Mikhaïl & Sung Gyu

I can't fail ♦

 

 

Enfin le week-end, ce qui signifie pas de cours ! Je n’ai rien contre l’école à proprement parler, mais être tranquille le week-end c’est bien aussi. Surtout dans mon état, il y a quelques jours je me suis blessé lors d’un entrainement de patinage. Rien de bien grave, juste une entorse et ma cheville doit être immobilisée plusieurs semaines. Je porte une attelle et si je me déplace, c’est béquilles obligatoire. Autant dire que ça ne m’enchante pas. Je ne vais pas pouvoir patiner pendant un petit moment et donc pas de compétition, ni rien pour moi. J’ai juste eu de la chance que ma blessure ne soit pas très grave et qu’elle ne m’empêche pas de continuer le patinage artistique. Après tout c’est mon rêve de devenir patineur, j’y tiens, et je ne sais pas comment je régirais si un jour on m’annonçait que je ne pouvait plus patiner. Quand j’étais plus jeune, j’espèrais devenir un patineur connu pour essayer de retrouver ceux qui m’ont mis au monde, enfin c’était l’une des raisons mais pas la seule. Vous savez comme dans les films, le genre d’histoire qui n’arrive jamais dans la réalité. Depuis le temps à passer, je suis plus terre à terre, même si intérieurement j’aimerais les rencontrer ne serait-ce que pour avoir les réponses à certaines questions … Puisqu’à mes yeux me parents adoptifs sont mes vrais parents, j’ai grandis avec eux et ils m’ont élevé.

Toutefois, le patinage reste l’une de mes grandes passions, avec le dessin et je ne me vois pas faire autre chose. Je suis très sévère avec moi-même quand ça touche à quelque chose qui me tient à cœur. On dit que se blesser, c’est le métier qui rentre et qu’il n’y a que ceux qui travaillent dur qui se font mal. Pourtant je m’en passerais bien. Je n’aime pas échouer et pour moi, chacune de mes blessures est un échec … Chaque fois que l'on me voit avec des béquilles et qu’on me demande comment je me suis fait cela, je prends sur moi pour ne pas envoyer bouler les autres. Le pire c’était quand j’étais ados … Je me suis foulé le poignet, donc pas de patin et pas de dessin non plus car c’était la main avec laquelle j’écrivais. Vous imaginez un peu l’horreur ! Bref ! Assez bavardé, je dois préparer mon matériel à dessin avant que Mikhaïl arrive. Il sera mon modèle pour un concours de dessin auquel je me suis inscris avec un ami. Disons qu’il m’y a fortement incité, mais comme j’adore le dessin je fais cela avec plaisir. Je me suis blessé il y a seulement quelques jours, alors Mikhaïl ne le sait pas. J’espère qu’il ne sera pas trop curieux à ce sujet.

Sinon, je sais sur quoi l’interroger moi aussi. Les chaussons de danse que j’ai vue l’autre jour dans son sac. C’était des pointes de danse classique et j’avoue que sur le coup j’ai été intrigué, mais comme il partait j’ai gardé mes questions pour moi. Il doit certainement faire de la danse classique … Je ne le jugerais pas, après tout je fais bien du patinage artistique. C’est le genre de sport qui dans certains esprits sont plus féminins que masculins. Je patine depuis que j’ai six ans, alors croyez-moi j’en ai entendu des moqueries, surtout vers le collège et le lycée. Surtout le lycée en fait, c’est fou ce que les jeunes peuvent se faire du mal entre eux, juste pour se sentir plus « fort » ou que sais-je encore. À cette époque, c’était il n’y a pas si longtemps mais bon, j’étais l’intello de la classe, homosexuel et je pratiquais le patin à glace, j’avais le combo gagnant pour les railleries. La victime idéale aussi pour les manipulations aussi, vu comment a tourné mon premier amour. Enfin bon, grâce à ça, je suis ce que je suis aujourd’hui et honnêtement je préfère. Je ne me laisse plus marcher dessus, j’ai une grande gueule alors gare au premier qui me cherche et j’en passe, car il y a aussi des mauvais côtés à ce changement.

Je me déplace tant bien que mal avec mes béquilles et je vais chercher ce dont j’aurais besoin pour tout à l’heure, dans la pièce où je range tout mon bazar pour le dessin, le patin et mon bazar tout court en fait. Je fais plusieurs voyages car je ne peux pas trop me charger, je dois avoir au moins une béquille avec moi. Même si le médecin a insisté sur le fait que deux c’est mieux, car je ne dois pas me servir de ma cheville pour marcher. Il est bien gentil mais ce n’est pas toujours si facile. J’installe tout sur la table basse du salon, au pire je déplacerais tout si on se met ailleurs et la sonnette retentit. C’est sûrement Mikhaïl je n’attends personne d’autre. Même si lors de notre première rencontre je n’ai pas toujours été sympathique avec lui, on s’est revu quelques fois, on a échangé nos numéros car finalement le courant passait plutôt bien, puis il a accepté d’être mon modèle pour ce concours. Je me lève, sans oublier de prendre mes béquilles et je me dirige vers la porte d’entrée.

- Salut, dis-je en souriant et en l’invitant à entrer.

On a décidé de se retrouver chez moi, car Mikhaïl doit poser torse-nu, alors c’est mieux d’être dans un endroit privé et puis de tout façon si on devait se voir ailleurs, avec ma cheville je lui aurais demandé à ce qu’on change nos plans pour finalement venir ici.

   

Codes par Wild Hunger.

Mikhaïl & Sung Gyu

I can't fail

 

 

Cette blessure est loin de m’enchanter. Déjà parce qu’elle m’empêche de patiner, puis comme je dois solliciter ma cheville moins possible, il est préférable que je fasse le moins de déplacement possible. Alors je vais juste à l’université et à mes cours de dessin, en ce moment je ne fais pas grand-chose de plus. Puis chaque fois qu’ils le peuvent, c’est mes parents qui m’emmènent en voiture. Je leur ai dit un million de fois que je pouvais me débrouiller seul, mais bon c’est vrai que prendre les transports en commun ou marcher jusqu’à l’université avec mon attelle et mes béquilles, ce n’est pas le plus pratique. C’est un coup à encore me casser la figure. Pour aujourd’hui, je n’ai pas besoin de me déplacer, j’attends quelqu’un à la maison. Mon modèle pour le dessin que je vais présenter au concours auquel je me suis inscrit la semaine dernière. J’ai demandé à Mikhaïl de poser pour moi. Pour ce concours notre modèle doit obligatoirement être une personne et le but est de faire ressortir avec originalité quelque chose qui la caractérise. Au départ j’avais pensé aux yeux de Mikhaïl, mais un regard c’est peut-être un peu trop banal. Puis j’ai repensé que j’avais déjà vu un ou deux tatouage sur sa peau, c’était ma seconde idée.

Lorsque je lui en ai parlé, il m’a révélé en avoir plusieurs et comme il a accepté de poser pour moi, je n’ai plus qu’à dessiner. Il doit venir à mon appartement dans l’après-midi, mais il ne sait pas que je suis blessé. Je prends toujours assez mal mes échec, alors ce n’est pas quelque chose que je cris sur tous les toits et quand on me questionne de trop à ce sujet, je dois prendre sur moi. J’imagine que Mikhaïl aussi sera curieux en me voyant en béquille … Je m’excuse d’avance si je lui réponds de manière désagréable, ce sera plus fort que moi. Alors que pourtant maintenant le courant passe beaucoup mieux entre nous. Je veux dire, par rapport à nos premières rencontres où j’aimais bien faire ma peste avec lui. Je suis souvent comme ça, c’est dans mon caractère. Un visage d’ange, qui cache une personnalité plus sournoise. Je ne suis pas le mal incarné non plus et je ne pense pas avoir un mauvais fond, même si je peux vraiment devenir méchant si on me cherche trop. Disons que si on me laisse tranquille je fais de même, si on me titille je sors les griffes et quand on sait que je réagis souvent au quart de tour …

Il faut dire que j’en ai vu de toutes les couleurs quand j’étais au lycée, alors je ne me laisse plus faire. Mes pensées divaguent, tandis que je me déplace tant bien que mal dans l’appartement pour sortir mon matériel à dessin. Puis quelques minutes plus tard quelqu’un sonne à la porte. Comme je n’attends personne d’autre que Mikhaïl, il me parait évident que c’est lui. Je le salue avec un sourire et je me recule pour le laisser entrer, avant de retourner vers le salon en m’aidant de mes béquilles. Même si c’est très contraignant, je pourrais difficilement faire sans, car j’ai encore mal lorsque je prends appuie sur mon pied et théoriquement je n’ai pas le droit de le faire. Bien entendu Mikhaïl remarque mon état et fait un petit commentaire. Je soupire un peu, mais ne souhaitant pas trop plomber l’ambiance avec mon sale caractère j’essaie de lui répondre normalement.

- Oui une entorse … Je fais du patinage artistique et je m’entraine plusieurs fois par semaine, j’ai fait une mauvaise chute et c’est ma cheville qui a tout pris.

En gros c’est ça, je n’ai pas envie de tergiverser à ce sujet pendant trop longtemps. Ce n’est pas la première fois que je tombe en voulant exécuter un saut et je suis conscient que c’est loin d’être la dernière. Juste, ça m’énerve à chaque fois. Je veux devenir patineur professionnel, alors je m’entraine dur et je n’aime pas l’échec, ce n’est pas envisageable pour moi. Mikhaïl me confie alors qu’il s’est lui-même blessé, il n’y a pas si longtemps. La première idée qui me vient à l’esprit, c’est qu’il se soit fait cela en dansant, car je repense aux pointes que j’ai vu dans son sac l’autre jour. Je me suis même dit un peu plus tôt dans la journée, que s’il me questionnait sur ma blessure, je lui parlerais de ça.

- Tu t’es fait ça en dansant ? demandais-je en mettant les deux pieds dans le plat.

Non, la délicatesse et le tact je ne connais pas trop. Il m’est déjà arrivé de blesser certaines personnes parfois, alors maintenant je fais un peu attention. Néanmoins, je ne pense pas que ce que je viens de dire va le froisser. Il sera surprit, je pense, il ne m’a jamais parlé de cela. À moins que ces chaussons de danse n’étaient pas à lui, c’est aussi possible … J’aviserais lorsque j’aurais sa réponse. Il me demande dans quelle position il va poser. Je réfléchis rapidement.

- Une pose assise ou mi-allongée, histoire que tu sois confortable, je doute que rester debout trop longtemps soit très agréable … Tant que je peux voir tes tatouages pour pouvoir les dessiner.

Sur le coup je n’ai pas tiqué à propos de ce qu’il a ajouté. Enfin intérieurement si, mais je n’ai rien dit. Fidèle à moi-même je lui réponds.

- Sinon, je ne suis pas en sucre merci et je peux me débrouiller seul.

Il a bien prit des pincettes pour me dire cela, à croire qu’il commence à me connaître, mais bon … Je remarque qu’il me manque quelque chose pour dessiner.

- Je reviens, dis-je simplement en retournant dans la pièce où je range mes affaires de dessin.

Bien sûr, les crayons dont j’ai besoin se trouvent dans une boite en carton en hauteur et bien trop fier pour demander de l’aide à Mikhaïl, je me mets sur la pointe de mon pied non blessé, en prenant appuie sur une béquille et je tends mon bras pour atteindre cette fameuse boite. Bien sûr avec une position aussi casse gueule ça devait arriver, je perds mon équilibre, alors que je prenais ce dont j’avais besoin. Je me retrouve par terre dans un bruit sourd, et le contenu de la boite me tombant sur la tête. Heureusement que ce ne sont juste que des crayons et des pinceaux, rien de très dangereux en soit.

Spoiler:

   

Codes par Wild Hunger.