J'attrape un beignet au chocolat, parsemé de vermicelles de couleur et l'enfourne dans ma bouche - ouai, comme dans les films, les policiers et les beignets c'est une grande histoire d'amour - j'ai le malheur de mordre dedans à pleines dents et... « Aah... bordel de merde. » Plus loin, un collègue secoue la tête. « Je t'ai pourtant donné le numéro de mon dentiste. » Je n'ai pas le choix que d'avaler la moitié du beignet d'un coup, puis de marmonner "mes dents ne regardent que moi" avant de regagner mon bureau. Ecrire des rapports, ce n'est pas mon boulot - en fait, si ça tenait qu'à moi, je me contenterais d'attraper "les méchants" et de laisser les autres s'occuper du sale boulot. Mais aujourd'hui, je n'ai pas trop le choix puisque je suis le seul à avoir assisté à une affaire.

Je suis tellement concentré que je ne relève la tête qu'en sentant quelqu'un s'approcher. J'hausse un sourcil en voyant Yoo Jin. « Je suis venue demander que l’on te rétrograde, à quelle porte est-ce que je dois frapper tu penses ? On a besoin d’agents pour la circulation dans mon district, intéressé ? » Je fais mine de réfléchir. « Personne peut faire ça ici, mais si tu veux je te donne le numéro de téléphone de mon supérieur. » Rien ne laisse paraître que je plaisante. Agent de circulation hein. Eux au moins, ont pas à écrire de longs rapports comme moi. « Non, plus sérieusement lève-toi, on a à faire tous les deux. Je vais t’attendre dehors. » Je la regarde filer, m'étire, puis attrape ma veste et la suis sans me poser de questions. Elle a l'air d'avoir besoin de moi et je pourrais pas dire non. Je me demande juste pourquoi le visage de mon coéquipier s'illumine d'un grand sourire, mais quelque chose me dit que je vais pas tarder à savoir.

« Tu pensais t’en sortir avec une claque, n’est-ce pas ? Non, je suis certaine que tu savais que ça allait finir par te retomber dessus. Comme tu l’as dit, je peux te demander ce que je veux, et ça y est, je sais. » Mon regard veut clairement dire "je t'écoute". « J’ai éveillé ton attention ? Devine où est-ce que l’on va : à Disneyland mon grand. » Petit moment de silence. Je plante mon regard dans le sien avant de croiser les bras et de soupirer. « J'espère que c'est parce que tu comptes me jeter de la grande roue, non pas pour jouer éternellement à de petits jeux qui te font gagner des peluches. » Franchement, je trouve ces choses-là ennuyeuses à mourir. Je dévale les escaliers puis cherche sa voiture du regard. « Sérieusement, on va où ? »

« Tu ne me prends pas au sérieux Ki Tae ? » Encore une de ces "questions posées par des femmes auxquelles il n'y a pas de réponse". Si on dit oui, on est dans la merde, si on dit non ou essaie de nous expliquer, pareil. Si bien je me contente de soupirer et de regarder ailleurs. Elle a l'air sérieuse, et moi je veux pas perdre toutes mes dents. « A Disneyland, tu ne m’as pas entendu tout à l’heure ? Si tu es sage, je te laisserai faire une ou deux attractions avant de te jeter de la grande roue. » Bon, apparemment c'est elle qui me prend pas trop au sérieux. « Je vois. »

Puis c'est à son tour de dire un truc qu'il faut pas dire à un homme. « Tu as encore la mâchoire bien gonflée on dirait, ça te fait mal ? On dirait que je ne t’ai pas raté la dernière fois. » Je la regarde, blasé. Est-ce qu'il faut me rappeler que j'avale ma nourriture sans mâcher parce qu'une fille s'est amusée à me taper ? « J'aime pas en parler. Est-ce que ça va toi ? Tae Woo a pas été clément on m'a dit. »

Je monte ensuite dans la voiture et me concentre à regarder les ruelles dans une tentative de deviner où est-ce qu'on va. La connaissant, elle est très bien capable de m'emmener à Disneyland pour X ou Y raisons, mais j'ai comme un mauvais pressentiment. Et je me sens encore moins à l'aise quand elle dit qu'il y a quelque chose à faire avant d'y aller. Je lorgne le bâtiment en toute tranquillité mais mademoiselle commence à se comporter bizarrement. En haussant les sourcils, je la laisse me tirer à elle. Un vieux souvenir me traverse l'esprit mais je laisse pas place à la nostalgie. En fait, je m'attends à un coup de poing, à un coup de pied ou à une bonne claque, mais pas à quelque chose de plus "tendre". Finalement, elle se contente de me conduire à l'intérieur et j'en conclue qu'elle veut simplement pas me laisser fuir. On se dirige vers une salle de torture ?

« Direction le cinquième étage, monsieur le dur à cuir. » Je refronce les sourcils en jetant un oeil sur le panneau pour me rendre compte qu'un dentiste s'y exerce. Elle m'emmène vraiment vers une salle de torture... « C'est trop tard pour dire que je veux bien devenir agent de circulation ? » dis-je en la regardant, ne m'attendant pas à une réponse. « Je comprends maintenant pourquoi mon pote était tout content de te voir débarquer, c'est un complot. » Il le paiera, son numéro de téléphone sera bientôt affiché dans un magazine pour gays. « Quand je t'avais vu sourire tout à l'heure, je pensais que t'avais une bonne nouvelle à m'annoncer. Mais un rendez-vous chez le dentiste n'en est pas une. C'est pourquoi les gens disent "merde, je dois aller chez le dentiste" et non "youpi, je dois y aller". » J'espère qu'elle comprend où je veux en venir. Je tourne les talons.  « Moi je m'en vais, tout à coup j'ai retrouvé l'envie de finir d'écrire mon rapport. »

Je suis vraiment pas d'humeur de lui expliquer la terreur que m'inspire la vue du dentiste et ses instruments de torture. Le seul qui a jamais réussi à m'y emmener était mon père, et à chaque fois c'était un vrai calvaire. J'en garde tout un paquet de mauvais souvenirs, qu'elle n'espère pas pouvoir m'encourager à y aller. Je décide d'ignorer ses sarcasmes et la laisse s'expliquer. « Personne n’aime aller chez le dentiste, mais on ne fait pas toujours ce que l’on veut : alors tu prends ton mal en patience, et tu arrêtes de faire l’enfant. » Je roule les yeux comme pour dire "merci pour la leçon". « Et toi arrête de te prendre pour ma mère. Mes dents, mes problème. Je me débrouillerais avec une pince s'il faut. » dis-je en me détournant d'elle, décidé à partir. Sans surprise, je sens sa main agripper mon bras et m'arrête un instant, ne comptant toutefois pas revenir sur mes pas.

Elle évoque tous les services qu'elle m'a rendu et ça a le don de m'énerver, car j'avais promis de faire "tout ce qu'elle veut" et, malheureusement, je suis un homme qui tient ses promesses. Ce n'est pas sa menace qui réussit à me dissuader, mais elle a raison. « Si je savais ce qui m'attendait, t'aurais jamais réussi à me sortir de la voiture. » Je libère mon bras de son emprise avant de planquer mes mains dans mes poches et de me diriger vers l’ascenseur en traînant les pieds et sans mot dire. Elle gagne.

Devant la porte, je parviens pas à faire un pas de plus. « Je déteste les dentistes, vraiment. C'est des menteurs. » Et je lui en veux, à elle, pour m'avoir forcé à y aller. Je pousse finalement la porte en soupirant, jetant un oeil à l'intérieur avec vigilance, comme si je craignais qu'on me tire dessus. Une infirmière nous accueillit et je laisse Yoo Jin lui parler, si c'est moi qui ouvre la bouche, je risque d'être vraiment désagréable avec la miss alors qu'elle y est pour rien. Elle nous ouvre la salle de soins, j'y mets un pied et rien qu'à la vue du fauteuil, je fais demi-tour. Malheureusement, le dentiste referme la porte à clés en souriant.

« On m'a dit que vous étiez un cas "spécial", je compte pas vous laisser partir avant que vous soyez à nouveau capable de manger autre chose que de la purée. » Pourquoi tout le monde parle comme si on me rendait un service en m'emmenant ici ? Il échange un regard avec Yoo Jin, tandis que je leur offre un regard noir. Il est sérieux ? Il veut m'enfermer dans cette salle minuscule où nombre d'hommes ont été torturé ? « Vous êtes conscient que j'ai une arme chargée sur moi ? » lui demande-je, on ne peut plus sérieux.

Bientôt quinze heures, l'heure où je suis généralement en train de manger. Ça aurait été le cas aujourd'hui si on avait pas décidé de me déranger. Comme si je n'étais pas déjà agacé, Yoo Jin insinue que je suis insupportable. Non elle est pas ma mère, alors justement, pourquoi elle se donne tout ce mal. « Non elle était peu patiente, pour ça qu'elle s'est laissé kidnapper par un alien je suppose. Ça m'arrangerait s'il t'arrivait la même chose. » Je n'ai jamais été du genre à m'apitoyer sur mon sort, si bien que j'arrive à faire des blague sur la disparition de ma mère sans problème. Connaissant mon père, elle l'a surement quitté parce qu'il était un connard. D'ailleurs, je suis pas très différent. La pomme tombe jamais loin de l'arbre comme on dit.

« En attendant, tu es là, alors abrège, et on y va. » Génial, elle me confond avec un agent fraîchement sorti de l'Académie, qui doit suivre tous ses ordres. Pour une fois, je choisis de laisser courir. Au cinquième, y aura certainement d'autres raisons plus importantes pour râler. Je ne peux m'empêcher de sourire quand elle dit que je côtoie des menteurs tous les jours. « C'est vrai. Disneyland hein ? »

Ma menace est décréditée par celle de Yoo Jin. Le dentiste, lui, éclate de rire en m’assénant une claque contre l’épaule, avant de me faire un sourire style "vous m'avez eu". « Un peu de soutien, ça serait pas mal. » je murmure pour les oreilles de la commissaire. « Fight-oh. » Je soupire juste en réponse à ça et m'installe. Avec attention, je regarde le dentiste mettre des gants et grimace quand il s'approche avec je ne sais quoi dans la main. Mais ça a l'air de faire mal. « Est-ce qu'on vous a déjà poursuivi pour erreur médicale ? » Il enfile son masque. « Oui, mais ne vous inquiétez pas, on a jamais pu rien prouver. » Oh ça va pas être facile de se détendre...

Je le laisse m'examiner, attendant avec grande impatience qu'il ôte ses doigts de ma bouche. Il soupire. « Comment vous êtes-vous fait ça ? » Je l'ignore, il ajoute en secouant la tête : « La dent est cassée, il va falloir l'extraire. » Je sursaute. « C'est sous anesthésie générale j'espère ? » Il sourit à Yoo Jin avant de se re-concentrer sur moi. « Non, on va seulement anesthésier ce côté de la bouche. Relaxez, vous allez rien sentir. » Ça y est, la terreur peut se lire facilement sur ma tête. Si mes coéquipiers étaient là, ils auraient sans doute pris des photos. Il reporte son attention sur Yoo Jin. « Hum, vous devriez peut-être prendre la main de votre ami dans la vôtre, histoire qu'il desserre un peu sa prise sur l'accoudoir qu'il va bientôt réussir à détacher. » Je secoue la tête, pas question qu'elle constate que mes mains sont honteusement tremblantes.

« Tu ne m’en veux pas j’espère, ce sera pour une prochaine fois. » Aucune réaction. Pour moi, il n'y aura tout simplement pas de prochaine fois, comme ça tout le monde est content. Je la mets dans la même catégorie que ces dentistes qui vous répètent que "ça fera pas mal", avant que vos cris de douleurs résonnent dans tout l'immeuble. J'ai donc aucune raison pour espérer que ce dentiste soit plus doux. Comme si c'était pas assez dégoûtant qu'il glisse ses doigts dans ma bouche, il m'annonce qu'il doit extraire la dent. La main de Yoo Jin m'arrache de mes pensées, mes yeux s'y posent furtivement. « Si tu me pètes la main, on serra loin d’être quittes. » Je soupire en détournant mon regard, un effort constant sera nécessaire pour que je finisse pas par serrer sa main dans la mienne, mais il faut bien. Je secoue la tête : tant qu'il me lance pas "Oh, on a plus d'anesthésiant !", on est tranquilles.

Une douleur lancinante transperce ma joue pendant je ne sais combien de temps, tout ce que je sais c'est que j'ai fini par serrer la main de Yoo Jin dans la mienne par réflexe, malgré mes efforts. Elle ne devrait plus sentir sa main, ni son avant-bras... quand c'est enfin, enfin fini, je me lève d'un bond du fauteuil. Il a de la chance que Yoo Jin intervienne, sinon je lui aurais bien dit ce que je pense de lui et de sa sucette. Je finis par les ignorer tous les deux, une fois dehors j'examine ma mâchoire.« Tu me dois rien, j'en ai pas envie. » je réponds, toujours agacé. J'accélère un peu le pas pour partir mais me stoppe et me tourne vers elle. « En fait, j'ai pas encore mangé et y a mon resto préféré dans le coin. » De ma tête, je lui fais signe de me rejoindre. Si ça lui dit bien sûr.

Je la conduis vers un ancien restaurant végétarien, il y a des fruits, des légumes, des céréales, mais pas une once de viande. Je commande la spécialité du restaurant sans préciser que c'est un plat de broccoli et de fromage au four. « C'est un bon choix ! Mais dites, est-ce qu'il y a du progrès dans l'affaire dont je vous ai parlée ? » Je grimace, hausse les épaules puis réponds : « Je... suis quelques pistes. » Il hoche la tête et repart. J'explique en me penchant un peu en avant : « On lui a volé deux grands fardeaux de légumes il y a 5 mois, il a voulu que je m'en charge personnellement mais je faisais partie d'une unité spéciale. Les vols, c'est pas une priorité tu vois ? » Surtout pas s'il s'agit de légumes quoi. C'est ce que je lui ai expliqué, mais il a rien voulu comprendre. Je souris en le regardant partir, il est amusant quand même.

Quand on nous sert nos deux plats, je porte une bouchée jusqu’à ma bouche, content. Mais... je repose la cuillère sur la table et baisse la tête, énervé. « Super, maintenant l'anesthésiant fait effet. » Quand j'en avais besoin pendant qu'on m'arrachait mes dents, ce truc était pas efficace. Mais là, alors que j'essaie simplement de savourer mon plat, je sens plus mon côté droit, ni ma langue.

Enfin, vu qu'elle doit manger du broccoli je pense pas être le plus malheureux de nous deux. La vengeance, c'est le bien.

J'avais totalement raison de surnommer mon dentiste "Le boucher" quand mon père m'y emmenait alors que j'avais 6 ans. Vingt années plus tard, rien n'a changé et j'en ai jamais caché grand-chose. Du coup, je comprends pas les motivations de Yoo Jin et vois pas en quoi mes problèmes dentaires la regardent. D'autant plus que si elle était plus douce comme fille, ma dent aurait été sauvée de l'extraction.



« Il a l’air gentil, c’est pas cool de lui faire croire que tu bosses sur son problème. Cela dit, je comprends… Surtout en ce moment. On dirait qu’ils se sont tous donnés le mot. » Tout en m'adossant à ma chaise, je lance un regard amusé au concerné qui s'affaire avec ses clients et réponds : « Je lui avais expliqué la situation quand il m'a donné une liste de suspects potentiels, mais il a préféré y croire. » Liste où figuraient surtout les noms de personnes qu'il n'aime pas, je le savais. Mon regard se pose ensuite dans le sien, mes lèvres s'étirent : « D'après toi, si j'attrape ce fameux voleur de légumes, il risque quoi ? » Surement pas quelques années en taule, comme l'espère le propriétaire des lieux. J'en rigole, mais c'est qu'à mes yeux c'est une perte de temps.



Je suis amusé davantage par la tête qu'elle fait à la vue des brocolis. Oui, malheureusement, je suis le genre de mec qui, quand on lui fait un sale coup, pense direct "ma vengeance sera terriiible". Et j'ai pas perdu de temps. « C’est une blague… ? » Je me retiens de demander si j'ai l'air de plaisanter. Je suis des yeux l'assiette qu'elle pousse en ma direction, souriant jusqu'aux oreilles. « Tu n’es vraiment qu’un sale… » Aucune réaction, elle est pas la seule à le dire.



En plus, l'endroit est bondé de monde, c'est-à-dire de témoins. Elle va pas me tuer dans ces conditions, me planter la fourchette dans le cou serait un geste bien trop ambitieux, même pour elle. « Il n’y a pas moyen que je mange ça, j’ai plus faim du tout maintenant, tu vois… » Je secoue la tête avant de m'emparer de la serviette et de pousser le plat vers elle. « T'as quel âge ? Six ans ? Tu sais que c'est riche en vitamines D, t'en auras besoin pour me coller une droite une fois entre nous. » Parce que je me doute que ce soit dans ses projets.



Le propriétaire des lieux vient nous voir en souriant. « J'espère que vous êtes satisfaits ? » Grand sourire hypocrite. « Totalement, et mon amie partage mon avis. Vous n'avez pas à virer votre chef cuisinier, n'est-ce pas Yoo Jin ? » Il pose les yeux sur elle, surement parce qu'il a remarqué qu'elle a pas encore touché à son plat. Je souris, fier de moi, avant de me remettre à manger. « Parce que c'est qu'une amie ? Ahah, je te crois pas Ki Tae, tu viens ici depuis des années mais jamais en compagnie d'une fille. » Sa claque contre mon dos - ainsi que ses propos - me font recracher la nourriture. Et je me retiens de le bâillonner. Ça fait combien de temps que je n'étais pas aussi embarrassé ?

« C'est vrai qu'on a une sale réputation. » Mais ça me fait pas changer d'avis sur l'importance de ce genre d'affaires. Parfois, il n'y a tout simplement pas une seule piste à suivre. Et les policiers, c'est pas des magiciens. Combien de personnes étaient venues signaler un vol en rageant, en jurant... en rabâchant qu'il n'y a personne de compétent dans le commissariat, alors que sans preuves ni témoins, nos mains sont liées. C'est toujours un plaisir de les recadrer, d'ailleurs.

La menace des talons me fait sourire. « Ça doit être vrai. » J'ai pas envie qu'on raconte que j'ai été tué par un talon sexy et pointu, me dis-je en posant les yeux furtivement sur ses chaussures dangereuses. « Non sérieusement, je suis désolée pour tout à l’heure, me force pas à manger ça… » Je fronce les sourcils, me retenant de lui demander si elle plaisante. Mais je sais qu'elle se fout pas de moi, du moins pas en disant ça.  Je suis tellement amusé que j'ai tout simplement pas envie d'être gentil. Je me marre intérieurement en entendant ses excuses, satisfait, mais l’intervention du propriétaire du resto lui sert de vengeance et me rappelle que je me retrouve probablement dans un cercle vicieux.

Je regarde simplement ailleurs, sans faire de commentaire sur ma vie sentimentale qui était d'un plat phénoménal. Enfin bon, même si j'avais un rencart, cet endroit serait pas mon premier choix. Il avait une certaine valeur à mes yeux, mais rien de romantique. « Non plus sérieusement… Je ne vais pas le manger. C’est bon, tu as bien ris, on y va ? » Pas la peine de réfléchir : « On y va. » De toute façon, je sens plus ma langue. Avant de partir je souris à mon pote qui me demande de faire plus d'efforts pour attraper le voleur de légumes. « Si ça peut servir de consolation, dis-toi qu'il vit dans la peur de proie traquée. » Il hoche la tête tandis que je lance un regard amusé à Yoo Jin avant de quitter les lieux.