Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?! | Jae Hwa

Nombre de messages : 265 Date d'inscription : 23/06/2014 Age : 32 Pseudo : Juh

Non mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?!

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Tenue

Sourire aux lèvres, aussi pétillante qu’un feu d’artifice à moi toute seule – sans exagération vraiment – me voilà partie de mon duplex pour rendre visite à une personne aussi fantastique que moi. Hihi. Je sautillais aussi insouciamment et joyeusement qu’un gamin dans la rue en appréhendant la merveilleuse perspective qui m’attendait. Hye Ri avait été d’un naturel avenant, chose peu surprenante, et m’avait invitée chez elle afin de rattraper l’opportunité manquée de la dernière fois. Je l’avais encore eue en travers de la gorge cette histoire de modèle improvisé d’urgence et, tenant toujours mes promesses, j’avais quand même réussi à obtenir un exemplaire pour mon amie. Même si pour être honnête, je ne connaissais pas ses mensurations, on n’en était pas encore arrivées là, j’osais espérer que mon instinct qui m’avait dit qu’elles devaient être identiques aux miennes soit juste. Plus j’avançais, plus j’étais certaine que j’avais eu raison, Hye Ri avait le même gabarit et la même morphologie que moi. A croire que nous avions tout fait dans le but de pouvoir nous échanger nos vêtements un jour. Qui sait, peut-être aurais-je l’audace de fouiller dans son armoire et de faire mes yeux de panda à croquer pour qu’elle me prête quelque chose ? Cela ne m’étonnerait pas et ça ne l’étonnerait pas non plus je pense. Je savais être adorable quand je voulais quelque chose et après le présent que j’allais lui faire, elle ne pouvait pas me refuser cette petite faveur, si ?

Laissant mon idée d’emprunter les fringues de Hye Ri de côté, je me concentrai sur le chemin à emprunter. Je n’étais encore jamais venue dans l’appartement de mon amie mais d’après ce que j’avais saisi, ce n’était pas bien compliqué à trouver, d’abord parce que Hye Ri habitait dans le quartier le plus classe d’Incheon. Sans doute bénéficiait-elle encore des faveurs de ses parents, ou bien le métier d’avocat devait rapporter bien plus que je ne l’avais imaginé. Même si mes revenus personnels s’amélioraient nettement depuis que j’avais réussi à décrocher le poste de styliste, je n’avais pas encore suffisamment économisé pour me permettre de vivre dans un tel quartier, où j’étais persuadée que la situation du logis jouait plus dans le prix que le logis lui-même. En tout cas, j’admirais mon amie d’avoir réussi à être si bien installée, quel que soit le moyen qu’elle ait employé pour y parvenir. Pour ma part, je préférais encore crever de froid dehors que d’aller voir mes parents pour qu’ils me donnent des sous pour avoir un logement. Question de fierté et de principe je pensai, surtout de fierté en fait. Il était hors de question que j’aille ramper à leurs pieds après les avoir insultés pour tout le mal qu’ils avaient fait à notre famille. Alors quitte à le regretter quand la situation serait chaotique un jour, je préférais me passer d’eux et oublier leur existence.

Enfin, l’immeuble où se trouvait l’appartement de mon amie se présenta à moi. Ajustant ma casquette – elle allait penser que j’en mettais une à chaque fois que je la voyais – je traversai la rue et appuyai sur la sonnette. La porte de l’immeuble s’ouvrit et, contente de voir que mon amie était effectivement présente – on ne sait jamais – je m’engouffrai à l’intérieur du bâtiment et pris la décision d’opter pour les escaliers plutôt que pour l’ascenseur. Je ne supportais pas l’idée de rester inactive dans une espèce de boîte qui montait comme par magie. En plus, je n’avais jamais vraiment trouvé ces trucs sûrs, encore moins quand j’avais fait l’attraction Hollywood Tower à Disneyland en Californie. Les escaliers m’offraient ainsi plus de sécurité et un peu d’exercice qui ne me ferait pas de mal. Adepte de fitness et de sport en général, ce ne fut pas une grande épreuve pour moi et quelques minutes plus tard, je me trouvai face à la porte d’entrée de l’appartement de mon amie. C’était du moins le numéro qu’elle m’avait indiqué. Je toquai, toute excitée à l’idée de voir sa petite bouille toute amie et sans bronzée depuis notre sortie plage. J’avais pour ma part réussi à prendre quelques couleurs, si bien que je pouvais mettre du monoï sans craindre d’être brûlée par le soleil. Une première je devais bien l’admettre.

La porte s’ouvrit mais je ne vis pas la bouille de Hye Ri. En fait, je ne vis personne. J’entrai, un peu inquiète de cette atmosphère imprévue et me tournai une fois à l’intérieur, songeant que mon amie devait être cachée derrière la porte. Mais cette dernière était déjà refermée et il n’y avait toujours personne. Je ne savais pas qu’elle était devenue une adepte de cache-cache entre temps. « Hye Ri ? Si c’est une blague, elle est pas terrible hein. Montre-toi, j’ai quelque chose pour toi ! ». Mais seul un petit miaulement me répondit. Intriguée, je me permis d’avancer vers l’immense salon où je trouvai le petit chaton assis sur le canapé. Mes yeux devinrent des étoiles : il était juste trop chou ! Je posai le paquet sur la table basse et pris l’initiative de prendre le petit être dans mes bras. C’était décidé, il m’en fallait un. « Coucou ! Alors c’est toi Ice ? Tu es à croquer ! ».

Un bruit de pas m’interrompit aussitôt dans ma contemplation. Quelqu’un avançait dans notre direction. Sans inquiétude, je pensai qu’il s’agissait sans doute de Hye Ri qui avait enfin décidé de se montrer en voyant que j’avais pris son chaton en otage. Haha. J’avais peut-être trouvé un moyen de pression en fin de compte. Mais ma joie disparut instantanément. Mon sourire se figea puis disparut. Ce ne fut pas Hye Ri qui se présenta à mes yeux, oh non pas du tout. C’était un garçon. C’était Jae Hwa. Le quinzième candidat – oui j’avais compté – en liste pour devenir mon futur époux selon mes parents. « Qu’est-ce que tu fiches ici ?! », m’écriai-je d’un ton scandalisé. Quelle poisse. Qu’est-ce que ça signifiait ?

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Qu'est-ce que tu fiches ici ?

Avec Kat' <3

Cela faisait deux ans que je n’avais plus vu ma cousine Hye Ri. Etant tous les deux originaires de Séoul nous avons eu pour habitude de jouer ensemble depuis notre plus jeune âge. Ayant deux ans de plus qu’elle, j’ai d’ailleurs toujours joué le rôle du grand frère protecteur puisqu’elle n’en avait pas. Nous avons était dans les mêmes établissements et nous avons même finit par être dans la même classe plusieurs années d’affilée puisque grâce à ses bons résultats, elle a réussi à sauter des classes. Nous nous sommes vraiment bien amusés pendant cette période-là, nous avions des amis en commun et on formait un sacré groupe. Je ne suis pas d’un naturel très farceur mais j’avoue qu’ils arrivés souvent à me traîner dans leurs plans foireux ahah Enfin tout ceci a bien changé avec l’université, on a chacun prit sa voie. Hye Ri c’est lancé dans le droit et moi dans les sciences et le commerce. Ce mélange est étrange mais pour prendre la suite de l’entreprise familiale c’était obligé. Ce qui nous a séparé ce n’est pas tant le fait de choisir des disciplines différentes, c’est surtout que pour finir ma formation j’ai dû partir étudier deux ans aux Etats Unis. C’est à ce moment-là que j’ai dû me séparer de notre petit groupe. Tant pis mais je n’avais pas le choix, ma carrière professionnel était en jeu. Et puis ce n’était pas une séparation définitive la preuve je suis de retour ! Et si ce n’est pas un signe du destin, mon père m’a envoyé travailler dans son entreprise d’Incheon, la ville où se trouve justement ma cousine. Je suis arrivé il y a peu de temps, mais j’ai rapidement pris contact avec ma chère cousine et notre relation est redevenue comme avant.

Aujourd’hui j’ai décidé d’aller la voir justement. Mon travail est terminé, j’ai tout soumis au chef de projet et je n’ai plus qu’à attendre la prochaine réunion pour savoir ce qu’ils pensent de mes idées. Et oui, bien que je sois le fils du président de l’entreprise, mon père et moi avons pris la décision que je commencerais à un petit poste à responsabilité. Ce n’est qu’en prouvant ma valeur que j’obtiendrais plus. Mon père veut s’assurer que j’ai les épaules et la carrure pour assumer tout ça. Il ne me fera aucun cadeau. Toutefois, il ne doute pas de moi et sait que j’en suis capable.

Arrivé devant la porte de l’appartement de Hye Ri, je sonne et attend patiemment qu’elle vienne m’ouvrir. Ce qu’elle fait rapidement. Après s’être salués chaleureusement, elle m’invite à entrer. On va tout de suite se caler dans son espace cuisine et je me cale à ce qui lui sert de comptoir pour boire un café et discuter. Nous commençons par discuter calmement sauf qu’au bout de quelques minutes ont finis par chahuter. L’un essayant d’immobiliser l’autre, bataille de chatouille et j’en passe ! Tout ceci en faisant attention à ne pas casser le mobilier. Toutefois alors que je piquais le téléphone de ma cousine pour l’ennuyer, je finis par faire un geste maladroit qui conduit le portable à tomber dans l’aquarium. La jeune femme me jette alors un regard assassin et avant qu’elle n’ait pu prononcer un mot, le téléphone fixe se met à sonner. Je suis sauvé ! Enfin pour le moment… Je la laisse donc échanger avec son correspondant qui semble être le barreau d’Incheon, pendant ce temps-là je sors le téléphone de l’eau et le dépose dans la cuisine pour qu’il s’égoutte. Rien à faire, il a l’air hors service. Quoique Samsung… ça résiste à l’eau non ? Je m’amuse ensuite avec le chaton. Sa conversation terminée, elle se tourne vers moi et m’annonce qu’elle vient d’être commise d’office pour un petit voleur de supermarché. Elle soupire d’exaspération. Je compatis, il doit y avoir des affaires plus prenantes que ça…

- Okay, et bien on se verra une autre fois

Je me redresse et commence à récupérer mes affaires.

- Une minute ! Tu restes ici…

Je me tourne et la regarde avec un air interrogateur.

- Hum ? Pourquoi ?

- J’ai invité une amie proche à venir mais à cause de toi, je ne pourrais pas la prévenir que je ne serais pas là. Donc tu vas l’attendre et gentiment l’accueillir pendant mon absence

Elle me fait un large sourire.

- Euh… Je suis obligé d’accepter ?

Hye Ri fronce alors les sourcils et vient m’attraper les joues pour les pincer.

- Evidemment que tu l’es ! On ne va pas la laisser languir devant la porte !

- D’accord ! D’accord ! Lâches moi tu me fais mal…

Elle retire ses mains et je me frotte les joues.

- Vas-y, tu vas être en retard…

- Oui. Je compte sur toi ! A plus tard

Je lui fais signe que c’est okay et qu’elle peut partir sans soucis, ce qu’elle fait après avoir récupéré ses affaires. Me voilà maintenant seul dans ce grand appartement à attendre son amie. Elle ne m’a pas dit qui s’était d’ailleurs. Je ne connais pas toutes ses amies, mais j’en connais quelques-unes. En attendant l’arrivée de la jeune femme, je me cale sur le canapé et réfléchit. Il va falloir que je lui offre un nouveau téléphone, c’est son outil de travail et c’est ma faute en plus s’il est cassé. Mon attente ne fut pas longue. Au bout d’un quart d’heure une première sonnerie retentit, celle qui annonce un visiteur à l’entrée du bâtiment. Sans attendre je me lève et appuie sur un bouton autorisant l’ouverture de la porte d’en bas. Dans la foulée, je vais aussi ouvrir la porte d’entrée pour que la jeune femme puisse entrer aisément le temps que je prépare du café. Décidément ce n’est pas mon jour, en voulant régler la machine je me reçois quelques éclaboussures qui me salissent mon tee shirt… Je soupire et me dirige vers la salle de bain pour frotter tout ça. Entendant des bruits de pas et la voix d’une fille, j’en déduis que son amie doit être là. Je frotte vite mon tee shirt et fait disparaître la tâche, puis je me précipite dans le salon. Voir un appartement fantôme ne doit pas la rassurer. Tandis que je me dirige vers le salon, j’aperçois la jeune femme de dos mais ne la reconnait pas tout de suite, ce n’est que lorsqu’elle se tourne vers moi que je grimace…

- Hwang Katherine…

« Qu’est-ce que tu fiches ici ?! »

Je soupire et observe la jeune fille avec un air plutôt dépité. Je ne m’attendais pas du tout à la voir. Je savais qu’elle était une des amies de Hye Ri car je l’ai vue en photo dans l’un des albums de ma cousine mais hormis ce fait là, elle aussi ma future fiancée. Enfin pour mes parents et les siens du moins. Mon père affectionne particulièrement la jeune fille ou du moins sa famille et ce qu’elle représente. Mon père est le genre d’homme qui aime mêler mariage et business. Enfin il ne me laissera pas épouser n’importe quelle riche héritière, seulement celle qu’il juge bien pour moi et malheureusement pour moi Katherine entre dans cette catégorie.

- Je suis venu passer du temps avec ma cousine chérie, j’ai le droit

Je lui fais un petit sourire narquois avant de me diriger par la suite vers la cuisine pour reprendre mon activité délaissée un peu plus tôt. C’est-à-dire, faire du café.

- Hye Ri est sortie en urgence à cause du travail. Ne pouvant pas te prévenir, elle m’a demandé de t’accueillir et de m’occuper de toi en son absence…

Je lève mes yeux de la machine à café et regarde la jeune femme qui se tient toujours dans le salon.

- Un café ?

Puisqu'elle est là, je ne vais pas la mettre à la porte. Surtout que Hye Ri pourrait me faire la peau pour ça. Je vais donc jouer les jeunes hommes courtois, de toute manière je ne déteste pas cette jeune femme. C'est juste que... c'est compliqué...

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Non mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?!

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Non mais dites-moi que je rêve, pitié, faites que ce moi une énorme blague que Hye Ri m’avait soigneusement préparée. Le voir m’atterrait. Je ne m’attendais vraiment, vraiment pas à le trouver dans cet endroit et à cet instant précis. Pour dire, j’aurais trouvé moins étrange de voir un pingouin sortir de la salle de bains de mon amie, sans hésiter une seule seconde. Mais non, il avait fallu que je tombe sur lui, Jae Hwa, ou le crétin en puissance. En y réfléchissant bien, je n’avais pas grand-chose contre lui, sinon qu’il avait une attitude prétentieuse et hautaine qui avait le don de m’énerver. Mais voilà, après plusieurs mois de calme olympien, mes parents avaient eu la brillante d’envoyer un nouveau cavalier à mes trousses, avec pour seule indication le fait que je vivais à Incheon. J’avais encore en travers de la gorge le fait qu’Edward ait pu leur dire où j’étais partie et je lui avais fait une scène d’hystérie digne d’une folle enfermé dans un asile. Autant dire qu’il ne m’avait reparlé depuis et que je n’étais pas prête de le rappeler après cela. Il avait eu beau me sortir des excuses telles que l’inquiétude, je ne l’avais pas moins considéré comme un traître confirmé. J’avais l’air bien maintenant avec ce nouveau prétendant exécrable sur le dos.

J’eus une grimace quand il prononça mon nom. Je détestais que les Coréens le prononcent en général, ils avaient l’art de l’écorcher comme personne et Jae Hwa n’échappait pas à la règle. J’avais trouvé la solution avec Hye Ri qui avait opté pour un diminutif, « Kat », qui lui n’était pas trop compliqué à prononcer. Mais il était de toute façon hors de question que je laisse ce type m’appeler de la sorte, nous n’étions pas si proches. Alors si j’avais envie de devenir sourde dès qu’il disait mon nom, je préférais encore cela, même si je savais pertinemment qu’un jour j’allais pousser une gueulante qu’il ne verrait pas arriver. Lui ou toute autre personne qui écorcherait mon nom d’ailleurs. Je lâchai Ice, qui partit s’amuser sur l’arbre à chats, encore choquée de trouver mon pseudo fiancé dans cet appartement. Je l’avais carrément agressé d’ailleurs pour avoir connaissance de la raison pour laquelle il se trouvait ici. Il ne pouvait pas quand même pas être un ami de Hye Ri… Je ne les voyais pas vraiment s’entendre, pas du tout en fait. Jae Hwa était le type même de personne que mon amie et moi aimions rabaisser lors d’occasions chics et mondaines.

Alors imaginez ma tête quand je déduisis d’après ses dires qu’il était son cousin. Au début, j’avais pensé que Hye Ri avait une colocataire, qu’elle ne m’en avait pas informé et que Jae Hwa était le cousin de cette colocataire. Mais quand il mentionna mon amie, impossible d’avoir le moindre doute. Ni quand il précisa que c’était Hye Ri elle-même qui lui avait demandé de m’accueillir en son absence. Je notai donc que la prochaine fois, je lui parlerais directement au téléphone quand j’avais un nouveau boulet sur les bras pour éviter ce genre de situation. A vrai dire, je pensais justement lui en parler cet après-midi, dans le but de mettre en scène notre complot machiavélique, complot qui venait de tomber à l’eau. Le cousin de Hye Ri ne se laisserait pas berner par notre petit jeu et il devait suffisamment bien connaître sa cousine pour que notre numéro de lesbiennes ne prenne pas. Dommage. Je gonflai les joues, gênée par la situation et me demandant si je ne ferais pas mieux de m’en aller tout de suite. Mais bon, Hye Ri espérait sans doute me voir une fois revenue, alors j’allais devoir patienter de longues heures pour obtenir cette petite joie. Elle me devrait bien une tenue complète de son armoire à prêter.

Je fronçai les sourcils à la proposition du jeune homme. Méfiante, je préférai décliner. « Tu veux m’empoisonner c’est ça ? Désolé, je passe mon tour. ». Même s’il ne paraissait pas plus emballé que moi par ce plan de fiançailles forcées, je n’arrivais pas à me montrer sympathique ou compatissante avec lui. Nous étions dans la même galère mais j’avais l’impression que nos visions des choses étaient bien trop opposées pour une éventuelle coopération. J’allais devoir me débrouiller toute seule pour faire capoter ce coup tordu car Monsieur semblait bien trop préoccupé par la perspective de prendre le relais de l’entreprise familiale. Je regrettai de ne pas avoir amené mes planches à dessin, au moins, j’aurais pu travailler tranquillement, même si je me dis qu’il ne se serait sans doute pas gêné pour venir m’embêter. Je devais donc me résigner à tuer le temps d’une autre façon. Je me dirigeai à mon tour vers la cuisine et cherchai quelque chose à boire dans le frigo, liberté dont Hye Ri ne me tiendrait certainement pas rigueur. Après tout, c’était un moyen de survivre jusqu’à son arrivée. Le Coca me parut être une bonne option et, obligeant Jae Hwa à se décaler, je pris un verre avant de retourner dans le salon. L’après-midi promettait d’être terriblement long.

Au passage, j’avais aperçu un téléphone dans la cuisine, téléphone qui semblait mouillé. Hum hum. Cela expliquait sûrement pourquoi Hye Ri n’avait pas pu me prévenir de ce petit contre-temps. « Je vois que tu n’as pas mis longtemps à faire des dégâts. Ça t’arrive souvent de mettre le téléphone de ta « cousine chérie » hors d’état ? Ou cela faisait simplement partie de ton plan pour me pourrir l’existence ? ». Mon ton était sarcastique et sec. Non, je n’arrivais décidément pas à adopter un ton neutre avec lui, c’était plus fort que moi. Hye Ri allait me tuer. Ou m’approuverait-elle ? J’ignorais si elle s’entendait bien avec lui au final. Buvant tranquillement mon verre, je regrettais amèrement ne pas pouvoir partager cet instant avec mon amie, comme au café la dernière fois. « Alors, prêt pour le mariage ? Les parents sont déjà occupés avec les préparatifs de ce que j’ai compris. ». Du moins c’était ce que m’avait dit mon frère aîné, mais je n’étais plus certaine qu’il fût une source fiable. J’avais sorti ça comme ça, histoire de faire la conversation, et donc de passer le temps, et c’était le seul sujet dont nous pouvions parler. Avec un peu de chance, nous parviendrions à tenir jusqu’à ce que Hye Ri arrive sans nous étriper. Avec beaucoup de chance en fait.

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Il est d’usage de dire que le hasard fait bien les choses, en ce qui me concerne j’ai toujours pensé le contraire, la preuve aujourd’hui. Il a fallu que je tombe sur Katherine. Hye Ri n’a pas assez d’amies qu’il a fallu que ce soit elle ? En plus je ne suis pas chez moi et je me suis mis en tort en cassant le portable de ma cousine. Résultat je ne peux aucunement me débarrasser de la charmante rebelle présente dans le salon. D’ailleurs c’est quoi ce look ? Elle se prend pour une chanteuse de hip hop ? Enfin, c’est vrai que niveau vêtement elle se démarque toujours des autres cette fille. Je ne l’ai pas vu de nombreuses fois mais il faut dire que rien que le jour de notre première rencontre, hum c’était à un gala, elle ne ressemblait pas aux autres filles, elle était beaucoup plus provoquante. Je suppose que c’est son séjour aux Etats Unis qui lui a ouvert l’esprit. Un peu trop à mon goût mais peu importe. Ce n’est pas comme si elle m’intéressait et que je comptais en faire ma femme. Cette idée est seulement ancrée dans l’esprit de nos parents. Ils ont convenus qu’il faillait qu’on se marrie. On ne se connaissait pas, seuls nos parents se connaissaient et ma foi cela leur a suffi pour conclure que nous étions faits l’un pour l’autre. Ils ont dû estimer nos fortunes respectives, peut être notre physique et le résultat de leur calcul a conduit à un projet de fiançailles. Maintenant que j’y pense, ce n’est peut-être pas un hasard si mon père m’a envoyé travailler à Incheon. Il a plusieurs centres implantés partout. Pourquoi Incheon ? En y réfléchissant, quelques jours à peine après mon arrivée ma mère m’a joyeusement annoncé qu’une charmante jeune fille qui ferait une épouse parfaite pour moi se trouvait ici, quelque part en ville… Tout était calculé, mais à ce moment-là je n’étais même pas encore au courant de ses fiançailles. Ce n’est qu’après une certaine insistance de ma mère avec différents appels téléphonique qu’elle a fini par m’avouer ce projet de fiançailles. Projet qui ne m’enchantais guère puisqu’il été effectué dans mon dos mais par curiosité je suis tout de même parti à la recherche de la fameuse jeune femme. Je n’aime pas l’idée que mes parents s’immiscent dans ma vie sentimentale, toutefois je voulais quand même voir si la personne en valait la peine. Maintenant que j’ai rencontré Katherine ma réponse est non. Ce n’est pas qu’elle ne me plaît pas, je dois avouer que c’est vraiment une très jolie fille. Elle prend soin d’elle, elle a de jolies formes, elle est vraiment superbe. Mais son caractère… Au secours ! Non, non cette fille est beaucoup trop extravertie pour moi. Je ne recherche pas une sainte ni touche mais quand même…

A l’heure actuelle, je me retrouve donc coincé à devoir m’occuper de la demoiselle. Je lui propose donc de boire un café pour passer le temps.

« Tu veux m’empoisonner c’est ça ? Désolé, je passe mon tour. ».

- Tant pis pour toi

Je me sers un café puis observe la jeune fille agir. Elle est vraiment méfiante et préfère se servir un verre de coca. Je ne suis pas fourbe au point de lui mettre quelque chose dans son verre. J’ai tout de même une certaine fierté et de la prestance. Je ne pratique pas ce genre de bassesses. Récupérant mon café je vais ensuite me poser dans le salon en face de Katherine.

« Je vois que tu n’as pas mis longtemps à faire des dégâts. Ça t’arrive souvent de mettre le téléphone de ta « cousine chérie » hors d’état ? Ou cela faisait simplement partie de ton plan pour me pourrir l’existence ? ».

- Désolé de te décevoir mais tu n’es pas assez importante pour que je puisse faire des plans sur ton compte

Décidément se lancer des piques est devenu une habitude pour nous. Je crois que je n’arriverais pas à m’entendre avec elle. Nous avons des caractères beaucoup trop opposés.

« Alors, prêt pour le mariage ? Les parents sont déjà occupés avec les préparatifs de ce que j’ai compris. »

Je bois un peu de café avant de porter mon attention sur la jeune femme.

- Et toi tu l’es ?

Je lui adresse un sourire moqueur avant de poser mon café sur la table.

- Tu ne crois pas si bien dire. Nos mères se sont apparemment accordées sur une date que j’ignore d’ailleurs pour le moment… Mais ils sembleraient qu’ils aient même trouvés une salle. Cela se fera dans un luxueux hôtel appartenant à mon oncle… N’est-ce pas génial ?

J’aimerais que tout ce que je viens de lui dire soit faux mais malheureusement ce n’est pas le cas. Nos mères se sont bels et biens accordées et mon père a vu pour une salle avec son frère, le père de Hye Ri puisqu’il est propriétaire d’une belle chaîne d’hôtel de luxe.

- Ah j’y pense. Je ne t’ai toujours pas offert de bague, il va falloir y remédier. Tu as une préférence ?

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J’avais beau faire de mieux pour ne pas être méchante – si si, ça ne se voyait pas, mais je me contenais comme je pouvais – c’était plus fort que moi, j’avais ouvert les hostilités en lançant des piques à répétition à l’intention de Jae Hwa. Je lui en voulais plus d’être mon fiancé que d’être ce qu’il était et, même s’il n’y pouvait pas grand-chose, c’était à mon avis un fait suffisant pour le détester comme je le faisais. Hye Ri en entendrait parler de son charmant cousin tiens, je ne donnais pas cher de sa peau une fois qu’elle serait face à moi. J’avais gonflé les joues quand j’avais entendu Jae Hwa rétorquer qu’il faudrait que j’aie un minimum d’importance dans sa vie pour qu’il projette de me pourrir l’existence. Hum hum. Il répondait à mon impertinence par l’indifférence, nous n’irions pas bien loin à ce rythme-là, même si je lui accordai que pour faire des crasses à quelqu’un, il fallait déjà le connaître un minimum, du moins dans une logique fiable. Et nous étions loin de bien nous connaître, très loin. Ainsi, ne trouvant pas d’autre solution, j’en vins à recourir au sujet fâcheux sur lequel nous pourrions débattre pendant des heures : le fameux mariage arrangé qui nous pourrissait l’existence à l’un comme l’autre.

Je savais pertinemment que mes parents ne pourraient pas me traîner de force jusqu’au l’autel et qu’ils ne pouvaient pas me menacer de me déshériter car ils devaient savoir qu’ils me rendraient un service dont ils ne saisissaient même pas l’importance en faisant cela. Au fond, ils avaient besoin de moi en tant que fille légitime pour conclure des alliances à droite et à gauche et je savais qu’il était également question d’un mariage pour mon frère aîné, bien moins réticent à l’idée d’épouser quelqu’un qu’il connaissait à peine que moi. Je n’arrivais pas à comprendre comment il avait pu changer et être du côté des vieux, mais c’étaient des choses qui arrivaient je suppose. Je m’imaginai ainsi le comique de la situation quand ils chercheraient à s’occuper simultanément des alliances à former avec Mike et Lily, qui étaient jumeaux. Au moins, ils pourraient comploter à deux pour tout faire capoter. Bref, cela dit, mes parents avaient d’autres moyens de pression sur moi, à commencer par les benjamins de notre fratrie justement. Je voyais encore l’expression sévère de mon père qui m’annonçait que si je refusais, il fiancerait les jumeaux dès la fin de leurs années lycée. Sans quoi, je n’aurais pas eu à m’acharner pour trouver tout un tas de stratagèmes tordus pour me débarrasser des prétendants précédents, j’aurais exprimé un simple refus. Mais je ne pouvais pas risquer que Mike et Lily fassent les frais d’une rancœur paternelle déchaînée.

Sans rire, je faillis m’étouffer avec mon verre quand il m’informa que nos mères avaient convenu de la date et de l’endroit de la cérémonie du jour fatidique. Plaît-il ? Je ne penserais pas qu’il prendrait aussi mal le fait que je n’avais pas répondu quand il m’avait retourné la question concernant le mariage. Alors comme ça maintenant le statut de « fiancés » n’était que de passage furtif ? Je ne comprenais pas pourquoi ils s’organisaient aussi rapidement pour les préparatifs, sans doute par crainte que je n’aie le temps de trouver un plan pour tout faire foirer entre deux. Mince, ils devenaient rusés ces vieux imbéciles. Je voyais déjà ma mère choisir ma robe à ma place et esquissai une mine de dégoût en imaginant une grosse meringue accompagnée d’un nombre incalculable de froufrous. Pitié pas ça. Je fis une mine dégoûtée en apprenant qu’ils avaient réservé un hôtel hors de prix pour l’occasion, hôtel appartenant à l’oncle de Jae Hwa et, par conséquent si je me repérais bien dans l’arbre généalogique, au père de Hye Ri. L’avantage, si jamais cette cérémonie voyait le jour, c’était que je pourrais aisément choisir mon amie comme demoiselle d’honneur et que nous serions cousines par alliance. J’aimais beaucoup Hye Ri mais cela ne me parut pas suffisant pour que je me jette au cou de son cousin.

Ce fut plus fort que moi, je lâchai un petit ricanement quand Jae Hwa évoqua le sujet de la bague. C’était vrai, officiellement nous étions fiancés mais officieusement – c’est-à-dire dans nos têtes – nous ne l’étions pas et je n’avais pas bénéficié de l’opportunité d’avoir une jolie bague par conséquent. Je n’y avais pas vraiment songé, si je voulais une bague, je pouvais très bien m’en trouver une moi-même, même si celles hors de prix m’étaient désormais inaccessibles. « Tu as raison, il faut faire les choses dans les règles de l’art, sinon où allons-nous ?, répondis-je avec sarcasme, voyons voir… Un cœur en diamant c’est joli non ? Et puis c’est tellement représentatif de notre couple. ». Je n’arrivai moi-même pas à prendre conscience du fait que je nous avais désigné comme un « couple ». Oh mon dieu. Il allait me falloir quelque chose de plus fort que du Coca si nous prenions la direction de la résignation fataliste. Sur ces belles paroles ironiques, je me levai et rapportai la bouteille dans le frigo en cherchant quelque chose de plus corsé et qui aurait plus d’effet sur moi. Quelle ne fut pas ma joie quand je découvris une bouteille de champagne, pleine.

Toute joyeuse, deux coupes à la main, la bouteille dans l’autre, je revins dans le salon, m’installai sur le canapé à côté du chaton, ouvris la bouteille et nous servis chacun un verre. Mes manières s’amélioraient on dirait. Je tendis sa coupe à Jae Hwa et approchai la mienne pour trinquer. « Fêtons ce merveilleux évènement comme il se doit ! Des fiançailles méritent bien un peu de champagne non ? ».J’ôtai ma casquette pour la coup, non seulement parce que nous étions à l’intérieur d’une part mais aussi parce que ça jurait terriblement avec le côté chic de la coupe de champagne d’autre part. Comme le reste de ma tenue mais bon. Cela me donna une idée. Après avoir bu une gorgée, je filai dans la pièce qui semblait être la chambre de Hye Ri et ouvris son armoire. J’y trouvai une robe et des chaussures bien plus convenables pour simuler un genre de réception improvisée pour les fiançailles. Observant ma tenue je revins vers le salon et repris mon verre. Hye Ri ne m’en tiendrait pas rigueur de lui avoir emprunté des affaires pour être digne de mon fiancé. « C’est plus approprié non ? Maintenant on va pouvoir discuter comme deux fiancés dignes de ce nom, haha. ». Santé ! Je finis ma coupe d’une traite et en repris un autre. Boire semblait être devenu ma spécialité…

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Ce que je pense de ces mariages arrangés ? Et bien je ne suis pas fondamentalement contre. Tout dépend des personnes. Il est vrai que dans certains cas certains mariages réunissent des cœurs mais aussi des fortunes, faire des affaires en même temps qu’un mariage est une réussite pour certains. Du moins c’est la vision globale du milieu aisé. Les riches se marient entre riches pour faire fructifier leur patrimoine. En ce qui me concerne je tiens à réussir ma vie professionnelle mais je tiens aussi à faire un mariage heureux. Si la personne que me présente mes parents me plait cela ne me dérange pas d’accepter un mariage arrangé toutefois ce n’est pas le cas aujourd’hui, avec Katherine… ça ne passe pas.
D’ailleurs notre sujet de discussion vient sur notre futur mariage que nos parents nous préparent avec fierté et passion. Il n’y a qu’à entendre la manière dont ma mère parle de tout ça, d’ailleurs elle en parle avec ses amies. Magnifique, le bazar que ça va être pour annuler tout ça. J’ai déjà exprimé mon désaccord à mon père qui m’a clairement dit que si je voulais reprendre l’entreprise un jour j’avais intérêt à épouser la jeune femme. Je ne vois ps le rapport, nos finances se portent très bien, il n’y a pas besoin d’une quelconque participation externe. Je crois qu’il essaye de me mettre la pression. Je n’ai toujours pas accepté et ej campe sur mes positions. Toutefois le fait que je continue de travailler pour Jang Industries, lui laisse croire que j’accepte sa proposition. C’est faux, je réfléchis juste à ce que je peux faire pour qu’il m’écoute. Mon père est gentiment mais malheureusement c’est le genre d’homme inflexible et il a décidé que ce mariage devait se faire. Pour l’en faire démordre cela va être compliqué. Je pourrais essayer de demander l’aide de la jeune femme mais non. Hors de question, je n’ai pas envie de la mêler à ça. Je sais qu’elle est déjà dedans puisque ça la concerne, mais bon. J’ai envie de faire les choses à ma façon.

J’en viens finalement à informer Katherine sur l’avancé de notre mariage, elle semble pour le moins surprise de cette révélation. Etrange. Ses parents ne lui ont rien dis ? Pour la taquiner un peu je lui dis qu’il faudrait que je lui achète une bague pour cette occasion. Après tout, je suis son fiancé et futur époux, enfin pour nos parents en tout cas.

« Tu as raison, il faut faire les choses dans les règles de l’art, sinon où allons-nous ? voyons voir… Un cœur en diamant c’est joli non ? Et puis c’est tellement représentatif de notre couple. »

- Un cœur en diamant. J’aime l’idée. Avec une base en or blanc pour parfaire ce bijou

Je lui adresse un sourire et la regarde ensuite se lever pour aller dans la cuisine à la recherche de… d’une bouteille de champagne qu’elle ramène avec deux coupes. Tiens, c’est qu’elle devient aimable et pense à moi puisqu’elle me propose une coupe. Je la prends et la laisse trinquer puis la regarde avec mon air neutre habituel.

« Fêtons ce merveilleux évènement comme il se doit ! Des fiançailles méritent bien un peu de champagne non ? »

- Tout à fait !

Pour la peine j’avale la coupe d’une traite. Je ne suis pas du genre à boire mais là, pour supporter cet après-midi je crois que je vais en voir besoin. Pendant ce temps-là Katherine s’éloigne dans la chambre de ma chère cousine pour y piquer des vêtements puisqu’elle revient changé.

« C’est plus approprié non ? Maintenant on va pouvoir discuter comme deux fiancés dignes de ce nom, haha. »

- Ah ! C’est vrai que cela va beaucoup mieux.

Je pose ma coupe vide sur la table basse et me cale confortablement dans le fauteuil avant de reprendre.

- J’ai déjà informé mon père de mon refus à ce mariage. Mais il n’est pas du genre à changer d’avis si facilement et apparemment il y tient fortement à ce mariage… Qu’en est-il de tes parents ? Tu as discuté avec eux ?

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J’avais du mal à réaliser que j’en étais venue à la résignation presque totale en ce qui concernait ces fichues fiançailles. Moi si habile dans l’art de trouver des stratagèmes sortis de mon incroyable cerveau, j’allais bientôt devoir m’avouer vaincue comme la plus faible des créatures. Alors, il était presque normal que je me rabatte sur l’alcool pour essayer de cacher mon désarroi total face à la situation, face à ce casse-tête dont je n’arrivais pas à trouver la solution. Si les choses continuaient ainsi, j’allais bientôt me retrouver la bague au doigt sans rien avoir vu venir. Pauvre de moi. Pauvre de nous. Nous étions dans une sacrée impasse sans savoir quoi faire, n’ayant que pour seule consolation l’ironie de la chose et la prenant avec dérision. Nous aurions eu une nature plus sincère et humble, nous nous serions écroulés en larmes en nous demandant pourquoi le sort s’acharnait sur nous de la sorte. Oui mais voilà, s’il y avait une chose que j’avais à peu près réussi à cerner chez Jae Hwa, c’était qu’il était tout aussi fier et têtu que moi et qu’aucun de nous ne voulait trahir sa détresse le premier. Même si l’épreuve s’annonçait rude, nous étions suffisamment bouffés par notre orgueil pour n’en rien laisser paraître et plaisanter sur le sujet. Qui sait, peut-être me retrouverais-je avec une bague avant la fin de la journée. Haha.

Ayant décidé de jouer le jeu du joli couple fiancé jusqu’au bout, je n’avais pas hésité à piquer des fringues à Hye Ri, sans son autorisation. Quitte à déprimer en silence, autant être resplendissante pour porter ce joli masque d’hypocrisie qui faisait croire que je me moquais éperdument de la situation et que ça ne me dérangeait pas tant que cela, alors que j’aurais claquer toutes mes économies pour la personne qui aurait une idée génialissime pour nous sortir de ce pétrin. Enfin. Sauf celles que je réservais à ma tante toujours dans le coma bien sûr. Visiblement, Jae Hwa sembla apprécier ma proposition pour le champagne, tout comme ma brillante idée pour la bague, à croire que lui aussi avait besoin de noyer son chagrin dans l’alcool. On se retrouverait peut-être à chanter des chansons à tue-tête dans le monde des bisounours au final. Mouais. Non. On parlait de Jae Hwa là quand même, mon supposé fiancé dont la vue m’indisposait au plus haut point. C’était à se demander comment un type aussi agaçant pouvait être le cousin d’une de mes meilleures amies. Prenant conscience du fait que nous allions restés assis encore un bon moment, j’ôtai les hauts talons de mon amie, et m’assis sur le canapé, les jambes sur le côté, un peu comme une sirène.

Suite au compliment du jeune homme lancé à la dérobée, ce dernier s’installa également de manière plus confortable. J’eus à peine le temps de me servir une seconde coupe – toutefois pas la dernière selon moi – qu’il reprit la parole, à ma grande surprise. Je fronçai les sourcils. Ainsi, Monsieur avait eu le courage inouï de faire part de ses protestations concernant notre potentielle union. Toutefois, même s’il en avait touché deux mots à son paternel, cela n’avait visiblement pas eu beaucoup d’effet. Je me mordillai les lèvres, cachant mon dépit comme je pouvais. Mon dernier espoir venait de s’effondrer, d’ordinaire, je m’en sortais toujours parce que je finissais par scandaliser mon prétendant, si bien qu’il suppliait ses parents d’annuler les fiançailles et bye bye les ennuis ! Mais là, je me trouvais dans une impasse. Si le père de Jae Hwa tenait à ce mariage coûte que coûte, nous étions mal barrés, d’autant que j’étais sûre que je n’étais pas en mesure de choquer mon fiancé, même si beaucoup auraient pensé que j’avais une conduite des plus déplacées. Je n’avais plus qu’à m’en remettre à la chance ou à une autorité céleste suprême.

« Comment te dire ?, lui répondis-je d’un ton blasé, j’ai coupé les ponts avec mes parents. Je ne veux plus les voir. Enfin, je leur ai dit que je ne voulais mais bon, comme ils s’en moquent comme d’habitude, ça ne fait pas une grande différence. Ils sont une cause perdue de toute façon. ». Il n’y avait pas d’autre expression plus adéquate pour qualifier mes géniteurs. Ils étaient dans leur bulle, dans leur petit monde bien organisé, bien structuré comme ils le souhaitaient et ils ne voulaient rien savoir des choses qui ne rentraient pas dans leur moule. Triste comme constat, mais bien réel hélas. J’aurais beau leur faire des discours éloquents sur l’importance du fait selon lequel un mariage se réfléchit et ne se prend pas à la hâte et comme quoi j’avais encore du temps devant moi, ils ne voudraient rien entendre. Ils avaient tellement peiné à me trouver un partenaire qui ne serait pas indigné par ma conduite qu’ils ne voulaient pas risquer de le perdre me semblait-il. L’effet boomerang en somme. En attendant, je me trouvais dans une impasse et cela ne m’enchantait guère.

Je jetai un coup d’œil au petit chat bien installé sur le canapé dans son petit coin, visiblement endormi. J’aimerais tant pouvoir être à sa place, ce devait être bien, et puis au moins, quand on était un chat, personne n’essayait de vous forcer à épouser quelqu’un que vous n’aimiez pas. Peut-être devrais-je m’enfuir à l’étranger ? Mais encore une fois, rien ne me garantissait que mes parents ne se vengeraient pas sur les jumeaux, tout juste entrés à l’université. Je ne pouvais rien tenter sans risquer qu’ils n’en paient les conséquences. Cela me fit lâcher un long soupir, après avoir fini ma coupe, que je reposai d’un air las. L’alcool ne m’aiderait certainement pas à trouver un énième plan tordu pour sauver ma peau. Comment pourrions-nous procéder ? « Dis, tu n’aurais pas eu la brillante idée de mettre une fille enceinte par hasard ? Non parce que si tu as une jolie histoire du genre à sortir, c’est le moment idéal ! ». Aussi bizarre cela pouvait-il paraître, je le voyais bien avoir ce genre de souci, à vrai dire, je voyais bien Jae Hwa être un vrai coureur de jupon, à tort peut-être cela dit. Allez, Jae Hwa, trouve-moi une jolie anecdote pour tout compromettre ! A vrai dire, j’en aurais bien monté une moi-même mais, si c’était moi qui faisait encore tout rater, je n’étais pas certaine que mes parents resteraient sagement regarder leur nouvel échec…

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Après une petite joute verbale pour essayer de piquer l’autre, nous finissons par déprimer et nous résigner à notre sort. Enfin nous ne le faisons pas de manière claire, non nous sommes tous deux beaucoup trop fiers pour cela mais même lorsque l’on se taquine sur ses fiançailles, une certaine lassitude est perceptible. Ce n’est pas pour rien si Katherine nous a ramené une bouteille de champagne, sûrement pour noyer sa déprime dans l’alcool. Je ne suis pas un grand buveur mais cette fois ci je me laisse aller. Une coupe ou deux ne me feront pas de mal. Ne voulant pas continuer trop longtemps cette petite guerre ridicule à nous envoyer des piques, je préfère aborder sérieusement le thème de nos fiançailles et informe la jeune femme que j’ai déjà avertie mes parents de mon refus mais que mon père semble y tenir. Je lui demande ensuite qu’en est-il des siens. Rien qu’à voir la mine qu’elle affiche je devine que ce n’est pas mieux…

« Comment te dire ? J’ai coupé les ponts avec mes parents. Je ne veux plus les voir. Enfin, je leur ai dit que je ne voulais mais bon, comme ils s’en moquent comme d’habitude, ça ne fait pas une grande différence. Ils sont une cause perdue de toute façon. ».

- Je vois

Pour le moment je ne trouve pas d’autres mots à ajouter. Je m’enfonce encore plus dans le canapé et commence à réfléchir. Cela paraît bête car on pourrait dire que nous n’avons qu’à dire non et ça ira, mais c’est faux. Mes parents, enfin surtout mon père est capable et il le fera, il va lancer les préparatifs et m’emmènera lui-même à la mairie. Bien sûr je peux toujours prononcer un magistral « non » devant le maire mai alors là je peux vous assurer que ça ne sera que le début des ennuis. Lui faire dépenser autant d’argent et le faire remarquer comme ça devant du monde, je peux vous assurer que je paierais cher cet affront. Toutefois, je suis capable de le faire. Après tout, il n’a qu’à arrêter à être aussi têtu. Mais je dois avouer que pour mon image cela serai très mauvais. Certains diront que j’ai bien fais car au moins ça prouvera que je sais ce que je veux mais surtout, beaucoup diront que je suis irrespectueux, indigne de confiance et j’en passe. Ma carrière dans les affaires s’en trouverait bien affecter. Pour des personnes qui ne font pas partie de la haute, on pourrait croire que j’exagère mais non, les gens qui sont marginaux sont vite écartés.

« Dis, tu n’aurais pas eu la brillante idée de mettre une fille enceinte par hasard ? Non parce que si tu as une jolie histoire du genre à sortir, c’est le moment idéal ! »

La voix de Katherine vient subitement me tirer de mes pensées. Je la regarde quelques instants avant de reprendre la parole.

- Non désolé. Et la seule fille qui aurait pu nous sauver mon père l’a fait partir…

Il n’y a qu’une seule et unique fille qui a compté pour moi jusqu’à présent. J’en étais fou amoureux depuis le lycée. Nous sommes sorties ensemble quelques temps sauf que mon père n’approuvait pas notre relation. Et non, malheureusement Eun Ji n’appartenait pas à ma classe sociale, elle était plu pauvre et un riche héritier ne doit sortir qu’avec des jeunes filles de son rang c’est bien connu. Moi je m’en fichais mais mon père ne l’a pas vu ainsi, lorsque je lui ai présenté il a refusé de l’approuver et m’a même demandé de la quitter. J’ai refusé. Mon père nous a alors laissé tranquille, enfin c’est ce que je croyais puisqu’il a tout simplement magouillé dans mon dos, il m’a forcé la main pour partir aux USA disant qu’il veillerait sur Eun Ji en mon absence. En fait non, il en a juste profité pour la faire partir. Comment je ne sais pas, il dit que c’était pour l’argent mais je sais que c’est faux, ce n’était pas le genre de fille qu’on pouvait acheter. Il a dû lui mettre une pression énorme et lui expliqué à quel point elle serait un fardeau pour moi, oui je pense que c’est ce qu’il a fait. La culpabilité marche avec les gens gentils. Enfin je ne l’ai plus revu mais c’est sûr que si je la retrouvais maintenant je pourrais tenter quelque chose…

- Hum… En tout cas c’est une bonne idée ce que tu dis… Si je trouve quelqu’un pour jouer le jeu, je pourrais rompre ses fiançailles…

Je regarde alors Katherine avec un petit sourire, le premier depuis son arrivée.

- A moins qu’on accepte leur proposition et qu’on leur montre à quel point nous sommes incompatibles ?

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Je devais bien être désespérée pour en être arrivée à demander de l’aide à Jae Hwa. Sans rire, je ne pensais pas qu’un jour j’en viendrais à lui proposer une alliance pour sauver nos peaux. Mais ce ne pouvait pas être une mauvaise idée, bien que je regrette immédiatement mes mots sitôt après les avoir prononcés. J’avais beau me dire qu’au fond, nous serions plus forts si nous unissions nos forces, cette idée me plaisait très moyennement. J’avais comme un problème à être amicale avec mes fiancés et les prétendants que m’envoyaient mes parents en général, parce qu’il me semblait que d’une certaine façon, ils contribuaient à mon malheur, même si je prenais bien conscience que parfois c’était aussi malgré eux. Et c’était précisément le cas de Jae Hwa, il n’avait pas plus envie que moi de se voir passer la bague au doigt pour le moment, et encore moins par quelqu’un qu’il connaissait peu. Bref, me faisant violence, je tentai de me convaincre que j’avais bien fait de lancer cette hypothèse, car, au fond, nous ne pouvions pas nous nuire davantage avec le plan tordu de nos parents. Attristée par le fait d’être impuissante face à la situation pour une fois, je me levai à nouveau, prête à aller chercher une boisson non alcoolisée dans le frigo de Hye Ri. Si je continuais à agir de la sorte, elle allait me tuer à son retour.

A peine eus-je la limonade en main que Jae Hwa ne me fournisse la réponse à ma question. Je lâchai un profond soupir en revenant vers le salon, l’air abattu. Le pauvre. Sincèrement, j’avais l’impression que je commençais à éprouver une certaine compassion envers lui. Non seulement il était coincé dans des arrangements malsains comme moi, mais en plus, son père l’avait visiblement empêché d’être avec la fille qu’il aimait. Triste. J’en vins à penser que ce n’était peut-être pas si grave en fin de compte si je ne tombais pas amoureuse pour le moment, du moins, pas tant que mes vieux ne me fichaient pas la paix. J’imaginais déjà les stratagèmes immondes qu’ils pourraient mettre au point pour faire fuir le garçon en l’occurrence. Les parents riches étaient décidément une plaie monstrueuse pour leurs enfants et, si la situation avait été différente, j’aurais sûrement passé ma main sur l’épaule du jeune homme pour le réconforter. Mais bon, on n’allait pas abuser de ma bonté non plus. A la place, je me servis un verre de limonade, bien plus apte à faire germer une idée géniale que le champagne.

Mes yeux s’illuminèrent quand mon vis-à-vis rebondit sur ma suggestion. Non seulement il venait de dire que mon idée était bien mais en plus, il songeait à trouver une fille qui accepterait de jouer le jeu. C’était une bonne idée oui s’il parvenait à débusquer une telle fille, le problème majeur étant qu’on ne pouvait pas compter sur Hye Ri, car cette dernière était sa cousine et donc, elle ne duperait pas les parents du fiancé. Peut-être qu’une de mes amies accepterait de se sacrifier pour le bien de ma vie amoureuse ? Hum hum… Avec l’aide de Hye Ri, je pourrais peut-être réussir à convaincre Hae Mi… A suivre. J’esquissai une petite grimace en écoutant la seconde proposition de Jae Hwa. « Déjà essayé, l’informai-je, mes parents me tueront s’ils voient que j’essaie de tout gâcher. En fait, si ce n’était que ça, ce ne serait pas vraiment grave, j’adorerais qu’ils me déshéritent à vrai dire. Mais bon, ils sont tellement tarés qu’ils sont capables de s’en prendre à mon frère et ma sœur si je ne leur obéis pas sagement… ». Le jeune homme comprendrait ainsi un peu plus dans quelle situation délicate je me trouvais et ainsi pourquoi je n’avais pas déjà ruiné les fiançailles depuis le départ.

« Par contre, repris-je après avoir bu une gorgée de limonade, on peut faire un mixe des deux. Je t’explique. On joue effectivement le petit couple parfait, genre les ados rebelles qui se sont rendus compte qu’en fait ils étaient faits l’un pour l’autre et qui nagent sur un petit nuage. Mais ! Un jour décisif, genre un repas avec les vieux ou même la cérémonie si on est assez fous pour tenir jusque-là, on fait intervenir la fille et, désolé pour toi, du coup tu passes pour le « goujat » qui a abusé de mon pauvre petit cœur. Mariage fichu. ». Mon sourire n’avait cessé de grandir au fur et à mesure que j’avais exposé mon plan à Jae Hwa, à croire que ce dernier m’avait contaminé avec sa bonne humeur soudain retrouvée. J’étais heureuse. A deux, nous parvenions enfin à essayer d’esquisser un brouillon de plan machiavélique pour déjouer les projets de nos parents. Evidemment, Jae Hwa risquait de souffrir plus que moi de la situation, vu que c’était lui qui passerait pour le salaud dans l’histoire. Restait donc à voir s’il était prêt à assumer ce rôle. Sinon, nous n’aurions plus qu’à ajuster des détails ou trouver une autre idée pour réussir à gâcher tout cela.

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Finalement il semblerait que Katherine et moi allons nous aider mutuellement pour mettre un terme au plan de nos parents. Bien que nous soyons "ennemis" avec la demoiselle cela résulte de la faute de nos parents qui nous force à nous unir contre notre gré. Mais au final, les vrais ennemies ce sont nos parents alors pourquoi ne pas s'allier ? Surtout que si on continue chacun de notre côté, je vais vraiment finir par lui passer la bague au doigt. Je pourrais dire qu'il y a pire comme épouse mais... Non, impossible avec un caractère pareil, on ne peut pas trouver pire...

Tandis que Katherine se lève une nouvelle fois pour aller chercher une boisson, je réfléchis à ce qu'elle m'a dit. S'il n'y a pas une fille que j'aurais mise enceinte. Fort heureusement non, bien que cela aurait pu nous sauver. Je lui répond donc par la négative mais rebondit aussitôt avec une nouvelle idée qui pourrait peut être faire annuler ces fiançailles. Ma joie et mon espoir disparaissent lorsque Katherine réfute mon idée. Ce n'est pas qu'elle est contre, c'est juste qu'apparemment elle a déjà essayé ça et qu'elle va avoir des problèmes si elle recommence. Enfin elle s'inquiète surtout pour ses frères et sœurs. J'ignorais qu'elle en avait et je trouve cela bien qu'elle leur porte de l'attention. Elle n'est pas si mauvaise dans le fonds, elle a juste un caractère explosif en fait.

« Par contre, on peut faire un mixe des deux. Je t’explique. On joue effectivement le petit couple parfait, genre les ados rebelles qui se sont rendus compte qu’en fait ils étaient faits l’un pour l’autre et qui nagent sur un petit nuage. Mais ! Un jour décisif, genre un repas avec les vieux ou même la cérémonie si on est assez fous pour tenir jusque-là, on fait intervenir la fille et, désolé pour toi, du coup tu passes pour le « goujat » qui a abusé de mon pauvre petit cœur. Mariage fichu. ».

Je souris en l'écoutant m'exposer son idée et penche légèrement la tête sur le côté avant de reprendre.

- En fait, ça t'amuses de me faire passer pour le goujat de l'histoire n'est-ce pas ?

Ce n'est pas du tout un reproche, au contraire ça m'amuse.

- Mais j'adhères à ton idée. Enfin à un détail prés... On ira pas jusqu'à la cérémonie. Cela va représenter un coût énorme puisque connaissant nos parents ils vont vouloir en mettre plein la vue et si je fais tout foirer ce jour là, je crois que je serais vraiment déshérité... Ce n'est pas que je suis accro à l'argent, ni rien... Mais je dois avouer que me faire virer de l'entreprise familial ne me ferait pas plaisir. D'autant plus que les gens bavardent et j'ai bien peur que cela me porte préjudice pour trouver du travail ailleurs...

Je suis du genre prévenant, les gens de la haute sont tous des commères et ils sont très attachés aux apparences. Si jamais je me colle une étiquette de goujat qui fait annuler un mariage le jour de sa cérémonie... je crois que je peux changer de pays car ce n'est pas demain la veille qu'on voudra travailler avec moi.

- Hum, en revanche je peux m'assurer de le faire foirer seul. Si tu veux tu peux jouer la fiancée amoureuse et je serais le gendre détestable. Tes parents n'accepteront sûrement pas de te laisser entre mes mains, non ?

Je me redresse dans mon fauteuil pour me mettre bien face à Katherine.

- Alors marché conclu ?

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Si on m’avait dit que voir Jae Hwa ce jour-là à la place de Hye Ri aurait illuminé ma journée, je ne l’aurais assurément pas cru. Du tout. Je devais reconnaître que sur ce coup, il allait potentiellement sauver ma peau, et la sienne au passage quand même, sinon je doutais qu’il me serait venu en aide. Jamais je n’aurais pensé que ce petit idiot était capable de faire germer une idée génialissime, même si c’était moi qui l’avais peaufinée pour que nous puissions tous les deux sortir indemnes de cette histoire. Enfin presque, puisque le jeune homme allait sûrement devoir essuyer quelques engueulades bien pimentées si on s’en tenait à ma version du plan, puisqu’il allait littéralement passer pour le salop de service. De plus, tant que nous n’avions pas de candidate pour jouer la petite-amie cachée de Jae Hwa, le plan ne demeurerait qu’un joli rêve qui ne deviendrait jamais réalité. Je sentais qu’après ce petit entretien nous allions tous deux sauter sur notre carnet d’adresses pour contacter le plus de personnes possibles susceptibles d’accepter de nous rendre ce petit service. Prions pour qu’une âme charitable se dévoue pour cette tâche, sans quoi, nous étions bons pour finir nos jours dans le désarroi le plus complet.

Je haussai les épaules avec désinvolture quand mon vis-à-vis m’accusa de me réjouir que ce soit lui qui passe pour le méchant dans l’histoire. Pas spécialement. Pour être franche, j’aurais adoré pouvoir le faire afin de traîner la réputation de mes parents dans la boue le plus possible, ça leur aurait fait les pieds. Mais, tant que les benjamins de ma fratrie n’auraient pas pris leur envol du foyer familial, j’étais coincée. Je devrais peut-être monter une mutinerie fraternelle, ça pourrait être amusant et au moins, je serais enfin libre de mes mouvements. A voir. Pour l’instant, en vue du mariage, mes parents faisaient leur possible pour m’empêcher de leur parler alors, je n’avais plus qu’à être patiente. Je ne pus retenir un rire franc quand Jae Hwa me précisa qu’il ne tenait pas à aller jusqu’à la cérémonie de mariage. Aucun problème là-dessus, les robes de mariées ne me faisaient pas particulièrement saliver pour le moment, je pouvais attendre encore un peu. Je comprenais tout à fait son point de vue, le fait de faire dépenser des sommes énormes pour rien était en effet un peu limite tout de même, même si encore une fois, ça ne m’aurait posé aucun problème concernant mes parents. Ce n’était pas moi qui leur avais demandé un mariage aussi chic. Si Jae Hwa ne voulait pas éternellement se brouiller avec ses géniteurs et s’il avait l’intention d’hériter de l’entreprise familiale, je pouvais comprendre qu’il ne veuille pas aller trop loin, bien que son attitude me plaise moyennement. Etre si dépendant de ses parents me faisait toujours tiquer mais puisqu’il devait être dans mon camp, je ne relevai pas.

En revanche, je souris de toutes mes dents quand il me suggéra par la suite de jouer la fiancée complètement amoureuse et lui le garçon qui n’avait aucune envie de se marier. Ça pouvait se faire. Bien sûr, j’allais devoir essayer de paraître la plus naturelle possible, puisque malgré tout, mes parents me connaissaient plutôt bien et donc, ils ne devaient pas penser qu’un truc se préparait. Jouer l’amoureuse niaise, mais pas trop quand même, juste ce qu’il fallait. « Ça me va. Enfin, je ne vais pas faire trop cruche non plus, sinon ce sera flagrant. Mais ton attitude pourrait déjà faire douter ma mère. Concernant mon père, je pourrais me marier avec le type le plus détestable du monde qu’il s’en ficherait, pourvu qu’il ait un gros porte-monnaie. ». C’était triste mais c’était la réalité. Me marier en sachant que je serais malheureuse toute ma vie n’était pas un problème pour un homme qui laissait sa propre sœur dans le besoin alors qu’elle avait besoin de son aide. Mon père était incontestablement le type le plus flippant que je connaissais, et le plus répugnant également. Jae Hwa avait plus de chance d’atteindre ma mère que lui, c’était certain.

De nouveau de bonne humeur donc, je repartis sans prévenir dans la chambre de Hye Ri, laissant ainsi mon interlocuteur en plan alors qu’il m’avait demandé si notre accord était conclu. Désormais, vu la tournure des choses, je n’avais plus besoin de me saouler au champagne dans une robe chic et des échasses hors de prix. Enfin, je le supposai, elles étaient belles ces chaussures et vu la famille de Hye Ri, mon amie devait sûrement avoir des goûts de luxe. Je remis donc mes précédents vêtements, beaucoup moins classes, mais pris quand même le soin de ne pas remettre ma casquette à l’intérieur de l’appartement. Sur ce, je me rassis face à Jae Hwa avant de tendre la main à ce dernier et, voyant qu’il ne réagissait pas, je lui pris la main et la serrai pour sceller notre alliance. « Marché conclu ! A présent, nous sommes partners in crime ! » M’exclamai-je joyeusement. Un héritier tel que lui ne devait avoir aucun mal à comprendre l’anglais après tout, enfin, ce n’était qu’une simple hypothèse. « Bon, le plus important maintenant. Qui va jouer ton amoureuse désespérée qui va tout faire foirer ? ». Autant se poser la question quand nous étions encore à deux pour y réfléchir, nous aurions plus de matière à deux que tout seul. Et puis, au moins, je pourrais lui demander son avis si c’était sur l’une de mes amies que nous devions compter. Heureusement que j’avais une photo de chacune d’elles dans mon téléphone…

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Après s'être envoyé quelques piques pour se mettre en forme nous avons fini par trouver un consensus. Il faut dire qu'en ayant des ennemies communs à savoir nos parents, il aurait été stupide de continuer à nous faire la guerre entre nous d'autant plus que nous souhaitons tous deux mettre un terme à ses fiançailles. Nous avons commencer par ironiser la situation, nous avons déprimé mais au final à force de réfléchir nous sommes parvenus à trouver une solution. Je vais jouer les exécrables fiancés et Katherine jouera les gentilles petites amies qui accepte tout ou presque tellement qu'elle est amoureuse. Le but n'est pas du tout de la rendre naïve ou autre. Non, ce qui compte c'est que ses parents croient qu'elle a changé ou du moins accepté ses fiançailles mais que l'élément perturbateur c'est moi. De cette manière ils éviteront de l'ennuyer et ses frères et sœurs seront tranquilles aussi. Attendez une seconde... je suis en train de compatir et d'arranger cette fille qui à la base m'énerve... Je dois être fou... ou peut être plus attentionné que je le laisse paraître...

« Ça me va. Enfin, je ne vais pas faire trop cruche non plus, sinon ce sera flagrant. Mais ton attitude pourrait déjà faire douter ma mère. Concernant mon père, je pourrais me marier avec le type le plus détestable du monde qu’il s’en ficherait, pourvu qu’il ait un gros porte-monnaie. ».

- Oui, je ne te voyais pas non plus dans un rôle trop naïf. Pour ta mère c'est parfait, en revanche ton père posera plus de problème... Il faudra peut être que j'ai l'air dépensier et que je lui montre un désintérêt pour les affaires... Enfin, on verra quand on y sera...

C'est vrai qu'en y réfléchissant, je n'ai pas encore rencontrer ses parents donc cela sera de la pure improvisation. Hum, je tâcherais d'être correct aux premiers rendez vous puis je montrerais une mauvaise facette pas la suite. De cette manière ils me prendront pour un manipulateur et... Ah quand je pense que je vais ternir mon image... Ce n'est pas que je sois superficiel mais me montrer sous un mauvais jour exprès ne m'enchante pas vraiment. Mais puisque la situation l'exige...
Maintenant qu'on a réussi à s'accorder, je demande une nouvelle fois de manière plus formelle si notre marché et conclu. En guise de réponse, la charmante Katherine me laisse en plan pour repartir une nouvelle fois en direction de la chambre de ma cousine. Je ne sais pas ce qu'elle trafique là bas mais j'espère qu'elle ne met pas le bazar. Au bout de quelques minutes, la jeune femme revient habillé de nouveau avec ses vêtements hip-hop et s'installe en face de moi. Elle me tend alors sa main que je regarde avec un air perplexe puis voyant que je ne réagis pas elle saisit une des miennes pour la serrer et ajoute que notre marché et conclu.

- Partners in crime ?!

Je souris face au nom que Katherine à trouver pour notre petit duo.

- Oui, je crois que cela nous décrit bien

Elle me lâche la main et pose ensuite une question cruciale, qui va jouer mon amoureuse.

- Bonne question... Je n'ai pas vraiment d'idée pour le moment et je demanderais peut être à une des amies de ma cousine...

Ce n'est même pas le peine de compter sur les quelques filles que je connais qui font partie de la haute. Elles n'accepteront pas ou alors je leur devrais quelque chose en échange et vu le caractère de certaines je préfère éviter...

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Non mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?!

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Les choses connaissaient un agréable retournement de situation. Non seulement j’avais de bonnes chances ne pas me retrouver mariée à un idiot – pardon Jae Hwa – que je n’aimais pas et ainsi avoir une occasion de ne pas finir malheureuse jusqu’à la fin de mes jours mais en plus, j’avais conclu une alliance des plus inattendues. Il fallait dire que pour nous deux, faire annuler ces fiançailles à la noix était la meilleure solution, pour l’un, comme pour l’autre. Dans le meilleur des cas, notre « couple » aurait tenu un an avant que nous ne cherchions tous deux à aller voir ailleurs et à nous tromper sans gêne. Même si j’étais sûre que Jae Hwa n’aurait pas été dérangé par cette situation comme moi, les commères du milieu aisé se seraient régalées de notre malheur et de notre conduite scandaleuse à souhait pour des gens comme eux. Autant faire chemin chacun de notre côté et, qui sait, dans un élan de bonté, je lui présenterais peut-être mon copain un jour. Si je parvenais à en trouver un jour. Ahem. Peut-être Jae Hwa avait-il des amis à me proposer ? Je chassai aussitôt cette idée de mon esprit, pressentant d’avance que ses amis devaient tous être des garçons pleins de sous et donc, peu fréquentables. De toute évidence, je n’étais pas destinée à flasher sur un homme qui venait d’une famille riche…

Cela ne me déplut quand Jae Hwa acquiesça mon commentaire sur le fait que je ne devais pas paraître idiote pour que ce soit plus crédible. Je ne m’y attendais, il aurait pu insinuer qu’au contraire, cela ferait tout à fait naturel pour me taquiner, mais non. Dans un sens, s’il reconnaissait que je n’étais pas une pauvre fille naïve, il devait insinuer que j’étais quand même plutôt intelligente. Tordu comme raisonnement je sais, mais, même un compliment indirect et bien déguisé suffisait à me faire tiquer de sa part. Je notai cela dans un coin de ma tête, prête à le ressortir si jamais il osait dire que j’étais stupide pour x raison. Et mes yeux s’étaient illuminés de joie quand il me suggéra que paraître dépensier et mauvais pour les affaires. C’était exactement ce qu’il fallait pour terroriser le vieux ! Finalement, je devrais revoir mon avis sur ces fiançailles. Non. Je ne me voyais pas épouser Jae Hwa, ou quelqu’un dont je n’étais pas amoureuse en général de toute façon. En revanche, je commençais à étudier le fait de nouer peu à peu une complicité et une amitié potentielle avec le jeune homme. Après tout, si c’était le cousin de Hye Ri, je serais amenée à le revoir quand même d’une manière ou d’une autre.

Son expression surprise quand je lui sortis la superbe expression « partners in crime » me fit sourire. J’eus d’abord un doute sur le fait qu’il avait compris le sens de cette désignation mais quand il me sourit en ajoutant que cela nous définissait bien, je fus rassurée. Finalement, il n’était pas si mal, si déjà il comprenait l’anglais, cela lui faisait gagner des points dans ma liste d’amis potentiels. Oui j’avais une liste d’amis potentiels en tête et alors ? Sur le coup, j’eus presque envie de lui proposer de faire un check, mais je me ravisai. Nous n’étions tout de même pas encore si proches tout de même, un peu de modération. De plus, je préférais ne pas trop m’avancer puisque je préférais m’assurer que Jae Hwa coopérait tout à fait une fois face aux parents. Je ne savais pas pourquoi, j’avais quand même du mal parfois à faire confiance aux gens sur parole mais j’espérais que je pouvais réellement compter sur lui. Après tout, il y avait tellement de gens dans le milieu qui étaient mal attentionnés et qui avaient un don pour manipuler les autres sans hésitation. Pas la peine de se demander après pourquoi je tenais à rester éloignée de ce type de personnes.

Je me pinçai nerveusement la lèvre quand mon interlocuteur m’avoua ne pas en savoir plus que moi sur l’identité de sa fausse petite-amie qui nous aiderait à tout faire foirer. J’avais bien quelques noms qui me trottaient en tête mais j’avais d’abord voulu avoir son avis, puisqu’il était évident que cela aurait plus confortable pour lui s’il connaissait la fille avec qui il allait devoir jouer la comédie. Or, cela semblait compromis pour le coup. Vu qu’il envisageait déjà de faire appel à Hye Ri pour qu’elle persuade une de ses amies de s’en occuper, il me paraissait évident que j’allais devoir chercher de mon côté pour le coup. Hye Ri étant mon amie, nous avions des amies en commun et, si nous pouvions compter l’une de nos plus proches complices, ce serait l’idéal. J’en conclus tout à coup que je n’avais par conséquent plus besoin de Jae Hwa désormais et regardai ma montre. Hye Ri ne devrait plus tarder.

« Bon eh bien je pense que tu as suffisamment occupé mon temps en l’absence de ta cousine, dis-je pour l’interpeller, avant de me lever et venir vers lui pour lui attraper le bras, afin de le forcer à se lever, je crois donc qu’elle ne t’en voudra pas si tu es parti un peu avant son retour. Ne t’en fais pas, je t’appellerai, elle doit connaître ton numéro par cœur en bonne cousine non ?, poursuivis-je en le conduisant peu à peu vers la porte, sans me soucier vraiment de son consentement, ton amoureuse est un sujet sur lequel Hye Ri et moi allons travailler donc zou ! Tu auras l’information d’ici quelques jours, patience. Ah, m’interrompis-je une fois devant la porte en le lâchant, et j’attends ma bague comme convenu bien entendu. ». Je le gratifiai d’un joli sourire amusé, presque diabolique, avec un regard qui laissait entendre que j’étais sérieuse. Il pouvait bien faire ça non ? Sinon, je pouvais toujours fouiller dans mes bagues personnelles mais cela ferait toujours moins crédible qu’une bague de fiançailles authentique. Et puis ça accentuerait son côté dépensier, puisqu’un garçon qui achetait une bague hors de prix pour une fille qu’il n’aimait pas était forcément quelqu’un de pas très net dans ses dépenses. Mais je ne comptais pas non plus le forcer sur ce coup-là. Pour l’instant, tout ce que je voulais, c’était qu’il décampe pour conter mes misères à ma chère amie qui allait m’aider dans mon périple. Elle avait bien promis de m’épauler si jamais on m’envoyait un nouveau prétendant non ?

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Qu'est-ce que tu fiches ici ?

Avec Kat' <3

« Bon eh bien je pense que tu as suffisamment occupé mon temps en l’absence de ta cousine »

Avec un air surpris, Jae Hwa observe Katherine et sans avoir le temps de lui répondre cette dernière le force à se lever.

« Je crois donc qu’elle ne t’en voudra pas si tu es parti un peu avant son retour. Ne t’en fais pas, je t’appellerai, elle doit connaître ton numéro par cœur en bonne cousine non ? »

« Oui et bien… »

C’est sans le laisser parler que Katherine l’emmène subtilement vers la porte pour le mettre dehors. Il a bien compris le message, maintenant qu’ils ont élaborés leur plan elle le fiche dehors pour pouvoir rester qu’avec sa cousine. Bon cela ne le dérange pas plus que cela, après tout ce n’est pas comme si Katherine était sa meilleure amie.

« Ton amoureuse est un sujet sur lequel Hye Ri et moi allons travailler donc zou ! Tu auras l’information d’ici quelques jours, patience. Ah, et j’attends ma bague comme convenu bien entendu. ».

« Ne t’en fais pas, tu l’auras ta bague »

Il l’a gratifie d’un sourire malicieux avant de s’en aller et ce n’est que quelques minutes après le départ de mon cher cousin que je suis de retour. Katherine n’aurait pas eu à attendre bien longtemps. Comment je le sais ? Je l’ai croisé dans la rue à quelques pas de l’immeuble et il m’a expliqué la manière dont il s’est fait mettre à la porte ce à quoi je n’ai pas compatis et me suis plutôt rangé du côté de Kath’. Il fallait bien que je l’embête un peu. Bien j’ai assez fait languir mon amie et c’est presque en courant que monte ces interminables escaliers. L’ascenseur était déjà pris et puis j’aime le sport donc ça ne me dérange pas. Toutefois, je dois avouer qu’au rythme où j’ai monté les marches, je suis un peu essoufflée une fois en haut mais arrivée devant la porte je retrouve rapidement mon sourire et entre sans me faire prier.

« Annyeong ! »

Tout en me dirigeant vers le salon je laisse au passage mes affaires, à savoir mon sac à main et mes dossiers, sur un meuble puis je vais aussitôt faire un câlin à mon amie pour la saluer.

« Comment tu vas ? Désolé, j’ai été appelé à la dernière minute pour m’occuper de la défense d’un imbécile de voleur de supérette et je n’ai pas pu te prévenir à cause du petit incident avec l’aquarium et mon téléphone… »

Je n’en dis pas plus puisque je suppose que mon cher cousin a dû l’en informer. Je pousse un long soupire avant de me diriger vers la cuisine pour y récupérer un verre d’eau. Toute cette histoire m’a donné soif. Avant de me servir je me tourne quand même vers Katherine pour savoir si elle veut boire quelque chose et c’est à ce moment là que je remarque les verres et bouteilles sur la table du salon. La vue de la bouteille de champagne me fait rire.

« Mon absence était si dure à combler que tu as trouvé du réconfort dans l’alcool ? »

Je continue de sourire en me servant un verre d’eau que je bois ensuite d’un traite. Si je lui en veux d’avoir pris une bouteille d’alcool ? Pas du tout. Katherine est une personne chère que j’apprécie fortement et elle sait qu’elle n’a pas besoin de se gêner avec moi alors risque pas que je lui fasse la tête pour une bouteille.

« Je suis contente de te voir, ça a été avec mon cousin ? Il est assez timide et froid, du coup la discussion n'est pas son fort lorsqu'il ne connait pas la personne. Mais quand on apprend à le connaître on s’aperçoit qu’il est charmant »

Mon verre d’eau m’a fait du bien, j’en avais bien besoin. Je retourne ensuite dans le salon pour m’y installer avec Kath’.

« Aigoo ! J’avais oublié, il faut que je te parles d’un truc… »

Rien que de penser au sujet que je vais aborder j’affiche une mine dépitée, s’il y a bien un sujet qui me fatigue c’est celui là, le sujet « Chamallow ».

« Tu te souviens de notre sortie plage ?! Hae Mi avait laissé sous entendre pour plaisanter, ce qui était vraiment de mauvais goût, que je sortais avec cet imbécile de chamallow… et bien moi qui pensais être débarrassée de ce pot de colle ambulant… c’est raté ! »

Je marque une légère pause le temps de soupirer et me laisser maudire mes parents. Oui mes parents car ils ne sont pas étrangers à mes malheurs ! Captant le regard curieux de Katherine qui attend que je l’éclaire plus sur la situation, je reprends donc mon récit.

« Mes parents et les siens ont eu la charmante idée d’envisager des fiançailles. Sauf qu’ils nous ont laissés le choix et que j’ai rejeté avec force cette idée. Ses parents s’en sont retrouvés vexés et on aurait pu en rester là mais non ! Ce chamallow de malheur s’est habilement arrangé pour que nous devenions amis et je lui dois trois rendez vous que je ne peux pas refuser… »

Rien que d’y penser ça m’énerve, mais bon la bonne nouvelle c’est que je ne compte pas me laisser faire et mettre le bazar lors de ces rendez vous.

« Ah oui et tiens toi bien… C’est lui qui décide de quand et où l’on doit se voir. N’est-ce pas géniale ?! »

Bien entendu je suis ironique et pas du tout enchantée par la perspective de devoir sortir avec Yo Han. Repérant qu’il reste encore du champagne dans la bouteille je nous en sers un verre chacune et boit le mien d’une traite. En temps normal je n’aime pas boire comme cela mais là, j’en ai besoin.

« Tu m’excuseras pour ce long monologue mais j’avais besoin d’en parler à quelqu’un. Et puisqu’on s’était promis de nous mettre au courant de l’arrivée de boulet dans nos vies, je l’ai fais… »

Avoir raconté tout mes malheurs à Kath’ m’a fait du bien, c’est d’ailleurs pour cela que je l’avais fait venir. Enfin je ne l’ai pas fait venir seulement pour me plaindre. Pas du tout. D’abord je voulais la voir parce que je l’aime beaucoup et ensuite je comptais lui raconter mes malheurs afin de pouvoir comploter ensemble.

« Et toi comment tu vas ? Un boulet à l’horizon ou tout va bien ? »

Ce n’est pas parce que je suis partie dans un petit monologue que je ne me soucis pas de Katherine, au contraire. J’aime quand nous discutons ensemble et conter nos problèmes pour les résoudre ensemble fait partie du travail d’un ami n’est-ce pas ?

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Non mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?!

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Je n’y étais pas allée en douceur. Voilà plusieurs minutes que j’avais mis Jae Hwa à la porte sans autre forme de procès et je commençai à éprouver des remords concernant mon attitude. Peut-être avais-je été un peu trop dure avec lui ? Je secouai la tête. Non, lui-même avait répondu à ma petite vanne sur la bague, en me promettant de m’en offrir une. Oh yeah. Je n’allais pas jusqu’à dire qu’avoir une bague me réjouirait pour jouer la fiancée éprise de son promis alors que celui n’en avait que faire, mais bon, je considérais cela comme un petit bonus qui compenserait les manœuvres terribles que mes parents m’obligeaient à faire pour échapper à leur plan machiavélique. J’aurais au moins gagné cela dans l’affaire dirons-nous. Dès que le jeune homme fut parti, le temps me parut bien long et je me résolus à faire des câlins au chat de Hye Ri, faute de trouver une meilleure occupation. Je ne pouvais même pas lui envoyer un texto pour lui demander quand elle allait arriver. Mais je n’en eus pas besoin, car, elle ne se fit heureusement pas attendre longtemps. A peine ai-je entendu la porte s’ouvrir que je me précipitai à la rencontre de mon amie, cette dernière étant toutefois plus rapide et atteignit le salon plus vite que je n’atteignis l’entrée. Néanmoins, nous eûmes toutes deux le réflexe de nous enlacer en guise de salutation, et je lâchai pour ma part un « Hye Ri ! » plein de joie en réponse à son bonjour. Il semblerait que nous étions aussi impatientes l’une que l’autre de nous retrouver, enfin, comme prévu.

J’eus un rire franc quand elle me raconta qu’elle avait été convoquée pour défendre un imbécile. Je ne connaissais que trop bien cette sensation, la dernière, c’était moi qui avais dû la laisser en plan pour faire le design d’un ensemble de lingerie à l’improviste. Ensemble que j’avais d’ailleurs eu la présence d’esprit de lui ramener, me fondant sur mes tailles pour choisir l’ensemble pour mon amie. Et il était toujours dans le petit paquet que j’avais remporté depuis que j’étais arrivée. Maintenant que j’y songeais, j’étais bien contente que Jae Hwa n’ait pas noté sa présence, ç’aurait été gênant de lui apprendre que j’avais acheté de la lingerie à sa cousine. Ahem. Je levai les yeux au ciel quand mon amie nota la présence du champagne et évoqua son absence comme en étant la cause. « Si tu savais… J’ai cru que je ne survivrais pas à ton absence pendant tout ce temps… J’ai même songé à vider tes réserves d’alcool si besoin… ». Ce qui aurait pu poser problème si mon amie avait voulu préparer une fête cela dit.

Cependant, j’esquissai une grimace quand Hye Ri m’affirma que son cousin pouvait être charmant une fois qu’on le connaissait bien. Ouhlà. Ce n’était pas parce que j’avais accepté un pacte avec le diable que je pensais désormais que Jae Hwa était un type bien, oh non. Disons juste que pour le coup, c’était un allié précieux mais je ne me sentais pas le considérer différemment qu’un gentil garçon riche, un bon petit fils à papa. J’avais beaucoup de mal à me lier d’amitié avec les gens qui se conformaient au système des grandes familles riches et qui possédaient des entreprises de renom. Ces gens me paraissaient si faux que je ne pouvais simplement supporter leur présence. Enfin bon, l’heure n’était pas au débat concernant mon opinion sur Jae Hwa, puisque Hye Ri me fit part de ses propres soucis. Ayant suffisamment discuté des miens avec son cousin, je fus toute ouïe et appris que mon amie était dans le même pétrin que moi. Enfin pas exactement. Le garçon des fiançailles avait tiré parti de son refus pour obtenir trois rendez-vous de ce que je compris. Ouah. La galère. Mais une idée germa dans ma tête alors que Hye Ri s’excusait pour ce long monologue.

« Trois rendez-vous c’est bien ça ? Et il décide du lieu, du jour et de l’heure ? Mais, si j’ai bien tout suivi, rien ne t’oblige à y aller seule n’est-ce pas ? » Dis-je avec un joli sourire qui laissait sous-entendre ce que j’avais en tête. Si Hye Ri n’était pas tenue de se rendre seule à ces fameux rendez-vous, je pouvais toujours m’arranger pour y aller avec elle et décourager le boulet qui lui avait arraché une telle promesse. A sa place, j’aurais tout simplement jeté un verre à la tête du garçon mais bon, Hye Ri avait un tempérament un peu moins impulsif que le mien et en réfléchissant, elle s’en sortait mieux ainsi. Mais rien ne l’obligeait à voir Monsieur Chamallow seule, au contraire, elle pouvait même prétexter que c’était plus sûr de ne pas laisser une jeune fille avec un garçon. Après tout, nous étions en Corée du Sud, jouer la carte de la décence ne lui porterait sûrement pas préjudice. En revanche, j’eus un rire nerveux quand elle me demanda de mes nouvelles. Comment pouvais-je lui annoncer que son cousin et moi étions dans une galère monstrueuse ? En disant simplement la vérité à vrai dire.

« Eh bien comment t’expliquer ? Je suis dans la merde ! Mais bien vois-tu. Mes parents m’ont dégoté un nouveau fiancé et si je fais tout foirer, ils en feront subir les conséquences sur les benjamins, les jumeaux, Mike et Lily, je t’en ai déjà parlé il me semble. Donc je ne peux rien faire, génial non ? ». Mon ton était tout à fait ironique bien entendu. Mais je ne lui avais pas encore raconté le meilleur de l’histoire, ni le petit espoir que j’avais de tout faire capoté malgré cette contrainte. Hihi. « Mais ! Heureusement pour moi, le fiancé c’est… Ton cousin ! Charmant non ? Je pourrais devenir ta cousine par alliance… Mais bon, il est aussi emballé que moi par ce projet donc nous avons conclu une alliance. Je vais jouer la fiancée amoureuse et il s’occupe de jouer le salaud de service. Fantastique non ? ». Oui je venais de lui révéler en même temps que j’étais fiancée à Jae Hwa et que nous nous étions alliés pour ne jamais devenir mari et femme. Si c’était pas fantastique. Je préférais quand même que Hye Ri ne se fasse pas trop d’idées concernant le fait que nous pourrions faire partie de la même famille. « Bon par contre, il nous manque un élément clef dans l’histoire. On a besoin d’une fille qui joue la petite-amie cachée de Jae Hwa, enceinte en bonus si elle est prête à jouer le jeu. Tu as une candidate ? ».

Pauvre Hye Ri. Au final, c’était sûrement elle qui devait digérer le plus d’informations et réfléchir en conséquence. Eh oui, ma situation était loin d’être simple et j’aurais aimé avoir des parents aussi compréhensifs que les siens, pas des tyrans qui me prenaient pour une irresponsable et une traînée parce que je me refusais à épouser les beaux partis qu’ils m’offraient. Mais bon, il me semblait que chacune avait ses propres soucis et que les résoudre s’annonçait loin d’être simple…

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Me retrouver enfin seule avec Katherine, comme nous l’avions prévu avant que tous ses petits incidents surviennent, me fait énormément plaisir. C’est une personne à laquelle je tiens beaucoup et dont j’apprécie la présence depuis les premières fois où l’on s’est rencontré. D’ailleurs quand j’y pense nous n’arrivons jamais à être au calme lorsque l’on se voit. Il y en a toujours une pour entrainer l’autre à faire des bêtises. Sincèrement cela ne me dérange pas au contraire puisque je suis toujours partante pour mettre le bazar. Si pour l’instant nous sommes calmes ce n’est qu’en apparence puisque d’ici quelques minutes nous allons comploter.

Pour commencer, je me plains brièvement de mon après-midi passé en compagnie d’un imbécile de voleur de pacotille et après m’être enquis de savoir comment avait été Jae Hwa avec Kath’ j’aborde le sujet qui me préoccupe. Chamallow et les trois rendez-vous que je lui dois. Je dresse rapidement un portrait de la situation à mon amie et je lui exprime à quel point l’idée m’enchante…

« Trois rendez-vous c’est bien ça ? Et il décide du lieu, du jour et de l’heure ? »

« C’est tout à fait ça… »

« Mais, si j’ai bien tout suivi, rien ne t’oblige à y aller seule n’est-ce pas ? »

La remarque de mon amie me fait l’effet d’un coup de fouet qui me redonne tout à coup plein d’énergie. Je lui souris à mon tour.

« Tu m’y accompagnerais ?! »

Au vu de son sourire et de son regard malicieux j’en déduis que la réponse et oui. Ce qui me fait rire et me fait retrouver tout à coup toute ma joie de vivre.

« Je savais que je pouvais compter sur toi, merci »

Maintenant que je sais que Kath est partante pour m’aider je suis soulagée. En fait, ce n’est pas que je n’aurais pas pu régler cette histoire seule mais disons que vu que Yo Han excelle dans la matière en ce qu’il s’agit de me mettre hors de moi, je crains de me laisser emporter par les nerfs. Après tout, je l’ai quand même agressé physiquement au commissariat, je ne l’aurais pas tué car tout de même il y a des limites mais j’aurais pu lui faire mal. Heureusement pour lui l’agent Lee est intervenu sinon je l’aurais assommé je crois… Donc avant que je fasse voler les tables s’il m’invite dans un restaurant ou que je le noie s’il me propose une ballade près de l’eau, je préfère que Katherine m’accompagne elle me canalisera d’une certaine façon. Je sais dis comme ça, cela paraît contradictoire puisque lorsque nous sommes ensembles nous sommes de vrais ouragans mais disons que si jamais je m’énerve vraiment et qu’elle me dit de me calmer, je devrais y arriver… Enfin peut être…

Mes soucis ayant trouvés une solution, je m’intéresse maintenant à Kath’ et lui demande de ses nouvelles à savoir si elle n’a pas de boulet dans sa vie elle aussi. Je l’écoute alors avec attention m’expliquais que non seulement ses parents lui ont trouvés un nouveau fiancé mais qu’en plus ils lui font pression en menaçant les benjamins. Sssh ! Ses parents ne sont vraiment pas cool, je n’arrive pas à les comprendre. Comment peuvent-ils être aussi insensibles ? Ils ne peuvent pas laisser Katherine vivre comme elle l’entend ?! Apparemment non. Je me contente d’hocher la tête en signe d’acquiescement au fur et à mesure qu’elle m’explique les choses. La situation a l’air bien compliqué…

« Mais ! Heureusement pour moi, le fiancé c’est… Ton cousin ! Charmant non ? Je pourrais devenir ta cousine par alliance… Mais bon, il est aussi emballé que moi par ce projet donc nous avons conclu une alliance. Je vais jouer la fiancée amoureuse et il s’occupe de jouer le salaud de service. Fantastique non ? ».

« Qu..quoi ?! »

Je la regarde avec des yeux ronds, surprise. Jae Hwa est son fiancé ? Mais il ne m’a rien dit ce babo ! Il va m’entendre celui-là. Certes il ne savait peut être pas que Katherine était mon amie mais quand même, il aurait pu me dire qu’il était fiancé de force.

« Bon par contre, il nous manque un élément clef dans l’histoire. On a besoin d’une fille qui joue la petite-amie cachée de Jae Hwa, enceinte en bonus si elle est prête à jouer le jeu. Tu as une candidate ? ».

Je reste silencieuse et me contente de regarder Katherine. Je réfléchis. Il faut que mon cerveau intègre toutes ses données pour qu’il puisse apprécier l’ampleur de la situation. Katherine et Jae Hwa sont fiancés ou vont l’être mais ils ne veulent pas de ce mariage et veulent mettre un plan à exécution pour tout faire rater. Okay… et il cherche une fille pour les aider… okay…

« Jae Hwa et toi… C’est marrant quand même je n’y aurais pas pensé, vous êtes si opposé. Hum, mais vous voulez vraiment tout annuler ? Je veux dire vous avez essayez de vous connaître ? C’est vrai que l’idée qu’on fasse partie de la même famille est plutôt charmante mais outre ce fait, sait-on jamais vous auriez pu vous apprécier »

Je me sers une nouvelle coupe de champagne enfin un fond puisqu’il n’en restait guère.

« Enfin je disais ça comme ça. C’est vous qui décidez, de toute manière les mariages arrangés je ne suis pas vraiment pour non plus donc… »

Je bois d’une traite le petit fond de champagne qui reste et réfléchis. Même si je serais contente de voir Kath et Jae hwa ensemble je ne veux pas les encourager s'ils n'éprouvent rien l'un pour l'autre. J'émettais seulement une hypothèse puisque je les connais tous les deux et je sais que ce sont des personnes biens. Mais bon après, Est-ce qu'ils pourraient s'entendre ? Cela ne dépend que d'eux. Mais puisque leur souhait est de tout faire annuler, ils peuvent compter sur ma complicité hehe

« Hum… Pour la candidate, je ne sais pas. Mais parmi nos amies, il y en a bien une qui acceptera de nous aider. Nous pouvons faire appel à notre club des 5, non ?! »

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Je ne savais pas qui était celle de nous deux qui était la plus à plaindre. Hye Ri qui se retrouvait piégée par un fiancé infâme et donc condamnée à aller à trois rendez-vous. Ou moi qui avait un fiancé qui jouait les complices mais qui avait des parents infâmes prêts à mettre à exécution leurs menaces – enfin celles de mon père – au cas où je n’accepterais pas sagement l’union qu’ils m’avaient prévue. Le fait était que nous nous retrouvions apparemment toutes deux en galère au même moment, à croire qu’une entité toute puissante existait réellement et prenait un malin plaisir à créer des situations extravagantes pour nous déboussoler. Ainsi, après le soulagement que lui avait procuré mon projet pour anéantir ses rendez-vous, vint la surprise chez mon amie. C’était compréhensible, personne n’aurait pu prévoir que je me trouvais en vérité fiancée à son cousin, je l’ignorais moi-même jusqu’à cet après-midi et j’avais bien été attristée de devoir me résigner à renoncer à demander de l’aide à ma partenaire de crime durant les occasions mondaines, rôle qui allait être repris par son cousin pour le coup d’ailleurs. J’avais d’ailleurs beau y mettre du mien, je ne trouvais aucune ressemblance physique ou intellectuelle entre les deux jeunes gens, rien ne me frappait en tout cas.

Je ne tardai donc pas à faire part de notre plan machiavélique à Hye Ri pour tout gâcher, ni à lui demander conseil concernant la potentielle fausse petite-amie de son cousin. Et là, mon amie me sortit la réflexion la plus improbable de toute la planète Terre à savoir : essayer de connaître Jae Hwa avant de décider de tout annuler. Pardon ? J’écarquillai les yeux, interloquée, cherchant rapidement dans ma tête une réponse correcte à lui fournir. Je ne pouvais quand même pas lui dire que ce n’était pas possible parce qu’il fallait plus que le fait que son cousin était tout à fait acceptable dans mes critères de « coup d’un soir ». Ahem. Je devais reconnaître que Jae Hwa n’était pas l’homme le plus laid que j’ai jamais croisé, mais pour se marier, il fallait plus que cela. Mais je ne pouvais évidemment pas m’exprimer ainsi en parlant du cousin de Hye Ri, d’autant plus que je m’adressais à Hye Ri, Hye Ri dont j’avais appris qu’elle était toujours pure et innocente durant notre sortie plage du club des cinq. « Impossible. De un, ça peut paraître niais et surprenant de ma part, mais je crois au coup de foudre pour les relations amoureuses « sérieuses », expliquai-je en restant le plus correcte possible tout en la regardant boire sa coupe de champagne, et de deux, de toute façon, je n’ai aucune envie de me marier si jeune et mes parents n’ont aucune intention de m’accorder un délai de cinq ou dix ans. Problème réglé ! ».

J’avais fait de mon mieux pour ne pas critiquer son cousin, afin de ne pas la vexer. Je ne pouvais pas m’appuyer sur cela, ce ne serait pas bien, d’autant plus que je ne le connaissais pas très bien comme elle le disait. Mais à défaut de ne pas avoir bien parlé avec lui, je savais au moins que je n’avais pas envie de l’épouser. Pour autant, je n’avais rien contre le fait de sympathiser avec lui et, qui sait, un jour peut-être lui enverrais-je une invitation quand je me marierais. Enfin, si je me mariais un jour bien entendu, chose qui s’annonçait elle-même compliquée, voire compromise. Sur un coup de tête, je me joignis à mon amie et pris une nouvelle coupe de champagne, même si je savais que ma tête risquait de commencer à tourner. Pour l’instant, j’avais besoin d’oublier à quel point ma vie amoureuse était sans espoir et affligeante.

« C’est une bonne idée, répondis-je quand elle suggéra de choisir parmi notre club des cinq, j’avais songé à Hae Mi avec sa tête d’ange à tomber par terre. Tu crois qu’elle accepterait ? ». Ma voix commençait à laisser voir que je devrais peut-être songer à limiter ma consommation d’alcool et ce fut pourquoi je reposai ma coupe, encore à moitié pleine, frappée par un éclair de bon sens, chose plutôt rare chez moi. Attendant l’avis de Hye Ri sur la question, j’attrapai le paquet que j’avais ramené à son intention, celui qui contenait le produit de lingerie que j’avais dû concevoir en catastrophe et la raison pour laquelle je l’avais entre autre laissée en plan la dernière fois que nous nous étions vues à deux. « Tiens, c’est pour toi. C’est le truc que j’ai dû designer la dernière fois. Je t’en ai rapporté un exemplaire. Bon, c’est de la lingerie mais ne t’en fais pas, rien d’extravagant, juste un merveilleux ensemble qui t’ira à merveille. J’espère ne pas m’être trompée sur la taille, au pire tu auras gagné le privilège de connaître ma taille pour ça. ».

Mon humour était décidément hors du commun. J’espérais simplement que Hye Ri allait aimer ma dernière création à ce jour et que l’ensemble lui irait d’ailleurs. Nous avions pratiquement la même morphologie donc en principe il ne devait pas y avoir de problème, après, spécifiquement pour ces choses-là, les tailles pouvaient facilement varier d’une personne à l’autre. Cela ne m’embêterait pas de devoir en chercher un autre à sa taille, mais je préférais quand même qu’elle puisse l’avoir tout de suite. J’avais été tellement énervée de devoir la laisser alors que ce n’était pas prévu, alors j’espérais au moins que ce que je lui avais amené pourrait me faire pardonner.

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Qu'est-ce que tu fiches ici ?

Avec Kat' <3

La révélation de Katherine sur de supposées fiançailles qui l’unirait à mon cousin me laisse sans voix quelques instants. Mon cousin ? Jang Jae Hwa avec Katherine ? C’est la chose la plus surprenante que l’on pouvait me dire. Je ne les aurais jamais imaginés en couple. Ce n’est pas que l’un serait trop bien pour l’autre, pas du tout. C’est juste que les connaissant tous les deux, ils n’ont pas grand-chose en commun et je pense pouvoir dire sans me tromper que la vision et l’éducation de Jae Hwa ne plairont pas à Katherine. Sans être un fils à papa soumis et coincé comme on aime si bien se moquer avec Kath lors des évènements mondains, Jae Hwa a tout de même eu une bonne éducation et sans être trop strict, il reste tout de même attaché aux règles qu’on lui a inculqué. Il est assez intelligent pour s’en défaire quand il le faut mais il s’affaire à toujours avoir une bonne conduite. On ne le verra pas piquer une crise en public ou mettre le bazar dans une fête. Il est bien trop calme et soigné pour cela. A côté de lui, Katherine a un tempérament de feu et se montre extravagante. Son opposé en somme puisqu’il est discret. Je ne dis pas qu’il est impossible de les associer car sait-on jamais. D’ailleurs je ne me prive pas pour en faire la remarque à mon amie en lui demandant si elle ne voudra pas d’abord apprendre à connaitre Jae Hwa avant de tout refuser. D’accord ce n’est pas l’idée du siècle mais le fait que Katherine puisse faire partie de ma famille me plait bien alors je tente, qui sait. Sans surprise, Katherine refuse ma proposition en employant toute la délicatesse qu’elle peut pour ne pas me froisser. Mais qu’elle ne s’inquiète pas, j’ai surtout dis ça comme ça et je ne lui en veux pas du tout. Au contraire, je la comprends parfaitement. Ce n’est pas agréable du tout de se voir amener un fiancé forcé et même si moi je le connais parce que c’est mon cousin, à la place de Kath j’aurais aussi refusé.

Maintenant que nous avons écarté pour de bon la possibilité que Kath et Jae Hwa se marie, nous réfléchissons à quelle fille nous pourrions demander de l’aide. Par réflexe je propose à Kath de demander à l’une des amies de notre club des cinq. Ce sont des amies sûres en qui nous avons entièrement confiance donc elles sont toutes désignées pour nous aider, reste à savoir à qui demander.

« C’est une bonne idée, j’avais songé à Hae Mi avec sa tête d’ange à tomber par terre. Tu crois qu’elle accepterait ? »

« Hum, Hae Mi je ne sais pas trop. Nous aider elle le fera sans hésiter mais… Il me semble qu’elle rencontre quelques difficultés avec mon cousin… C’est une longue histoire… »

J’explique rapidement ce qu’il en est à Katherine notamment que depuis son arrestation pour excès de vitesse en moto par Hae Mi et les heures de travaux forcés qu’il a dû effectuer en guise de sanction, leur relation est assez électrique. Surtout lorsqu'on connaît le tempérament fort de la jeune policière...

Tandis que je réfléchis à quelle autre fille pourrait nous aider, Kath me tire de mes pensées en me tendant un paquet et en m’expliquant qu’il s’agit d’un cadeau pour moi, un exemplaire d’un nouveau design de lingerie qu’elle a créé. Génial ! J’ai toujours aimé les créations de Kath. Je la remercie en récupérant le paquet et le défait soigneusement pour regarder l’ensemble qui se trouve à l’intérieur.

« Il est vraiment superbe ! Merci beaucoup ! »

Je le contemple quelques instants avant de le ranger délicatement dans sa boîte et d’aller remercier mon amie comme il se doit en la gratifiant d’une bise et en lui disant ô combien j’aime cet ensemble et que la taille est bonne.

« En tout cas j’aime toujours autant ton travail. Hum, je finirais peut être par t’embêter en te demandant une créa’ spéciale un jour… qui sait ? »

Je lui adresse un petit sourire taquin mais je suis sûre que si je lui demandais elle me le ferait. Tout comme si elle me demandait un service, je le ferais avec plaisir.

« Dis-moi, et si on laissait tomber tous nos soucis pour aujourd’hui ? Je te propose qu’on se change, qu’on sorte en ville dîner ce soir et qu’ensuite on enchaîne avec bars ou discothèques. J’ai besoin de me vider l’esprit. Qu’en dis-tu ? »

Nous avons évoqué nos problèmes et y avons apporté un début de solution. Prendre un peu de repos pour nous détendre ne nous fera pas de mal et d’autres idées nous viendrons plus tard. Alors pour le moment autant sortir et en profiter pour s’amuser. Il est l’heure d’aller réveiller la ville et mettre le bazar.

« Ah j’oubliais. Bien entendu, je te prête mon dressing. Inutile de rentrer chez toi te changer à moins que tu n’y tiennes vraiment ?! »

J’ai un peu de tout dans mes placards et même si je n’ai rien de bien provoquant, je suis sûre que Kath trouvera son bonheur.

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Nombre de messages : 265 Date d'inscription : 23/06/2014 Age : 32 Pseudo : Juh

Non mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?!

we are young.

J’avais saisi l’occasion d’offrir mon humble présent à Hye Ri, voyant là une occasion de changer brutalement de sujet. Elle avait beau être l’une de mes plus proches amies, le fait que c’était son cousin dont il s’agissait faisait qu’elle n’était clairement plus la confidente adéquate pour ce genre de situation. Or, je n’avais pas d’autre complice concernant ces histoires de mariage à part la jolie brune et pour être franche, je ne comptais pas m’en trouver d’autre qu’elle. Ce serait à mes yeux comme une trahison, c’était notre passe-temps, pas question de la remplacer sous prétexte qu’il s’agissait de son cousin. Il n’en demeurait pas moins que j’étais terriblement mal à l’aise d’en parler en sa présence, puisque je ne pouvais pas vraiment mettre le doigt sur les défauts de ce dernier devant elle. Même si j’étais tout à fait certaine qu’elle ne m’en tiendrait absolument pas rigueur. Je n’avais néanmoins aucune envie de lui imposer ce genre de situation, ce devait être délicat comme affaire. Déjà, moi, si la situation se présentait concernant mon propre frère qui était à mes yeux désormais un sombre crétin, je serais terriblement embarrassée. Alors je pouvais aisément imaginer que Hye Ri, qui semblait apprécier Jae Hwa, ne se sente pas particulièrement en forme pour écouter mes plaintes.

J’eus un rire franc quand mon amie me suggéra l’idée de lui faire une création spéciale à sa demande. Qui sait ? J’avais le don pour aborder les gens dans la rue pour qu’ils deviennent mes mannequins – Eun Jung pouvait en témoigner – alors je pouvais bien le faire pour elle, avec un modèle à sa demande qui plus est. Le modèle s’annonçait fabuleux si tel était le cas, mon talent n’ayant plus à faire ses preuves et Hye Ri ayant un tel physique qu’elle aurait pu se lancer dans une carrière de top-modèle sans le moindre souci. Parfois je me demandais pourquoi elle s’était mise en tête de choisir une branche aussi compliquée que le droit. Je n’avais certes aucun mal à l’imaginer défendre un accusé avec grande ferveur mais c’était un métier qui ne devait pas être de tout repos et elle devait en voir des vertes et des pas mûres. Par exemple, je me demandais toujours ce qu’elle devait ressentir quand on l’appelait pour défendre un coupable, un vrai. En tout cas, ce job n’aurait sûrement pas été fait pour moi, cela allait sans dire. Je me prenais suffisamment la tête avec les gens au quotidien, pas besoin que ce soit la même chose dans mon boulot.

A l’entente de la proposition de Hye Ri, je bondis du fauteuil, les yeux illuminés d’étoiles, comme si elle venait de m’annoncer la meilleure nouvelle de mon existence. C’était en tout cas, la meilleure nouvelle de la journée, ça c’était certain. « J’en dis que tu es la meilleure amie du monde Hye Ri ! C’est exactement ce dont j’ai besoin à cet instant même ! J’ai terriblement besoin de m’amuser aujourd’hui ! ». Sur ces bonnes paroles, je commençai à faire une drôle danse, un genre de danse de la victoire, qui consistait plus à me dandiner comme une idiote qu’à effectuer de jolis pas gracieux dignes d’admiration. On devait sentir que je n’étais pas tout à fait sobre sans doute. Et c’était sans compter les nouvelles paroles de Hye Ri qui revenait à la charge. Le dressing. Elle me prêtait son dressing. Si ce n’était pas fabuleux. J’avais toujours rêvé de piquer des fringues à mes amies, voilà qui allait être fait. Je sautai au cou de la brune et lui fis un gros bisou sur la joue, plein de reconnaissance. « Tu es trop cool Hye Ri ! Tu es certaine que tes parents ne voudraient pas m’adopter ? ». Avoir Hye Ri comme sœur devait vraiment être cool…

Sur ce, nous nous dirigeâmes joyeusement vers la chambre de mon amie pour nous trouver quelque chose à enfiler. D’abord sceptique puisqu’elle n’avait pas tout à fait le même style d’affaires que moi, je parvins finalement à trouver mon bonheur. Piquer une robe à Hye Ri me donnerait au moins l’assurance que je ne serais pas trop provoquante ce soir-là. Ensuite, je pris un malin plaisir à lui emprunter des chaussures et son maquillage également. Cela la fit rire, puisque je ressemblais à une petite fille qui pouvait devenir la princesse qu’elle voulait. No comment. Une fois prêtes, nous nous mîmes en route pour passer une nuit de folie !

made by pandora.

Spoiler:

Sujet: Re: Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?! | Jae Hwa