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Cela faisait déjà plusieurs jours qu'il s'était retrouvé avec le canon d'un pistolet sur la tempe, mais le jeune homme en se regardant dans le miroir en frissonnait encore. Il se pensait blinder de toute émotion, mais il s'était rendu compte qu'il y en avait une qu'il ne maîtrisait pas : la peur de mourir. Et c'est comme ça qu'il avait accepté de servir la mafia. Ça le rendait malade, lui qui voulait vivre tranquillement, paisiblement, il se retrouvait mêlé à la mafia. Ils lui avaient promis des sommes non négligeables, mais Son San'ya ne voyait qu'une chose lui, et il en avait déjà la nausée. La mafia savait qui il était, et exigeait de lui que ses talents en arts martiaux soient à leur disposition. Lui qui refusait de se battre... Il n'avait plus le choix, si ce n'est qu'espérer que la femme qu'il devait protéger n'allait pas régulièrement être en danger. Mais si on lui demandait d'être son garde du corps, c'est bien qu'elle devait être en danger par moment.

San'ya se passa de l'eau froide sur le visage avant de sortir de la salle de bain pour aller mettre ses chaussures. Il avait pour ordre de suivre la jeune femme pour le moment. Elle n'était pas au courant du fait qu'elle avait un nouveau larbin et il ne devait se montrer que si elle était en danger. La nuit venait de tomber et s'annonçait longue pour le thaïlandais.

L'oncle de la jeune femme, celui même qui l'avait menacé de son arme, lui donnait les allers et venus de sa fille, il la traçait à son insu visiblement. San'ya savait donc qu'il devait se rendre dans le bar où la jeune femme travaillait. Il se mit en route, et le quartier était bien différent du sien. Face aux bâtiments il était un peu perdu, ça le changeait des immeubles de son quartier où squattaient les mobillettes des livreurs en tout genre et les chariots pleins de cartons de ceux qui essayaient de survivre en les ramassant et les faisant recycler. Là il voyait des voitures, motos et de belles filles qui se pavanaient au bras de types qui portaient des costumes qui lui auraient payé son loyer.

Il arriva devant le bar où se trouvait la jeune femme qu'il devait protéger. Comment s'appelait-elle déjà ? Hae Rin ? Ha Rin ? Ce n'était pas important. Il entra dans le bar et se commanda une boisson pour avoir l'air d'être un client comme les autres, même si le prix le rendit malade. Il espérait qu'au moins ce serait bon. La jeune femme était affairer à servir, prendre des commandes, préparer des coktails... L'ambiance ne semblait pas tendue un seul instant. Si toute la soirée consistait à observer cette petite mafieuse ça irait, du moment que tout restait comme ça, la soirée ne serait pas trop terrible, sa boisson était plutôt sympa d'ailleurs.

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Hae Rim étendit ses jambes et s’avachie un peu plus dans son fauteuil, elle rejeta sa tête en arrière, laissant ses doigts jouer sur les accoudoirs. Elle était en avance, ça ne lui ressemblait pas, la jeune femme était plutôt du genre à être en retard qu’en avance, c’était une ligne de conduite. Elle se redressa, en entendant la porte s’ouvrir, et choisi d’ignorer l’homme de main qui entra pour déposer une note sur le bureau. Etre la nièce de son oncle avait ses avantages, chacun de ses hommes savaient exactement qui elle était, elle pouvait, à sa discrétion, disposer de leur installation et comme présentement transformer le bureau du gérant du club en sa salle de repos personnelle. Honnêtement elle avait passé une mauvaise journée, et c’était probablement la raison de son avance, elle avait congédié son chauffeur, plus tôt que d’habitude, et s’était rendue par ses propres moyens au club.

Son humeur avait peut-être à voir avec le fait que son oncle avait décidé de changer la team qui l’entourait, son chauffeur avait changé la semaine précédente, son garde du corps aussi, elle détestait avoir un fil à la patte et ces derniers temps, son oncle estimait nécessaire qu’elle soit protégée ou surveillée, ça dépendait du point de vue. La jeune femme laissa échapper un rire léger et légèrement hystérique quelques instant avant de se ressaisir. C’était ridicule. Elle ne vivait avec aucune de ses parents pour éviter ce genre de comportement obsessionnelle autour de ses fréquentations ou allers et venues et c’était le frère de sa mère qui prenait le relais.

Elle se releva et épousseta une invisible poussière de son short doré avant de sortir du bureau pour rejoindre la grande salle du club, ses collègues s’affairaient déjà derrière le bar, et les haut-parleurs crachaient déjà leurs habituelles décibels. Hae Rim sortit de la poche de veste son rouge à lèvre et en appliqua une nouvelle couche, vérifia que son maquillage était en place et se dirigea vers le bar. L’héritière entretenait de bonne relation avec ses collègues malgré le fait qu’elle leur laissait le plus souvent tout le boulot le plus ingrat. Elle savait s’attirer les bonnes grâces de ceux qui l’entouraient et les garder, tant que cela la servait, comme toujours avec elle.

Elle salua tout le monde en souriant et fourra sa veste sous le bar. La coréenne organisa son coin du bar où elle faisait équipe avec le plus ancien des barmans du club. elle remonta ses cheveux et rejoignis ses collègues, écoutant d’une oreille distraite les recommandations du jour. Quand Hae Rim avait songé à ce job au début, elle imaginait le job différemment, un peu plus comme dans les films, avec des filles dansant sur le comptoir, la réalité était différente, certain soir où elle avait envie de danser elle regrettait que ce ne fut pas le cas, les autres elle s’en fichait. Si elle voulait danser elle abandonnait son collègue et allait danser, c’était aussi simple que ça.

Cela faisait déjà 3 heures qu’elle servait des inconnus, elle souriait, mixait, riait à une blague, et recommençait le cycle. Elle aimait la diversité des gens qui venaient au club, l’anonymat de ces relations d’un instant nouée et oublié une fois le verre payé et emporté. Il y avait ceux qui étaient là pour une soirée et ceux qui venaient tous les soirs, ceux dont elle connaissait le nom, savait ce qu’ils voulaient avant qu’ils le lui demandent. Elle préférait les nouveaux visages aux habitués et en même temps les habitués avaient leurs avantages. Son regard scanna la salle à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Elle avait envie de quelque chose de nouveau pour ce soir, d’autant plus que le temps qu’elle « dresse » sa nouvelle ombre, elle allait probablement éviter ce genre de rencontre d’un soir.

Elle repéra un inconnu, un peu en retrait, qui sirotait un cocktail et jetait de fréquent coup d’œil vers le bar. Elle fit signe à son collègue qu’elle prenait une pause, l’homme était suffisamment expérimenté pour gérer tout seul. Hae Rim vérifia à nouveau son maquillage, avant de se diriger vers l’homme, sourire aux lèvres.

« Hello, pretty boy, le salua-t-elle. ta soirée se passe bien ? »