Let's Rock The Party ! Hye Ri & Katherine

Lâchant un soupir bruyant d’exaspération, je posai ma brosse sur le lavabo et jetai un coup d’œil désinvolte à ma montre, posée soigneusement sur une chaise plus loin. La réception commençait dans précisément deux heures et il n’y avait pas dire, j’avais l’air aussi enjouée que si je devais me rendre à l’abattoir. En fait, je me disais que je n’irais pas de toute manière, je ne voyais pas pourquoi je m’embêterais à exaucer le souhait de mes chers parents que j’adorais. Ironie bien sûr. Si je pouvais gâcher leurs projets du mieux que je pouvais, je m’en donnerais à cœur joie, là n’était pas la question. Je savais que dès qu’ils souhaitaient que je fisse quelque chose, je devais absolument faire l’inverse. Donc, a priori, je n’avais pas la moindre raison de me rendre à cette réception. Le fait était toutefois qu’une grande réception comme ça, eh bien cela pouvait me faire économiser mon repas du midi et profiter de coupes de champagne à volonté. Sans compter que cela faisait un moment que je n’étais pas sortie. Plus j’y pensais, plus je me disais que peut-être, pour une fois je pouvais faire une exception pour profiter des opportunités qui se présenteraient. Le hic majeur demeurant que je n’avais en aucun cas envie de me balader et me comporter en parfaite petite princesse choyée.

Sans rire, mon reflet lui-même manifestait la totale impossibilité pour moi de me présenter en parfait accord avec le reste de la foule qui se rendrait là-bas. Des jeunes filles bien élevées qui avaient les cheveux décolorés et courts, ma foi, je n’en avais pas vues beaucoup. Pour ne pas dire pas du tout. Ma nouvelle coupe à la garçonne blond platine allait susciter de nombreuses réactions négatives et je pouvais être sûre de recevoir un coup de fil de mes parents dans l’heure qui suivrait la fin de la réception. Au fond, choquer la bonne société ne me gênait aucunement. Mais s’il n’y avait personne avec qui en rire, ce n’était pas drôle et je repartirais simplement en pensant que ces gens étaient tous des abrutis finis. Pas vraiment le genre de réflexion dont j’avais besoin, je voulais avant tout que cette sortie fût amusante. Et pour cela, j’avais besoin d’un complice, d’un camarade de jeu qui me suivrait dans ma folie. Or, un seul nom me vint en tête à cette pensée : Jang Hye Ri. Non contentes de devoir jouer les petites filles sages, nous avions déjà une fois tenté de mettre un peu de piment à ce genre d’occasion. Quelque chose me disait qu’elle ne serait pas contre l’idée de reprendre les bonnes vieilles habitudes.

Citation :

Hey Hye Ri ~ Comment ça va depuis l’autre jour ? Dis, j’ai une réception ce mdi à 13h pétantes (tu y es peut-être conviée aussi cela dit) et je me demandais si tu voulais y aller avec moi. Histoire de pouvoir boire du bon champagne et de s’amuser, si tu vois ce que je veux dire… Ta partenaire de crime contre la bonne société préférée ♥

Hop, texto envoyé. J’esquissai un sourire satisfait, contente à l’idée que mon amie allait m’accompagner. Nos parents avaient beau avoir décrété qu’il valait mieux pour l’une comme pour l’autre que nous ne nous revoyions pas, nous avions réussi à ne pas perdre contact. Skype y était pour beaucoup et mes parents n’avaient jamais rien capté. L’avantage du fait qu’ils n’étaient pratiquement jamais là je suppose. Bref, j’avais été contente de retrouver Hye Ri, par hasard, à Incheon, dans le magasin où nous rêvions d’aller toutes deux. Incroyable que cela nous ait permis de nous retrouver. Si je n’avais pas eu un minimum de self-control, je pense que je lui aurais sauté au cou sans réfléchir. Au fond, elle était un peu comme une sœur pour moi, elle venait du même milieu et partageait mes réticences à suivre le chemin des parents vers le « Nous valons mieux que les autres. » et le « Nous devons avoir une attitude irréprochable. ». A croire qu’ils n’avaient pas compris que nous étions désormais au vingt-et-unième siècle. Si Hye Ri était de la partie, j’allais passer un moment des plus inédits de mon existence.

Laissant mes doutes de côté, je me précipitai dans ma chambre afin de me préparer. N’ayant aucune envie de tenter de me fondre dans la masse, j’enfilai ma robe préférée, qui ne semblait pas prévue pour ce genre d’occasion, il fallait bien l’avouer. Mais puisque j’étais déjà en marge avec cet univers de nature, autant pousser la dérision jusqu’au bout. J’ajoutai bagues, bracelets et Converses blanches à ma tenue et, hésitant un instant, je finis par mettre la casquette qui était posée sur ma table de chevet. Si avec ça les gens pensaient encore que j’étais une gentille jeune femme comme les autres, ils devaient avoir un sérieux problème. Était-ce ma faute si je n’étais pas fan des robes trop serrées ou des talons qui torturaient les pieds ? Parfois, je me demandais comment ces filles faisaient pour respirer. Je pris tout de même le soin de prendre un joli sac à main – un Gucci noir en langage décodé – et me rendis sans plus attendre à cette fameuse réception.

Elle était organisée dans un grand hôtel, chose peu surprenante. Personne ne pourrait présumer que je puisse me rendre dans ce genre d’endroit vêtue de la sorte et je remarquai que le vigile haussa un sourcil quand je lui présentai mon invitation. Je ne doutais pas un instant que si Hye Ri n’en avait pas, elle saurait s’en procurer une par tous les moyens. Elle était aussi folle que moi et aussi douée pour parvenir à ses fins dans ce genre de moment. Alors, je décidai de partir devant, afin de pouvoir commencer à boire une coupe de champagne, dans laquelle j’eus même le loisir de pouvoir ajouter des bonbons violette. Eh bien, on avait tout fait pour m’appâter ou bien ? Restant près du buffet qui se trouvait lui-même à côté de l’entrée, je profitai de manger quelques crevettes, tranches de caviars et autres mets exquis, tout en guettant l’arrivée de Hye Ri. Elle ne pouvait pas me faire faux bond après tout, si ?

Il n'y avait pas à dire, parfois je prenais ces gens en pitié. Sans rire, à mes yeux, c'était triste de s'enfouir dans tout cet amas de préjugés et d'idées bien solidement forgées, qu'on pense être vraies et qui en fait n'était le fruit que de stupides conventions. Conventions établies pour que le noyau n'explose pas bien entendu. A force, je ne savais même plus si je les méprisais ou s'ils m'étaient tout simplement indifférentes. En fait, j'en vins rapidement que je ne me préoccupais pas de ceux que je ne connaissais pas, je les ignorais tout bonnement. En revanche, ceux qui essayaient de me traîner dans les pattes et de me « raisonner », eh bien ceux-là avaient droit à mon irrémédiable mépris. Cela dit, je me satisfis quand même que de tels gens pussent exister, sans quoi je ne serais pas là, prête à passer un bon moment avec mon champagne à la violette. Mon regard parcourut la salle au hasard, sans but précis, sinon celui de faire passer le temps en attendant la venue de Hye Ri. Après tout, si nous voulions agir vite, j'avais intérêt à repérer le terrain d'abord.  Au-delà des regards qui me dévisageaient, sans grande discrétion pour être tout à fait honnête. En fait, cela m'amena à repérer un groupe de jeunes d'à peu près mon âge, les grands airs et le sarcasme émanant d'eux à des kilomètres à la ronde. J'en aurais presque avaler mon champagne de travers tiens. Mais vivre dans cette « haute » société m'avait au moins permis de garder mon sang-froid. Esquissant un sourire narquois, je tendis ma coupe vers eux, imitant un bref « Santé ! » avec mes lèvres et la finis cul sec. Je savais au moins qui j'allais prendre pour première cible désormais.

Comme un signe du destin, ce fut  au moment précis où je pris une seconde coupe que Hye Ri fit son entrée dans la salle. J'eus tout  juste le temps d'avaler un petit four qu'elle s'avança rapidement, un grand sourire sur le visage, dans ma direction. A ce moment précis, je pouvais presque deviner que tout le monde pensait qu'elle allait me crier dessus ou en tout cas me faire la morale. S'ils savaient. Ce n'était pas parce que Hye Ri avait saisi cette occasion pour se faire jolie qu'elle pensait plus de bien d'eux que moi. Le fait qu'elle se fonde dans la masse parfaitement ne me posait aucun problème, au contraire, je devais reconnaître que cela lui allait très bien. Et elle serait sans doute plus à même de surprendre les gens que moi. Un joli caméléon en somme.

« Bonjour, agent Hye Ri, lui répondis-je, avec une joie que j'essayais de contenir, le plaisir est partagé ma chère! »

Sur ces bonnes paroles, j'eus un petit rire. Il était vrai que nos plans pouvaient s'apparenter à de véritables opérations militaires. Si enfants nous ne pensions simplement qu'à nous amuser pour échapper à l'ennui, désormais nous étions bien plus fines et rusées, et ruiner ce genre de réceptions était un peu devenu notre passe-temps favori. Comment dire... Non pas que rendre les hôtes tristes nous plaisait particulièrement, d'ailleurs en général, je préférais m'abstenir de m'en prendre à ceux qui organisaient la fête, mais souvent, il y avait toujours des aigris, des abrutis qui avaient besoin de se faire recadrer. Et il fallait avouer que lorsqu'ils se retrouvaient bouche bée car ils ne savaient plus quoi dire, eh bien c'était franchement drôle quand même. J'avais beau être assez ouverte d'esprit, il y avait une limite à la bêtise tout de même, tout comme le fait que mon père avait délibérément abandonné sa jeune sœur parce qu'elle avait écouté son cœur plutôt que son porte-feuille. Alors, on pouvait penser que j'avais une rancœur terrible contre cet univers qui m'avait séparé de ma cousine depuis sa naissance – et même avant – mais plus je côtoyais ces gens, plus je me disais qu'il fallait qu'ils apprennent à la fermer quand c'était pour sortir des idioties aussi énormes. Sans rire, qui de nos jours pouvait encore penser que les mariages arrangés étaient une bonne chose ?

« Merci ! Je n'arrivais pas à trouver autre chose qui se marie avec mes cheveux, expliquais-je à ma complice, tu es superbe aussi Hye Ri ! Bon, c'est plus « classique », ok, mais ça te va à merveille ! »

Et le premier qui s'avisait de dire le contraire aurait droit à mon poing directement dans son visage barbouillé de fond de teint. J'imitai ma comparse qui explorait la salle du regard et retrouvai le petit groupe d'un peu plus tôt, qui nous dévisageait tour à tour. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour comprendre qu'ils se demandaient comment une fille aussi bien habillée que Hye Ri pouvait traîner avec moi, la fille qui osais porter une casquette à l'intérieur. Ouhlàlà. Nous étions en train de faire un drame diplomatique d'après ce que je voyais. Pensive, je buvais peu à peu mon champagne, réfléchissant à une bonne idée pour leur pourrir leur charmante réception. Et doucement, un petit sourire apparut sur mon visage, alors que Hye Ri me demanda par quoi nous allions commencer pour ce jour-là. Je lui aurais bien répondu par les deux filles à frange qui dissertaient sur leur manucure mais, j'avais des comptes à régler.

« Eh bien, Hye Ri, je te propose le petit groupe d'à peu près notre âge, là-bas, qui est en train de philosopher sur le fait que deux filles comme nous peuvent être amies. Visiblement, les garçons essaient d'impressionner les filles qui restent un peu trop prudentes et réservées. On va leur montrer que jouer les saintes nitouches n'est pas une bonne façon de mettre le grappin sur un mec ? »

Méchante ? Oh. Si peu. Je finis ma coupe, la posai sur le buffet, pris une tomate-cerise dans la main et fis signe à ma complice de me suivre. Ils allaient regretter d'avoir une tolérance aussi énorme leur naturel. Apparemment, les filles attendaient notre venue avec impatience, car elles se mirent à parler avec excitation, formant un sous-groupe dans le groupe. Sans doute attendaient-elles une occasion de pouvoir me remettre à ma place. Dans leurs rêves. Elles allaient vite regretter que nous nous soyons intéressées à leur petit groupe. Je m'approchai, souriante et décontractée, du garçon le plus proche, celui qui – d'après ce que j'avais vu et vaguement entendu – avait proposé à la fausse rousse de faire un tour dans sa voiture. Évidemment, elle avait émis des réserves comme toute femme « décente » l'aurait fait.

« Bonjour!, déclarai-je joyeusement à leur grande surprise, vous vous amusez bien ? L'ambiance a l'air sympa ici... »

J'avais prononcé ma dernière avec un regard faussement complice avec ledit jeune homme, qui se contenta de sourire bêtement, comme tout garçon de bonne famille cela dit. Avant que sa « copine » ne pût intervenir pour cracher une bonne phrase de venin, je le pris par le bras, histoire de me rapprocher un peu et -surtout- de lui offrir une vue optimale sur le décolleté de ma robe. Haha. Tu y réfléchirais deux fois ma grande avant de mettre une robe cintrée qui te tombe en-dessous des genoux.

« Alors comme ça tu as une voiture?, demandais-je au jeune homme d'un air très intéressé et un peu charmeur, elle est de quelle marque ? Tu autorises une jeune héritière blonde à monter dedans ? »

Il bredouilla du mieux qu'il pouvait que c'était une Porche. Le pauvre, on voyait que ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait trouver une fille si « extravertie » dans le cercle des riches familles. Même si je l'avais pas dans mon champ de vision, je pouvais clairement deviner que la fille à laquelle il avait offert l'invitation tout à l'heure pestait contre moi. Et j'esquissai un sourire radieux de victoire quand il me proposa d'y faire un tour, plus sûr de lui et envoyant un regard narquois à la jeune femme. De tout ce qu'on pouvait, il n'y avait rien de tel que réussir à les monter les uns contre les autres. J'espérais que Hye Ri avait également repéré une proie, qu'on puisse d'autant plus rigoler et les faire tourner en bourrique.

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Il n’y avait rien à faire, dès que je mettais les pieds dans ce genre de réception, j’arrivais aussitôt à me faire des ennemis, sans même avoir rien dit. Je devais être maudite. Ou bien mon apparence devait leur montrer à quel point leurs convenances me passaient par-dessus la tête et ça ne devait pas leur plaire sans doute. Au fond, je me disais que je m’ennuierais profondément si Hye Ri ne me tenait pas compagnie. Non pas que cela m’empêcherait de remettre la bonne société à sa place mais c’était toujours plus amusant quand on avait un partenaire de crime dans l’histoire. Avec Hye Ri, je me sentais un peu comme dans « Amicalement vôtre » et c’était plus cool d’avoir quelqu’un avec qui on pouvait se remémorer ces bons instants. Mais étrangement, ma présence suffisait à importuner certaines personnes et ce n’étaient pas des personnes âgées que j’aurais excusées car plus conservatrices que la moyenne. Non, bizarrement, le fait que ces gens avaient notre âge et donc qu’ils auraient potentiellement pu être mes meilleurs amis si je n’avais pas envoyé ce milieu sur les roses, ça va avait le don de m’énerver encore davantage. Autant dire que je n’avais pas attendu longtemps lorsque Hye Ri m’avait demandé par qui nous allions commencer.

Mettre les filles hors d’elles avait été un jeu d’enfants. Dans un sens, je compatissais presque pour ce pauvre garçon, qui au fond n’avait rien fait de mal et avait été méchamment rejeté par sa copine rousse. Laquelle fulminait désormais, si bien que je pensais qu’elle allait mettre le feu, sans blague de mauvais goût vis-à-vis de ses cheveux. Mais sans rire, je devais au moins reconnaître une chose, c’était que dans ce genre d’endroit on trouvait des mecs présentables et même pas mal du tout physiquement, même si je ne comptais pas m’enflammer pour autant. Souvent, ils pouvaient également se révéler être les pires ordures du monde et ça, c’était un fait que je n’avais pas envie de vérifier pour chacun d’eux. Présentement, je me servais juste de ce pauvre type pour faire rager les filles de la bande et ainsi semer la zizanie. Qui sait, peut-être plus tard en aurait-il également assez et rejoindrait-il le club des héritiers blasés qui n’en pouvaient plus de cet univers ? Après que ma victime m’eut appris qu’il avait une Porche, je m’empressai de lui glisser la tomate cerise – que j’avais presque oubliée dans cette histoire – dans la bouche avec un air taquin. Provocante certes, mais c’était surtout une manière subtile de le faire taire pendant quelques secondes, afin que je puisse voir où en était Hye Ri dans ses affaires.

Et je remarquai que celle-ci était également en très bonne compagnie, un des garçons s’était glissé près d’elle et lui faisait des avances de manière peu discrète, ce qui n’aidait pas les filles de la bande à se calmer. Je me demandais quand l’une d’elles allait exploser, à bout de nerfs et si c’était le cas, pour rien au monde je ne voudrais manquer ce spectacle. J’étouffai un petit rire en voyant Hye Ri repousser le jeune homme qui lui faisait du charme, presque outrée. C’était une différence majeure entre elle, sans doute due au fait que j’étais toujours une américaine convaincue même après en ayant vécu en Corée du Sud depuis plusieurs années. Dans mon pays d’origine, les mœurs étaient généralement plus libérées et cela ne me posait aucun souci de faire de l’œil à un garçon qui au fond ne m’intéressait pas et que je ne recontacterais jamais. J’eus quand même un peu de compassion pour mon amie et lui adressai un regard d’encouragement dans son périple, avant de faire à nouveau face à ma victime à moi, qui venait de finir la tomate cerise.

« Est-ce que ça te poserait un problème si je te pique un peu de champagne ? »

Il acquiesça nerveusement, surpris que boire dans le même verre que lui ne me posait aucun problème. Haha. S’il savait à quel point je m’en fichais. Ce n’était sûrement pas le genre de mec qui risquait de me filer la mononucléose. Je pris donc le luxe de lui piquer deux gorgées avant de lui rendre son bien, je ne tenais pas à finir ivre après tout, même si je tenais plutôt bien l’alcool, en particulier le champagne. Soudain, j’entendis Hye Ri proposer à son « cavalier » d’aller prendre l’air. Oh. Elle, elle avait une idée en tête, je pouvais le sentir à trois kilomètres. Rien n’était innocent chez nous, il y avait toujours une raison et j’étais bien curieuse de voir ce que mon amie mijotait. Je la vis alors s’éloigner avec le type en question, lui faisant un regard entendu pour qu’elle sache que j’avais bien en tête le projet de la rejoindre d’ici peu de temps. Mais le fait fut que son absence inattendue réveilla les cruches, toujours présentes. « C’est bon vous avez fini votre numéro ?, me lança rageusement la rousse, qu’est-ce que vous faites ici sérieusement ? ». J’esquissai un sourire mauvais, faisant des allers-retours avec mes yeux entre son visage de poupée, passé par la case « chirurgie esthétique », et le verre de champagne du garçon à côté de moi. Elle allait regretter ses mots.

« Mais on fait exactement la même chose que toi, mon chou, rétorquai-je, gardant mon sourire narquois, on vient profiter du fait que nos parents soient pleins de fric pour pouvoir profiter de toutes les bonnes choses qui sont servies ici. Et puis on vient faire la causette un peu. Ça te pose peut-être problème parce que tu es aussi ouverte à la conversation qu’une huître avariée, mais c’est un fait. Maintenant, si tu veux bien m’excuser… »

Et au moment précis où elle comptait répliquer, je saisis la coupe du garçon et la lui jetai à la figure, son maquillage dégoulinant de manière assez immonde à vrai dire. Par contre, le mélange de l’odeur de champagne et de son parfum qui sentait super fort était infect et il ne m’en fallut pas plus pour m’éloigner. Je proposai au garçon de m’accompagner, il accepta à ma grande surprise, et nous pris deux coupes en passant. J’étais pressée de voir Hye Ri à l’œuvre et je sentais que je n’allais pas être déçue.

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Si cela n’avait pas été pour Katherine, je ne serais jamais venu. Dés qu’il y a des événements mondains j’ai tendance à les fuir ou éventuellement mettre le bazar et c’est ce que je compte bien faire aujourd’hui. Nos premières victimes désignées, Katherine et moi passons à l’attaque sans trop tarder. Tandis qu’elle s’amusait à rendre fou le petit groupe, un imbécile s’approche de moi pour me faire des propositions douteuses sans aucune délicatesse. Il ne m’en faut pas plus pour en faire ma proie. Ce type représente tout ce que je déteste, le genre d’homme qui n’arrive pas à se contenir lorsqu’il est en présence d’une femme et qu’il la regarde en plus comme un jouet. Ce n’est pas que j’aime les hommes coincés qui balbutient pendant une heure avant de sortir une phrase, non mais quand même il faut un juste milieu. Un peu de courtoisie ne fait pas de mal.  

Ayant toujours des idées à la noix, je souris et propose à cet idiot d’aller faire un tour dehors. Pour prendre l’air et m’isoler avec lui ? Pas du tout ou du moins oui mais pour m’occuper de son cas. En me dirigeant vers la sortie je tourne la tête vers Katherine pour voir si elle compte venir, le petit regard qu’elle me renvoie me fait comprendre que c’est ce qu’elle va faire incessamment sous peu. Enfin si les pimbêches ne la retiennent pas, maintenant que nous sommes séparés elles oseront peut être parler. Sincèrement j’aurais préféré rester à ses côtés pour la voir à l’œuvre encore un peu mais j’ai une urgence.  

Nous voilà maintenant en train de marcher dehors sur la terrasse de l’hôtel. Mon compagnon récupère une coupe de champagne qu’il me propose mais que je refuse. Un verre est suffisant, si j’en bois un second je risque de retourner les tables pour de bon. Le jeune homme me sort alors une petite plaisanterie en me demandant quel est mon vice si je ne bois pas, son petit sourire narquois en dit long sur ce qu’il pense. Vas y imbécile rajoutes en. Il boit la coupe d’une traite et nous continuons notre progression jusqu’à longer la fameuse piscine extérieure. Je finis par m’arrêter et me tourne vers lui pour lui faire face, la piscine étant dans mon dos je le regarde avec un air aguicheur et tout en jouant avec sa jolie veste de costume je l’invite à s’approcher s’il veut connaître mon vice. Ne se faisant pas prier et avec un regard satisfait de pouvoir passer à l’action le jeune homme se rapproche de moi sauf que d’un charmant croche pied tout en me décalant sur le côté, je provoque sa chute qui lui fait faire un joli plongeon dans la piscine. Ca lui rafraichira les idées. Les personnes qui buvaient et discutaient dehors tournent la tête vers nous alerter par le bruit des éclaboussements et nous observent avec une certaine surprise, se demandant ce qu’on fabrique.

- Il avait chaud, ce n’est rien

Je leur adresse un charmant sourire, satisfaite de mes bêtises, puis je me tourne à nouveau vers le jeune homme qui est remonté à la surface et semble surpris mais surtout énervé.

- Ca t’apprendra à faire des avances si facilement, babo

Quelques uns de ses amis qui ont du voir la scène se précipitent pour l’aider à sortir rameutant au passage du monde et du personnel hôtelier qui lui apportent des serviettes. J’en profite alors pour m’éclipser. Il voulait attirer l’attention, maintenant il en a. Repérant une autre table de buffet je m’y rends pour y récupérer quelques petits fours. Je fais une petite pause en attendant Kat’ et regarde autour de moi pour réfléchir à ce que je pourrais bien faire. Tout en mangeant j’entends de là, la mère du jeune homme, horrifiée de voir son fils trempé, en train de faire un scandale car il porte un costume fait sur mesure qui leur à coûter une fortune. Je me tourne pour les observer de loin, le père quand à lui semble gêner de se donner en spectacle comme ça, d’ailleurs il attrape son fils et en quelques minutes tous les trois ont disparu du gala. Un de moins ! A qui le tour ?

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Hahaha, je ne m’étais jamais autant amusée de toute ma vie et pourtant cette réception était loin d’être la première pour moi – et loin d’être la dernière par la même occasion. Mais il me semblait que nous avions atteint un niveau hors de compétition ce jour-là. Profiter du fait que j’étais seule pour m’attaquer, c’était bien bas tout de même. Mais je m’en étais bien tirée et la petite peste devait regretter amèrement ses paroles désormais. Elle n’avait pas dû comprendre que contrairement à elle, j’étais libre, que contrairement à elle, je n’avais pas d’image à préserver et donc pas de restriction à avoir. Ainsi, jamais elle n’aurait pu prévoir que je lui aurais sauvagement jeté un verre de champagne à la figure sans la moindre hésitation et en repartant la tête haute avec un grand sourire narquois. J’en venais presque à espérer pour elle qu’elle n’aurait jamais l’audace de provoquer des gens qui ne seraient pas aussi gentils que moi. Si jamais j’apprenais dans la presse qu’elle s’était fait agressée, je n’en serais pas étonnée le moins du monde, même si c’était impossible car je ne connaissais pas son nom. Et je n’avais de toute évidence ni l’envie, ni le besoin de le connaître.

Je modérai ma joie quand je constatai que malgré mon acte irréfléchi, le jeune homme qui s’avérait alors être devenu mon cavalier, avait préféré ma compagnie à celle des vipères. Comme quoi, être une jolie poupée bien sage qui s’indignait pour peu de choses n’avait vraiment aucun avantage. Sauf pour les types qui voulaient une bonne épouse bien silencieuse qui ne risquerait pas de faire un scandale, quand bien même ils la tromperaient ouvertement. Si elle continuait ainsi, cette fille allait avoir une bien triste existence. Pour ma part, je préférais prendre du bon temps, en allant voir Hye Ri à l’œuvre par exemple, chose qui promettait d’être incroyablement intéressante. A ma connaissance, je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir ses méfaits en direct, nous nous occupions souvent de tâches indépendantes que nous nous racontions ensuite. Or, j’avais l’opportunité d’être aux premières loges cette fois. Nous arrivâmes rapidement dehors, près de la piscine. Je m’arrêtai alors, décidant de laisser une distance raisonnable entre mon amie et moi, afin de lui laisser totalement le champ libre. Car j’avais vu Hye Ri et cette dernière était alors occupée de faire de l’œil à son partenaire. Je bus une gorgée de ma coupe, esquissant un petit sourire malicieux. Quelque chose me disait que le garçon n’allait pas être aux anges longtemps.

Et j’avais vu juste. Quelques secondes après s’être rapproché de Hye Ri, celle-ci lui fit un croche-pied – très visible de là où j’étais mais heureusement pour elle, mon partenaire buvait à ce moment-là – et le pauvre type tomba dans la piscine comme un malpropre. Je fus prise d’un fou rire que je ne pus réprimer, attirant l’attention de mon cavalier, qui se précipita alors pour aller aider son ami, me faisant cadeau de sa coupe. J’entendis simplement Hye Ri expliquer qu’il avait chaud et, riant de plus belle, je décidai de retourner à l’intérieur. Elle avait réussi à faire d’une pierre deux coups, elle était tranquille et moi aussi, sans compter la coupe de champagne que j’avais gagnée. Une jolie performance en somme, cela valait bien un dix-neuf sur vingt. Je croisai les parents du jeune homme trempé, qui le sermonnaient, couverts de honte et honnêtement, si je n’avais pas eu un minimum d’éducation, je me serais roulée par terre de rire. Hye Ri venait en une seconde de créer un scandale familial, si ce n’était pas beau ça. Je la retrouvai au buffet, mangeant des petits fours, visiblement très fière de sa performance, et en toute légitimité d’ailleurs.

« Eh bien, eh bien, l’interpellai-je, tu as fait une belle prouesse. J’ai retrouvé ma liberté et j’ai gagné une coupe grâce à toi. Crois-moi, c’est ton jour ! »

Et je finis les deux coupes sur ces bonnes paroles. Les deux dernières, promis, sinon je n’allais plus avoir tous mes esprits pour comploter et ce serait bien dommage de laisser Hye Ri s’amuser toute seule. Attrapant une petite tranche de pain, j’entrepris d’étaler le caviar hors de prix dessus, avant de savourer le met exquis. Il n’y avait pas à dire, si nous n’avions pas notre petit rituel d’amusement, nous viendrions tout du moins pour la nourriture inédite qu’il y avait à chaque fois. Je scrutais les alentours, cherchant une autre activité en vue mais apparemment, Hye Ri avait calmé l’atmosphère avec sa petite farce. Comme c’était triste. Même le gang des pestes avait disparu de la surface. Comment allions-nous nous amuser désormais ? Ouin. D’autres tranches de pain avec des rillettes, encore du caviar et du pâté durent venir combler mon désespoir. Enfin, ce dernier ne fut pas de courte durée, puisqu’une pimbêche s’avança vers nous, ses hauts talons n’étant pas d’une grande discrétion et nous fit face, les deux mains posées sur les hanches. Un problème ?

« C’était mon fiancé que tu as jeté dans la piscine espèce de petite garce. »

Sur ces mots, de toute évidence adressés à Hye Ri, elle s’apprêta à gifler mon amie mais je la stoppai net. J’avais de bons réflexes et il était hors de question que je la laisse faire, bien que c’eût été drôle de voir la tempête Hye Ri se déclencher. Je serrai fortement son poignet, la faisant couiner de douleur, avant de la pousser en arrière, ce qui la fit tomber. Et ce qui cassa son talon gauche au passage. Décidément, nous étions un véritable fléau.

« Si tu tenais tant à la chaussette qui te sert de fiancé, t’avais qu’à marquer « chasse gardée » dans son dos. »

Sur ce, je lui tirai gentiment la langue d’un air moqueur, avant de me reconcentrer sur le buffet. Décidément, à part la nourriture, il n’y avait rien de bon dans cet endroit. Combien de temps avant que les réceptionnistes ne nous mettent dehors ?

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Tandis que je déguste des petits fours Katherine se rapproche de moi pour me féliciter. Je tourne la tête vers mon amie et la regarde en souriant.

- Merci, j’ai d’ailleurs bien apprécié ton intervention toute à l’heure. En un rien de temps tu as fait rager toutes les filles. C’était marrant

Je pique quelques tomates cerise que je mange.

- Mon jour je ne sais pas. En revanche ce n’est pas le leur en tout cas

J’observe Katherine finir ces deux coupes en souriant. Je ne sais pas comment elle fait pour boire comme ça sans que ça lui fasse tourner la tête. Ce n’est pas qu’elle ait bu avec excès mais rien que les quelques coupes qu’elle a bu auraient suffi à me faire partir en vrille. D’accord, je n’ai pas besoin d’alcool pour partir en vrille mais justement… imaginez si je bois.

« C’était mon fiancé que tu as jeté dans la piscine espèce de petite garce. »

Je relève la tête du buffet et avale ma tomate cerise puis je tourne la tête vers la jeune fille qui s’est adressé à nous, enfin à moi. D’un geste rapide Katherine retient sa main. Attendez elle comptait me gifler ? Le pire c’est qu’elle aurait réussi à me prendre par surprise puisque j’étais en train de réfléchir à ce que j’allais manger. Oui, la nourriture est mon point faible. Enfin peu importe, Katherine a sauvé deux vies, la mienne mais surtout celle de la pimbêche parce que croyez moi claqué, elle m’aurait claqué mais elle en retour ce qu’elle aurait ramassé…  

« Si tu tenais tant à la chaussette qui te sert de fiancé, t’avais qu’à marquer « chasse gardée » dans son dos.»

Je regarde Katherine s’occupait de la fille et sourit à sa remarque.

« De toute manière, comme si ça pouvait arrêter des filles comme vous…»

J’observe la pimbêche qui s’est adressé à nous avec un air menaçant mais d’une voix un peu tremblante.

- Des filles comme nous ?

Je penche légèrement la tête sur le côté pour l’observer puis d’un air sérieux je reprends la parole.

- Toi aussi tu veux aller faire un plongeon ?

Je remets ma tête droite et me fais craquer les doigts pour me préparer. La fille me regarde avec des yeux ronds. Elle doit se demander si j’en suis vraiment capable. Qu’elle ne réfléchisse pas trop, sinon c’est sous l’eau qu’elle continuera de méditer. Elle finit par se racler la gorge et…

« Hum… de toute manière je perds mon temps avec vous. Pauvres filles !  »

Sans demander son reste elle s’éclipse à l’intérieur et va vite rejoindre son groupe d’amies. A plusieurs elle se sent en sécurité. Je souris en la voyant et me tourne à nouveau vers le buffet.  

- Ah enfin tranquille ! Tu crois qu’on va réussir à se poser tranquillement quelques minutes pour manger ?

Je prends quelques toasts et des tomates cerise puis les mange. Un type s’approche timidement du buffet et va pour récupérer un petit four, le dernier du plateau. Mais au vu du regard assassin que je lui lance il se recule en hochant la tête comme s’il voulait s’excuser et file vite. Je récupère donc le dernier petit four avec un sourire victorieux et me tourne vers Katherine pour lui faire face.

- Tu sais qu’à la base je ne voulais pas venir. Mais en voyant ton message je me suis dit qu’on s’amuserait bien. Je ne regrette pas d’être venu

J’aperçois au loin les hôtes qui discutent avec le personnel, ils semblent chercher les responsables des petites animations d’aujourd’hui. Je me penche alors vers Katherine pour lui murmurer…

- Je crois que la fête est bientôt finie… Je propose de battre en retraite pour le moment. Qu’en penses-tu ?!

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C’était officiel nous devions être maudites. Quand les gens ne riaient pas de nous, ils venaient nous insulter. Pauvre nous. Nous ne pouvions même pas profiter tranquillement du buffet sans être importunées, que ces gens étaient mal éduqués en vérité ! Mais en quelques minutes, j’avais réussi à calmer la méchante fille et nous voilà reparties à la découverte des délicieux mets du buffet. Enfin, c’était ce que je pensais. J’eus à peine le temps de prendre une bouchée de tartine aux rillettes que notre petite jalouse jeta à nouveau une pique, nous étant destinée à toutes les deux car, je cite, elle avait dit des « filles comme vous ». Je fronçai de suite les sourcils, tiquée. Je n’étais pas la seule de toute évidence, puisque Hye Ri ne parut pas apprécier la réplique. Esquissant un sourire narquois en direction de la jeune fille, je poursuivis ma dégustation, laissant mon amie régler ses comptes, non sans admirer le joli spectacle qu’elle me jouait. J’adorais quand elle s’énervait et qu’elle commençait à devenir vilaine. Autant j’étais peut-être la plus provocante des deux et celle qui avait le moins froid aux yeux, autant il me semblait que pour ce qui était de faire peur, Hye Ri était plus douée que moi et faisait moins dans la subtilité. Il était clair que la pimbêche ne s’arrêtait pas là, mon amie n’hésiterait pas à mettre sa menace à exécution, soit un joli tour dans la piscine.

Une chose était sûre : ce n’était pas moi qui me risquerais à provoquer Hye Ri. Elle devait être si forte quand elle était énervée, que je l’imaginais sans mal me porter sur son dos pour me balancer dans la piscine si elle le voulait. Honnêtement, si j’avais un conseil à donner à quelqu’un, ce serait de ne pas la chercher, sous peine de le regretter amèrement. A vrai dire, plus je la voyais faire, plus je me disais que j’étais contente de l’avoir pour amie et de rire de ses exploits, plutôt que d’en faire les frais. Cela dit, ce devait sans doute être réciproque, puisque je n’étais pas tendre non plus avec mes ennemis. Nous nous étions bien trouvées en quelque sorte. Alors que la demoiselle tourne les talons avec un fier « Pauvres filles ! » bien affirmé, je profite du fait qu’elle soit dos à nous pour envoyer un bon crachat bien placé sur la traîné de sa robe, bien trop longue de toute façon. C’est dégoûtant, je le reconnais, mais la laisser partir avec l’impression qu’elle avait gagné, je n’avais pas pu. Au moins, j’avais eu la décence de ne pas lui avoir craché au visage.

Je reportai mon attention sur Hye Ri, qui se désolait de ne pas pouvoir manger en paix. Je haussai les épaules, peu convaincue du fait que nous y parviendrions. « Ma foi, je ne pense pas. Cela dit, ce serait beaucoup moins drôle sinon ! ». Sur ces paroles, je lâchai un petit ricanement, en repensant aux méfaits que nous avions enchaînés jusqu’alors. Il me semblait que nous n’avions jamais réussi à en faire autant en si peu temps. On s’améliorait ! Je réprimai un fou rire en voyant mon amie subtiliser le dernier petit four en effrayant un mec qui souhaitait le prendre. On ne concurrençait pas Hye Ri sur la nourriture, une chose de plus à savoir pour ne pas la contrarier. Cela dit, si quelqu’un avait essayé de le prendre et que je le voulais, j’aurais réagi de la même façon. On nous opprimait suffisamment comme cela, on avait au moins le droit de profiter des mets succulents mis à notre disposition.

J’esquissai un sourire ravi en écoutant la confession de mon amie. Ainsi elle aussi avait eu vent de cette petite réception et, comme moi, elle ne pensait pas y aller. Je devais avouer que j’aurais eu des réticences à m’y rendre sans elle, même si je pensais que j’y serais allée malgré tout, pour le buffet et le champagne. Mais il fallait avouer qu’avec Hye Ri, tout devenait bien plus amusant, surtout dans ces circonstances qui nous distrayaient tant. Je relevai les yeux en entendant des conversations de plus en plus animées et crut reconnaître les hôtes de la réception. Mes doutes furent confirmés par mon amie qui me suggéra de « battre en retraite ». J’acquiesçai de la tête : nous n’avions plus grand-chose à faire et je n’aimais pas trop la perspective d’être mise à la porte en public. Même si c’était drôle, mon ego en serait tout de même affecté. « Bien vu, camarade, répondis-je d’un ton solennel, je connais un café sympa pas très loin. Je propose cet endroit en guise de base pour l’instant. »

Sur ces bonnes paroles, j’enfilai le dernier toast au caviar, ajustai ma casquette pour cacher mes yeux et pris la direction de la sortie. Je ne doutais pas un instant que Hye Ri me suivrait, plus tard peut-être pour ne pas attirer l’attention. Bref, le tout était de sortir sans faire de bêtises et mine de rien, c’était un effort considérable pour les deux tornades que nous étions. Pour ma part, j’y parvins sans trop mal, me retenant d’insulter une fille qui m’avait bousculée. Une fois hors de l’hôtel, je me mis en route pour le café, où nous serions de toute évidence bien plus tranquilles pour discuter. Après tout, une amie, ça ne servait pas simplement à semer la pagaille là où on allait.

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