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Le bouillonnement de l'eau se faisait entendre dans la cuisine et le thaïlandais se dépêcha de terminer de mettre ses épices et les pâtes de son ramen dans un grand bol avant d'y verser l'eau. Bien que ce jour-là soit un samedi, San'ya avait eu l'autorisation de rentrer chez lui assez tôt, et il comptait bien en profiter. Il avait commencé par prendre une bonne douche, et ensuite de se détendre, de méditer un peu avant de bouquiner un livre sur l'histoire de la Corée. Il avait déniché le bouquin dans une boutique de livres de seconde main, et comme il connaissait peu l'histoire de son pays d'origine, il avait sauté sur l'occasion. Comme à chaque fois qu'il lisait des livres historiques, il était surpris de voir que le pays s'était construit grâce à de multiples trahisons et des guerres. C'était presque navrant.

Il avait fini par s'endormir, et sa sieste avait prit fin seulement quelques instants plus tôt. La soirée était déjà bien avancée, mais il ne s'en inquiétait pas. Il irait peut être faire un tour dans un café, ou finirait devant la télé à regarder une compétition de MMA ou de boxe. Dans tous les cas, il appréciait l'idée de passer une soirée tranquille, et de ne pas avoir à passer la nuit au garage sur une réparation à la con qui allait lui prendre des heures.

San'ya était en train de s'installer confortablement, son bol de ramen fumant, les pieds sur la table basse alors qu'il se calait entre deux coussins dans son canapé, lorsque son téléphone sonna. Il hésita un instant entre ignorer l'appel ou se lever. Son instinct lui dit de se lever, il reposa son bol en hâte sur la table et alla attraper son téléphone. A peine avait-il décroché qu'une voix bien connue se fit entendre à l'autre bout du fil. « Salut hyung…hum, je ne te dérange pas j’espère ? Tu voudrais bien venir ici, je suis au poste de police. » Le thaïlandais regarda son téléphone un sourcil levé. Pas de doute c'était Junno, mais au poste de police ?! San'ya poussa un soupir. « - Junno tu me dois un ramen. » Dit-il avant d'aller dans sa chambre enfiler un jean et un pull, aller au commissariat en pyjama n'allait pas aider l'adolescent.

Il arriva au poste de police rapidement, il était terriblement nerveux, comme à chaque fois qu'il frôlait un policier. Il avait peur qu'un avis de recherche criminel international le suive. Mais visiblement, si les policiers l'attendaient ce n'était pas pour l'arrêter mais pour lui dire qu'il ferait mieux de s'occuper de Junno parce qu'un gamin de son âge n'avait rien à faire dans les clubs. San'ya leur donna raison, s'excusa et commença à discuter pour que Junno n'ait pas à payer d'amende. Au bout d'un moment ils arrivèrent à un accord, si l'adolescent était arrêté par ces agents une nouvelle fois, il risquait les travaux d'intérêt général.

Après cet échange, il alla devant la cellule et y trouve Junno, ce grand bébé qui aimait s'attirer des ennuis. Il frappa un barreau pour attirer son attention.

« - Tu sais que je devrais te laisser ici pour que tu te mettes un peu de plomb dans la tête ? Enfin, je vais attendre qu'on soit sorti pour te botter le cul. » Lâcha-t-il sur on ton à la fois menaçant et affectueux. Et c'est sur ces douces paroles que l'agent de police ouvrit la porte de la cellule pour que Junno puisse sortir.

San'ya n'était pas stupide, il avait été lui-même un ado, tout comme il avait vu sa sœur devenir une ado. Et avec ce passage de la vie, s'en vient l'envie de tester ses limites. Seulement, en ce qui concernait Junno, le thaïlandais avait l'impression que : 1. ses petits tests duraient quand même vachement longtemps et 2. qu'il allait quand même vachement loin dans ses petites expériences. Était-ce parce qu'il avait grandi dans l'exigence des entraînements et qu'il était sous la surveillance de son père et de ses entraîneurs, il n'avait jamais eu la possibilité d'aller aussi loin, ni l'envie, ni l'imagination pour être honnête. Alors il avait un peu de mal à comprendre où Junno trouvait toutes ces idées pour se mettre dans le pétrin.

Il ne pensait pas réellement laisser l'adolescent dans la prison, mais l'idée avait été séduisante, est-ce que cela lui aurait mis du plomb dans la tête ? San'ya avait passé un nombre de savons incroyable à ce môme et tout entrait par une oreille et ressortait par l'autre. Mais il avait réussi à se faire un chemin dans le cœur du thaïlandais et il avait beaucoup de tendresse pour lui du coup, un regard de cocker et il sentait sa volonté flancher.

« - Merci hyung. Hum…est-ce que tu me croiras si je te disais que je suis passé juste par hasard devant une bande d’amis totalement bourrés et que je me suis juste retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment ? Sany'a le regarda en haussant un sourcil.
- Non je te croirais pas, tu sens le tabac et la bière à des kilomètres, je t'ai senti avant même de te voir. » Répondit-il en sonnant moralisateur.

San'ya réfléchissait presque à ce qu'il pourrait dire à Junno pour qu'enfin il comprenne, il avait l'impression de déjà avoir tout essayé. Ça l'inquiétait vraiment il n'avait pas envie de découvrir qu'un jour il était arrivé quelque chose au jeune homme parce qu'il avait trop bu ou s'était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment au milieu de soûlards.

« - J’aime beaucoup tes chaussures hyung.  San'ya le regarda de travers et vint lui mettre une claque derrière la tête.
- Pas de ça avec moi ça marche pas. » Dit-il en claquant sa langue d'un air réprobateur.

Il marcha un instant dans le silence, ne sachant toujours pas quoi dire à Junno. Etait-il d'ailleurs en état de comprendre quoique ce soit, n'avait-il pas trop bu ? Ils passèrent devant un café et San'ya s'arrêta, et attrapa le bras de l'adolescent pour qu'il s'arrête aussi.

« - Allez viens, je te paye un café, ça te fera du bien. Et puis lui aussi avait envie d'un café. Ils entrèrent et il se commanda son café, et la boisson que voulait Junno. Il tendit ses billets au caissier et ils allèrent s'asseoir dans un coin tranquille. La Corée offrait des cafés ouvert 24h/24 et heureusement pour eux. San'ya avala une longue gorgée de son café et se cala dans son siège. Tu aurais fait comment  si je n'étais pas venu ? Tu aurais dormi là-bas? Il marqua une pause avant de reprendre. Je sais que si tes parents apprenaient ça tu te ferais démonter, mais je serais pas toujours là Junno. Faudrait peut-être arrêter les conneries, y aura pas toujours un plan B... » Ce qui était triste c'était que l'adolescent mettait son avenir en danger, alors qu'il avait toutes les cartes en main.

San'ya n'aimait pas rabrouer Junno, lorsqu'il râlait sur l'adolescent, il avait l'impression d'entendre son propre père. A une époque, il avait adoré entendre son père lui donner des conseils, mais depuis qu'il avait fuit avec tout leur argent, se dire qu'il pouvait ressembler ou même sonner comme cet homme le dégoûtait. Mais vu les bêtises que faisait Junno il était dur de ne pas vouloir lui faire rentrer du plomb dans la tête. Chaque ado devait passer par une phase de rébellion, mais il trouvait celle de son jeune ami un peu dangereuse. Il traînait avec des gens peu recommandables et testait des trucs qui pouvaient avoir de lourdes conséquences sur lui. Mais c'était dur de tenir tête à l'adolescent parce qu'il savait jouer de son aegyo et de des mimiques mignonnes. C'était dur de rester en colère face à ce grand gamin qui cherchait ses repères.

Le thaïlandais s'était promis de lui botter les fesses mais au final, il finissait par lui payer un thé. La volonté San'ya la volonté... Mais l'adolescent était tellement paumé au fond.

« - J’aurai trouvé une solution…
- Passer la nuit au poste n'est pas une solution Junno...  Constata simplement San'ya.
- Je ferai plus attention la prochaine fois, promis ! Je ne me tromperai plus de carte. » Le thaïlandais le fusilla du regard.

Il espérait juste qu'il n'y ait pas de prochaine fois. Junno à son jeune âge allait se retrouver avec un casier judiciaire long comme le bras, ce qui n'était pas bon s'il voulait se construire un avenir.

« - Tu fais quoi ? Est-ce que je t’ai réveillé ?
- Non tu as interrompu mon repas, tu me dois un ramen. S'amusa-t-il à répondre.
[i]- Dis hyung, est-ce que je peux dormir chez toi ce soir ? Mes parents ne sont pas à la maison pour tout le weekend…Et…Heu…Ca me fait peur le soir.
- Si tu veux. Mais cette fois si tu prends toute la place je te pousse et tu dors par terre. » taquina-t-il Junno. Et à part ton passage chez les flics quoi de neuf ? C'est bien de m'appeler quand t'as des problèmes, mais j'aimerais bien que tu me contactes davantage quand t'as pas de problème aussi. »

Il marqua une pause et bu une gorgée de son café, se brûlant un peu au passage. Il n'en voulait pas à Junno, lui aussi adolescent, tellement absorbé par le sport en avait délaissé le reste. Junno lui, délaissait le reste pour faire des conneries, mais il comprenait... Et ses parents n'étaient quasiment jamais là pour jouer leurs rôles de parents alors forcément...

« - Tes parents sont absents jusque quand ? Tu peux rester chez moi jusqu'à ce qu'ils reviennent. Mais le deal c'est pas d'escapades du genre le soir, tu viens me filer un coup de main au garage et on rentre. Alors, deal ? »