Quand on exerce un métier comme le mien, il n'est pas rare qu'on ait l'impression d'être dans un mauvais Sherlock Holmes. Certaines histoires me traumatiseront à jamais je crois, surtout quand ça concerne des enfants ou des adolescents. Celui qui a dit que l'être humain est capable de tout avait raison...

La dernière enquête a bouffé toute mon énergie. C'est le week-end et je me retrouve totalement éreinté. Un collègue m'a même dit que les zombies de Breaking Bad avaient rien à m'envier. Je ne connais pas la référence, mais le message est passé. Par contre, ce n'est pas ma sale mine qui allait m'arrêter, j'avais des projets pour le week-end. Eh oui, pour une fois je ne comptais pas le passer seul. Voilà pourquoi je me retrouve à nouveau devant le bureau de ma commissaire préférée. Mais apparemment, il fallait prendre un rendez-vous pour lui parler... en fait, je trouve drôle qu'un policier qui n'avait pas l'air d'être dans la police depuis bien longtemps m'empêche de la voir, s's'interposant entre moi et la porte. J'ai pas envie de faire une scène, ni de l'embarrasser alors je le pousse simplement sur le côté, avant de frapper à trois reprises contre la porte et de pénétrer dans le bureau.

J'ignore l'homme assis en face d'elle et m'incline légèrement avec le sourire. « Bonjour commissaire ! » Je me redresse et m'approche du bureau. Depuis le temps, elle devrait savoir pour quelle raison je suis là, et que je ne vais pas tourner autour du pot. « J'ai besoin que tu te glisses dans une robe minuscule pour moi ce soir. » A celle-là, elle s'est peut-être pas attendue.  « Si tu pouvais te peinturlurer le visage et mettre un bon parfum, ça serait top. On se croisera dans ce bar. » Je pose un bout de papier où j'avais griffonné l'adresse sur son bureau puis fais un salut militaire, annonçant mon départ. Comme d'habitude, je laisse peu de place à l’argumentation. La connaissant, elle va me tirer les oreilles plus tard, c'est son droit. Mais elle va m'aider, j'en suis presque certain. Si elle le fait pas, eh bien... je suis foutu.

♦♦♦

Je m’extrais de ma voiture en cherchant des yeux Yoo Jin. Comme je la trouve pas, je contourne le véhicule et me contente d'enfuir mes mains dans mes poches, une cigarette entre les dents. Vu comment je me suis comporté cette après-midi, je reste tendu, m'attendant à recevoir un coup sur le tibia à tout moment.

Ce bar m'est pas inconnu, mais aujourd'hui ce n'est pas le bon Wisky qui m'a fait venir, j'avais autre chose en tête. Lorsque j'entends des talons claquer contre le sol, je contracte par réflexe mes muscles, estimant bien mériter les coups de la nouvelle venue. Mes yeux se ferment un court instant tandis que je retiens prisonnier un gémissement, j'avais déjà recraché ma cigarette. Ma main se met là où ça fait mal, je relève la tête, fixant ses jambes sans gêne. Mon regard se plante dans le sien ensuite : « Je voulais que la robe soit coupées environ 20 centimètres au dessus du genou. » dis-je sur un ton neutre, comme si je ne savais pas que je mériterais bien d'être giflé pour ce que je viens de sortir. Comme si je n'avais plus mal aussi. « Tu n'as pas abusé du fard à paupières non plus, c'est décevant. »

Je baisse à nouveau le regard avant de me redresser et de commencer à marcher. « Bon, c'est pas grave, t'as l'air d'une prostituée au moins. »  J'accélère la marche, comme si cherchais à la fuir, sachant encore une fois à quelle réaction m'attendre. Je reviens à ses questions, ignorant le commentaire sur ma sale mine : « Si si, c'est bien un de mes plans. Mais il n'est pas foireux, pas si t'es prête à jouer une prostituée. » Je m'arrête un moment. « Bon, je suis conscient que ce n'est pas une tâche facile pour toi, je te pensais même pas capable de te maquiller sans te foutre l'eye-liner dans l’œil, bref. Si cette affaire est menée à bien, je serai prêt à faire tout ce que tu veux. » Après tout, je lui demande pas mal de services, ça serait que juste qu'elle ait quelque chose en retour.

Ne cherchez pas à comprendre où je suis allé chercher des mots comme "eye-liner", d'ailleurs. Disons que je me suis renseigné. Je reprends la marche : « Alors tu vas m'aider ou quoi ? » J'attends sa réponse avant de commencer à expliquer mon "plan foireux". « Dernière chose : t'es pas mal dans cette robe. » Petit sourire, le premier de la soirée.

Oui je suis grave, mais ce n'est pas une nouveauté, ni pour moi ni pour elle. Alors je me contente de sourire comme je sais si bien le faire, annonçant que je n'ai rien à faire de l'avis des autres. J'ai déjà une sale réputation. « Vrai que j'adore qu'on me reluque le derrière avec une seule idée en tête. » J'hausse un sourcil. Ah bon ? « J'ai jamais voulu le savoir. »

Son sourire m'annonce rien de bon. Mais je n'ai même pas le temps de m'inquiéter, je me tords légèrement de douleur, elle m'a pas raté. « Pas de jaloux comme ça.  » Mon regard retombe sur elle : « J'aurais ri si je sentais pas mes cotes craquer. » En même temps, il ne fallait pas s'attendre à autre chose. Elle a prouvé tant de fois qu'elle n'était pas une femmelette, oh ça non. Je garde dans un coin de ma tête qu'il faut que je me montre plus sympathique, si je veux pas finir par crier "SOS homme battu" avant que la mission démarre. Mes collègues se seraient bien marrés, d'ailleurs, s'ils étaient là.

Mais elle dit pas non à mon idée, et c'est le plus important. « Je vais même pas perdre mon temps à t'expliquer à quel point t'es con. Mais ton poisson, il est en train de laver les amygdales d'une fausse blonde, à dix heures.  » Tant mieux, comme ça je ne perdrais pas de temps à lui dire que j'ai rien à cirer de son avis. Content, je me détourne d'elle pour jeter un oeil sur le poisson. « Ah oui, c'est notre homme. Pour la fille, y a pas que la couleur de ses cheveux qu'est fausse. » Ça n'avait rien de pervers, j'étais juste observateur. Je m'autorise un léger coup d'oeil sur les autres pièces qui sont pas d'origine par curiosité, avant de me demander la boisson qui, malheureusement, ne verra pas le jour : le poisson débarque. « Il a vraiment une sale gueule, je te plains.» dis-je avec précaution avant de me détourner d'elle. « Tu peux me faire confiance. » Et pas seulement parce que je voulais pas qu'elle me fiche en taule.

J'écoute des bribes de leur semblant de conversation, et grimace quand je constate qu'il veut déjà mettre sa main sur le postérieur de la jeune femme. Durement, je dépose mon verre contre le comptoir pour l'interrompre, attirant son attention. Il fait tout de suite signe à un homme de s'en aller, et je me lève pour suivre l'inconnu. Une fois dehors, je constate que c'est son chauffeur et une poignée de minutes plus tard, je vois notre cible monter dans la voiture avec Yoo Jin. Evidemment, je prends place dans la mienne pour les suivre.

Surprise. Ils s'arrêtent devant un hôtel. Et je l'entends parler d'une aventure "à trois" en grimaçant. « Oh, elle me fera suer pour se venger... » sur ces mots, je les suis discrètement et m'arrête dans le couloir menant à leur chambre. Deux hommes surveillent l'entrée. Pour le moment, je ne peux rien faire. « A toi de jouer Yoo Jin... »

Ce Tae Woo n'est pas du genre bavard, et ça complique les choses. Je grimace à chacune des tentatives de Yoo Jin de le faire parler, il est vigilant et c'est plutôt normal, vu son "métier". Quand la conversation s'arrête soudainement, je crois comprendre ce qu'ils sont en train de faire. Merde, il ne peut pas attendre d'arriver à l'hôtel ? Yoo Jin me croirait pas, mais je commençais d'avoir envie de le tuer, plutôt que de le laisser pourrir en taule. Lui, sa poupée vivante, et ses hommes.

Pour le moment, j'ai les mains liées, alors je me contente de les suivre avec ma voiture. Parvenu à destination, je m'arrête dans un couloir, en observant ses hommes. Je ne fais qu'écouter la conversation qu'a relancée Yoo Jin, et quand je me dis enfin que les choses deviennent intéressantes, qu'il va enfin se trahir... la petite discussion s'arrête. « Allez vous changer les filles, hm ? » Je soupire en baissant la tête, presque frustré. Il leur demande de se changer, mais il faut qu'elles portent quoi ? J'espère pour Yoo Jin qu'il est pas fan des déguisements étranges. Je serais le premier à le payer si elle doit se déguiser en lapin sexy.

Je me mords les lèvres en jetant un oeil sur les deux hommes qui surveillent l'entrée. Que faire, que faire... si ça continue comme ça, elle va réellement finir dans son lit, et je me le pardonnerais jamais. « Tu as entendu ? Il ne va pas se trahir aussi aisément... J'ai pas très envie de...  » Franchement, mon coeur a failli s'arrêter, j'ai cru que l'autre connard l'avait entendue. Mais la voix de la blonde me rassure. « Moi non plus, j'ai pas envie que tu le fasses... » murmure-je pour moi-même. Comme un dératé, je me mets à courir jusqu'à la réception de l'hôtel.

Cinq minutes plus tard, on frappe à la porte de la fameuse suite. C'est l'un des hommes de Tae Woo. « Boss, quelqu'un vient de laisser un message pour vous, la réceptionniste a dit que c'était très urgent.  » Il lui tend un bout de papier qu'il saisit malgré son énervement, c'est qu'il est curieux. Il lit à haute voix : « J'ai dû vous suivre jusqu'ici, j'espère que vous ne traitez pas tous vos clients comme ça... on était censés conclure notre marché dans une semaine, mais on doit changer nos plans puisque je suis contraint de quitter la ville dans exactement 20 minutes. Je suis dans le hall d'attente, j'ai ce qu'il faut comme argent et je suis surtout peu patient, dépêchez-vous. »

Quand la réceptionniste me dit que le message est bien reçu, je lâche un long soupir de soulagement. Espérant que Tae Woo changera ses plans. Heureusement que je me suis renseigné sur ses clients, d'ailleurs.

Cette blonde, je suis sûr que Yoo Jin se retient de lui donner un coup de crosse sur le crâne pour être aussi idiote. « Faites le monter ici. » Je fronce les sourcils et me retourne aussitôt vers la réceptionniste qui répète le message. « Monsieur, on vous demande de monter. » Génial. Ce Tae Woo n'est pas con, il sait que dans le hall d'attente y a du monde et, surtout, des caméras. Mon plan tombe dans le lac. Que faire ? Je me mets en danger si je me pointe au "meeting", et à part ma salle mine et un paquet de chewing gum, j'ai rien à lui offrir. Je regard autour de moi rapidement et aperçois, non loin, un couple avec au moins cinq valises. Ça me fait sourire, j'en prends une et me dirige vers le lieu du rendez-vous. Les hommes de Tae Woo me laissent passer.

Je pose la valise par terre. J'ai failli buguer en voyant Yoo Jin dans cette... tenue. En fait, on pourrait même pas dire qu'elle est habillée. Pour ne pas avoir l'air suspect -et accessoirement, pour la taquiner - je dis tout de suite, le plus normalement possible : « C'est ça donc qui vous a occupé, je comprends. Je la connais, elle est vraiment bien. » Je viens d'inventer le pire accent japonais du siècle. Mais je suis sûr que monsieur a pas eu le temps de faire japonais pendant les quelques années qu'il a passées à la fac, ou qu'il est allé à la fac tout court, d'ailleurs. L'homme en question n'a pas l'air ravi de me voir, il esquisse un sourire avant de s'approcher et de me regarder de haut en bas. Il semble m’examiner, vouloir lire en moi jusque dans les tréfonds de mon âme même.... Mais rien ne me trahit, j'espère. « Content de vous rencontrer monsieur... ? » Je serre sa main dans la mienne, bien bien fort en souriant. « Yakamura. »

Le regard de Tae Woo se rive sur la valise et il sourit. « Mais je dois avouer que je n'aime pas les gens qui me suivent. Je serais rassuré si je pouvais voir votre carte d'identité. » Mon coeur se serre. « Ma fausse carte d'identité vous vous dire ? Ça servira à rien. Bref, dois-je rafraîchir votre mémoire ? J'ai un avion à attraper, où est la marchandise ? C'est vos vendeuses ? » dis-je en pointant du bout du menton Yoo Jin et la blonde. Il a pas l'air de m'apprécier mais le contenu de la valise lui fait surement de l’œil, si bien qu'il se retourne vers les filles. High five mental, mon plan va marcher !

« Han, mais je vous connais, vous ! Vous étiez dans le bar tout à l'heure ! » Il n'en faut pas plus pour Tae Woo pour se souvenir de mon visage. Et alors que je me demande comment c'est possible d'être aussi... blonde, on me pique la valise. « Boss, y a pas un rond dans la valise. Y a que des... sous-vêtements féminins... » Oups. Je me retrouve encadré par ses hommes, et j'hausse les épaules. « Les fins de mois sont difficiles pour moi. » Je lève ensuite un regard au plafond en soupirant, disant pour les oreilles de Yoo Jin : « Mon plan est vraiment foireux. » Mais j'ai toujours un plan B.

Mon coeur se serre. Si je ne fais rien, je me retrouverai avec une balle bien enfoncée dans le coeur. Si je me défends, ils finiront en taule, et y passeront maximum quelques années avant de reprendre leur business. Il est même possible que Tae Woo réussisse à se tirer d'affaire pour insuffisance de preuves. Et Yoo Jin me tuerait parce que je l'aurait fait enfiler cette nuisette pour rien. Dans les deux cas, je suis mort quand y réfléchit bien... Je me contente de les toiser, prêt à réagir d'une manière ou d'une autre, avant que Yoo Jin ne propose de s'occuper de moi. Je regarde Tae Woo et ses minions se mettre en mode "spectateurs" puis mes yeux retombent sur la commissaire et son regard désolé. Bien sûr que ça va faire mal.

Et j'avais raison de le croire, me dis-je une fois le dos contre la porte. Je m'essuie le coin de la bouche, alors qu'elle se met à califourchon sur moi. « Rappelle-moi de t'apprendre comment on simule un coup de pied. » dis-je, tout bas, ignorant la douleur. « C'est quoi ton plan, superman ?  » Je jette un coup d'oeil vers les autres. « Veuille juste à ne pas oublier ton téléphone ici. » Je lui adresse un petit sourire - sûr qu'elle va saisir de quoi je parle dans quelque minutes - avant de crier d'une voix tremblante et apeurée : « Oui c'est ça, riez... mais j'ai hâte de voir vos sales gueules quand les flics débarqueront ! Vous êtes surpris hein ? Je suis pas le seul à vous avoir suivis ! » En fait, si. C'est du bluff, j'étais assez con pour me jeter dans la gueule du loup tout seul. Mais j'ai bien compris que Tae Woo est prudent et pas idiot, il ne prendra pas de risques, j'espère.

Il s'en suit un moment de silence avant que Tae Woo se lève pour venir me tapoter la joue. « Tu devrais plutôt te faire du soucis pour toi. » Il demande ensuite à quelqu'un de "s'occuper" de moi parce que j'ai vu leurs visages, et annonce aux autres qu'ils seraient plus à l'aise "chez eux". Pendant qu'ils quittent la suite, on me décoche un magnifique coup de pied dans les flancs. « Qu'est-ce que vous avez tous après mes côtes, sérieux... » dis-je, la main serrée contre la poitrine. Quand je me retrouve seul avec celui qui doit s'occuper de moi, je n'ai plus aucune raison de jouer l'idiot. Si bien que deux minutes plus tard, il se retrouve menotté au lit, attendant sagement mes hommes que je viens d'appeler. C'est bien dangereux de rester seul maintenant que les choses deviennent intéressantes.

Il n'y a plus aucune trace de Tae Woo et les autres, je quitte l'hôtel à mon tour pour monter dans ma voiture. Je peux les suivre grâce aux coordonnées du téléphone de Yoo Jin - ouai, j'ai fait le stalkeur même quand nous étions ensemble - et me dirige vers ce "chez eux" qui, j'en suis sûr, est un entrepôt ou un truc du genre, où ils stockent au moins une centaine de kilogrammes de drogues. Cette fois, on aura nos preuves.

« Il y a un problème Ki Tae, je crois que… » Un drôle de bruit me surprend alors que j'appuie sur l'accélérateur, roulant à près de 220 km/h. Mais vu ce que j'entends, je me sens tellement nerveux et impatient que j'ai l'impression d'être resté à 30 km/h. Les ruelles deviennent moins bondées puis carrément désertes, et j'en conclue que j'arriverai bientôt à destination. Soudainement, je remarque que je ne suis plus seul sur la route : mes hommes ont réussi à me rattraper.

Trop concentré sur ce qu'il se passe dans l'entrepôt, je trouve pas la force de sourire. « A mon avis, il doit regretter d’avoir joué avec le feu, cet incapable de flic. » Il sait pas que c'est lui qui joue avec le feu, je me pince les lèvres en enfonçant mon pied sur l'accélérateur, n'écoutant pas les conseils de mes hommes qui me disent que si je continue comme ça, j'arriverai pas à destination sans accident. C'est qu'ils savent que quand j'atteins un certain degré d'énervement, je perds le contrôle sur tout. Mais on est encore loin de là, tant que j'entends encore Yoo Jin parler.

« Si vous voulez le mien d’avis, il ne doit pas être bien loin. » Au moment où elle dit ça, Tae Woo devrait déjà entendre les sirènes de police. Les quelques gardiens sont vite neutralisés, la grande porte est tout de suite enfoncée. « Police, plus un geste ! » Je cherche du regard Yoo Jin avant de tirer sur la main de Tae Woo qui cherchait son arme. Je regarde autour de moi avant de sourire : « Je suis vraiment curieux de savoir comment vous allez expliquez au juge pourquoi vous stockez à peu prêt 400 kg de drogue ici, oh et n'oubliez pas de précisez que vous avez tenté de tuer une commissaire. » Il y a plein de choses à ajouter à la liste.

Pris de panique, il passe son bras autour du cou de Yoo Jin. « Dégagez sinon je vous jure que je la descends. Vous ne vous inquiétez pas pour votre chère collègue ? » Je reste silencieux quelques instants avant de baisser mon arme tranquillement, répétant ce qu'il m'a dit tout à l'heure : « Vous devriez vous faire du soucis pour vous. » Petit sourire. Il a pas encore compris qu'elle s'est retenue de lui briser les os ? Bon, là elle peut se faire plaisir.

Difficile de trouver la force de rire devant les coups que se mange ce Tae Woo, quand je sais que Yoo Jin me réserve probablement le même sort. Je grimace même un peu, et lui donne les menottes sans perdre une seconde. « A nous deux maintenant. » Je soupire, murmure un "merde" puis croise les bras, prêt à encaisser. « Laisse-moi te dire une bonne chose Ki Tae, tu n’as plutôt pas intérêt à me refaire un coup pareil. » Pas le temps de faire une blague, je me prends une bonne claque, ferme les yeux par réflexe puis les ré-ouvre et soupire. « Tu sais, je trouve drôle que la personne qui a été le plus violente avec moi soit mon alliée. » Mais je le mérite. « Entre ça et le coup de pied de tout à l’heure, j’espère que tu retiendras la leçon... … Mais merci. » Je passe une main dans mes cheveux avant de commencer à marcher. « De rien, c'est normal. C'est à cause de moi que t'es dans cet entrepôt au lieu d'être chez toi à... faire des trucs de fille, que sais-je. » Et moi, je dois encore me coucher après 23h.

Mais il y a un truc qui me dérange encore plus. « Tu te rappelles que j'ai dit que si la mission est menée à bien, t'aurais le droit de me demander tout ce que tu veux ? » Oui bien sûr, comment oublier une chose pareille ? « Eh bien, je sais plus si c'était une bonne idée, j'imagine que je t'ai donné envie d'être bien sadique... mais t'as mon numéro. » dis-je avec le sourire avant de rejoindre mes collègues, jetant un dernier coup d'oeil sur la blonde qui assénait un policier de questions, amusé. C'est pas plutôt lui qui devrait lui en poser ?