesser de fixer monsieur et ainsi éviter qu’il y prenne goût.
Bon, d’accord… C’était très, très inhabituel pour un simple serveur de faire ce genre de chose, et c’était même considéré impoli d’attirer ainsi l’attention sur lui-même. Mais, au point où il en était, Woo Seok n’en avait plus grand-chose à faire de ce qui était poli ou non, gravement énervé par les paroles de l’auto-proclamée « sous-merde » qui était assise à quelques mètres de lui.
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Sujet: Re: let's get it worse. Dim 11 Jan - 9:44
Let's get it worse ahn jun woo & cheong woo seok
Le sang chaud bouillait dans les veines du jeune homme, qui savourait les regards posés sur lui, comme s’il était la chose la plus rare au monde, la plus importante. Il se sentait enfin avoir de la valeur. Il n’était plus ce petit être insignifiant qu’il pensait du fond de son âme être. La confiance en soi-même n’avait jamais été le fort de Junwoo, mais en sentant ces regards sur lui, il sentait poussé des ailes. Il n’avait pas plus confiance en lui, mais c’était comme si son courage s’était déployé, comme si, soudainement, il était invincible. « Essaye pour voir. Le client est roi, on te l’a jamais appris ? » Il regarda le serveur d’un œil mauvais et méprisant. Il était le roi, l’autre n’était qu’un valet qui obéissait à ses ordres. Il retourna sa tête vers sa coupe de vin qui continua de boire tel que font les grands connaisseurs, portant le verre au bout de ses lèvres et ne buvant que par petite gorgée.
Au fond de lui, il savait qu’il n’était pas lui-même. Il savait qu’il avait laissé son côté sombre et démoniaque sortir à la surface, mais il ne pouvait l’arrêter. Il ne savait comment il pouvait redevenir l’ange qu’il prétendait être habituellement. Car si ce démon existait à l’intérieur, ce signifiait alors que l’ange n’était qu’une façade ? Au fond de lui, au plus profond de son âme, il sentait qu’il n’allait pas sortir indemne de ce qu’il venait de créer en jouant au plus fort. Il sentait au regard du serveur sur sa personne qu’il venait de se faire un ennemi. Mais que pouvait-il bien y faire ? C’était comme si le côté angélique de Junwoo n’était qu’un spectateur de la scène et qu’il savait déjà le drama qui allait arriver. Il voulait crier au démon de se taire et de partir, s’excusant pour le dérangement, ravalant ainsi sa fierté. Mais il était muet, et le démon sourd. Aucun lien ne les reliait. Il ne pouvait pas sauver son autre face de ce désastre, et il allait assister, impuissant, au désastre.
Le sourire forcé et les paroles du serveur firent presque vomir d’amertume Junwoo. Il posa violemment son verre sur la table et se leva de sa chaise, celle-ci grinçant sur le sol dans un fracas sans nom. Il faisait désormais face à l’homme, le regardant droit dans les yeux, rapprochant son visage du sien. « Rien d’intéressant ? Et tu crois être qui pour te permettre de dire que je ne suis pas intéressant ? Actuellement, tout le monde fait attention à mes moindres faits et gestes, je suis important. » Junwoo criait à travers le restaurant, il sentait sa rage sortir enfin de sa cage. Il ne parvenait pas à la contrôler, il ne se rendait même plus compte de ce qu’il disait. Il s’en fichait désormais que les personnes autour de lui s’intéressaient ou non à sa personne. Tout ce qui l’importait était ce serveur qui lui tapait sur les nerfs. Et encore, cette expression était beaucoup trop faible pour exprimer la haine qu’il éprouvait à ce moment même envers l’homme face à lui. Leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres, il sentait le souffle de l’autre sur sa peau, et cela l’écœurait au plus haut point. Mais il eu à peine le temps de se retirer de ce contact désagréable qu’il se sentit violemment et fortement tiré par le bras et entrainé à travers le restaurant.
S’il était venu ici en premier lieu, c’était pour se calmer. Manger un bon plat, boire un verre et repartir avec ce sourire angélique qui égayait la journée de toutes les personnes qu’il croisait. Certes, il était déjà énervé en arrivant dans le bâtiment dont ressortait une odeur appétissante, mais il s’était assuré à lui-même que la nourriture allait le calmer, comme elle le fait toujours. Cependant, lorsqu’il voyait les coupes de vin défilaient devant lui, pleines et la seconde d’après, vides, il se doutait que sa colère et sa rage n’allaient pas dans le bon sens. Ces sentiments ne diminuaient pas, ils augmentaient, d’autant plus que l’alcool lui faisait perdre la tête. Il s’était senti partir jusqu’au point où il ne pouvait repartir à zéro, se calmer et redevenir l’ange qu’il avait l’habitude d’être.
Il était simplement venu ici dans le but de se calmer après la terrible journée qu’il venait de passer, et il se retrouvait dans une ruelle adjacente au restaurant, le souffle court et les yeux remplis de rage et de violence. À quelques mètres en face de lui se tenait l’homme qui l’avait tant énervé, et qui l’avait traîné dans ce lieu écarté, l’empêchant ainsi d’apporter encore plus de bazar qu’il n’avait déjà mit. Il le dévisagea pendant plusieurs minutes sans rien dire, se tenant droit, affirmant sa présence, puis il se décida à ouvrir la bouche. « Tu comptes faire quoi, me frapper pour me remettre la tête en place ? Rassure-toi, j’suis un costaud, t’y arriveras pas si facilement, d’autant plus que tu n’es qu’un incapable. »
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