Jeudi, 15H05, Campus de l'université

Ça y est ! Ça y est ! Ça y est ! Je suis enfin sorti de mes deux longues heures de cours d'histoire du théâtre ! Si seulement vous saviez à quel point je hais ce cours ! Non pas que l'histoire du théâtre ne m'intéresse pas. Bien au contraire ! Mais la manière dont mon professeur dit les choses, c'est... Soporifique ! Et je n'exagère pas lorsque je dis cela. À chaque cours, il y a au moins 3 élèves sur 30 qui s'endorment dès le premier quart d'heure. Et généralement, je fais partie de l'un de ces trois. Pourtant, j'essaye de me maintenir éveillé, hein ! Premièrement, parce que le coefficient de cette matière pour mon diplôme est de 6, ce qui n'est ABSOLUMENT PAS négligeable. Et deuxièmement, parce que ceux qui se font attraper par le prof en train de dormir ont de très sévères sanctions. S'il y a bien une chose que je déteste plus que le manque de nourriture, ce sont les sanctions. Bref ! Autant vous dire donc, que quand j'entendis enfin la cloche sonnait après ces deux heures de somnolence, j'ai remballé mes affaires en vitesse pour courir dans le couloir. C'était un peu comme sortir de prison après une décennie. Et vous n'imaginez pas pas comme j'ai dû me retenir pour ne pas faire la danse de la joie en plein milieu du couloir.

Enfin bref. Me voici donc en train de traverser le campus en sautillant. Il fait assez frais dehors mais, emmitouflé dans un gros manteau et empli de joie, je ne le ressens quasiment pas. Bizarrement, tout m'a l'air dix fois mieux qu'avant mes deux heures d'histoire du théâtre. Le campus a l'air dix fois plus beau, les gens ont l'air dix fois plus souriants, même moi je me sens dix fois plus... PAOW ! Comme si je revivais. Et le pire, c'est que c'est ça deux fois par semaine, chaque semaine ! Peut-être que je suis un peu excessif, non ? Roh, tant pis ! Je suis jeune ! C'est normal que je vive tout ce qui m'entoure à 3000%. Si je ne le fais pas maintenant, quand le ferai-je, hein ?

Je continue de traverser le campus en sautillant gaiement, presque en chantant ma joie même, lorsque je vois un garçon accroupi regardant à travers l'objectif d'un appareil photo. Il avait l'air vraiment très concentré et c'est ce qui piqua ma curiosité à vif. Qu'est ce qu'il pouvait bien être en train de prendre en photo ? Je m'approche et c'est là que je sens cette odeur ! Une odeur sucrée et vanillé ! Une odeur de doré et de croustillant ! Une odeur de crème et de caramel ! UNE ODEUR DE CHOU À LA CRÈME CARAMÉLISÉ ! Oh mon Dieu ! Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Il me faut absolument connaître la provenance de cette odeur absolument divine ! J'active mon mode super glouton qui inclut un odorat sur développé et commence à renifler l'air avec avidité. Doucement, je m'approche du garçon accroupi car visiblement, l'odeur vient de lui. Par contre, puisqu'il est de dos, il ne voit pas arriver. Est ce qu'il a de la nourriture sur lui ? Je ne vois pas de boîte à pâtisseries à ses côtés donc... AH ! Mais peut-être dans son sac ? Mais si il les a mises dans son sac, elles seront toutes écrasées. Les pauvres ! Il faut être inhumains pour écraser des pauvres choux à la crème caramélisés sans défense ! C'est en pensant à cela que j'arrive finalement au niveau du photographe qui est toujours concentré sur ce qu'il veut prendre en photo. Je le fixe un moment, sans un mot ni bruit puis me baisse pour me pencher par dessus son épaule.

Hey ! Salut ! Tu fais quoi ?

*M'écriai-je presque dans son oreille.*

Je sursaute moi-même lorsque le photographe se met à sursauter. Enfin ce n'est pas vraiment un sursaute mais plus un bond de plus de deux mètres plus loin. Je suis si effrayant que ça lorsque je salue quelqu'un ? Je ne pense pas puisque cet étudiant est le seul à régir aussi... Excessivement ? Quoi que j'aurais également eu peur à sa place. Je souris et hoche la tête, signe que je comprenais. Il n'est pas rare de voir des étudiants se promenaient avec de gros appareils photos et mitrailler un peu tout et n'importe quoi. D'ailleurs, on m'a déjà demandé plusieurs fois de poser ! Je dois dire que c'était assez amusant. Enfin bref. En moins de temps qu'il ne font pour le dire, le photographe est de nouveau en place, comme si je n'étais jamais intervenu. Je reste planté derrière lui à le fixer longuement. Est-ce que je lui demande pour les pâtisseries ? Je me baisse à son niveau et renifle de nouveau l'air. Evidemment que je lui demande pour les pâtisseries !

Tu as des pâtisseries sur toi, non ?

Je tourne ma tête vers lui et le fixe en souriant. Le sourire un peu pressant et bourré du sous entendus du mec qui a faim. Enfin non, en réalité, je n'ai pas faim. Mais la gourmandise me donne l'impression que j'ai faim. C'est fou comme l'état mental joue sur l'état physique !

Ah ! Et j'm'appelle Noah au fait ! Héhé. Je sais, ce n'est pas très coréen, mais c'est parce que je suis canadien. De Montréal plus précisément. J'suis dans la section Mise en Scène et Dramaturgie. Tu dois connaître. C'est une filière presque aussi vaste que la filière photo... Quoi que c'est plutôt une sous filière... Donc du coup, peut-être que tu ne connais pas. BREF ! Théâtre quoi !


Je suis bavard, je sais. Même j'aime bien taper la discussion. Et le principe d'une discussion, c'est que l'un parle et que l'autre parle en réponse à ce qu'il a dit. Si aucun de nous deux ne parle alors on ne pourra pas engager la discussion ! Puis ce serait impoli de piquer ses pâtisseries à un parfait inconnu sans même prendre le temps de lui demande son nom.

Et toi ?