Le vent soufflait doucement, frais alors que l’air était pour sa part un peu trop chaud. Les mèches brunes de Haneul bougeaient paresseusement au rythme des petites bourrasques. Yeux fermés, le jeune homme était assis sur une table à pique-nique et attendait patiemment. Quoi ? Pour être franc, il n’était pas certain. C’était un peu complexe. Il était du genre à explorer cette ville de fond en comble tant il n’aimait pas être pris entre quatre mur la majorité du temps. Il lui arrivait même de piquer un épais couvre-lit dans la buanderie familiale pour l’amener dehors et s’emmailloté dedans histoire de dormir un peu dans la cours arrière. Ça semblait complètement fou, mais il adorait sentir le vent sur sa peau ou même la pluie lorsqu’elle n’était pas trop froide. Alors qu’il soit dans le parc n’était pas inhabituel, au contraire. Par contre, qu’il attende quelque chose d’imprécis, c’était quand même nettement plus étrange.

Posé près de lui, son livre préférait avaient quelques pages racornies qui battaient au vent. Le vieux tome de Battle Royale avait été lu tant de fois que certaines pages allaient bientôt commencer à se détacher. Il allait devoir investir dans un nouveau bouquin bientôt. C’était un peu la loose, non ? Quoi qu’il en soit, il ne lisait présentement pas même si ça avait été le but. Dans un soupir, Haneul rouvre les yeux. Ça ne servait à rien de se mentir. Il était ici pour voir... un homme. Il ne savait même pas son nom, ni ce qu’il faisait dans la vie et encore moins comment le joindre. Mais quand il l’avait vu, il avait un appareil photo dans les mains, le genre de truc qui valait bien cher. Alors soit cet homme était riche, soit sa passion pour la photographie était vraiment sérieuse. Si c’était le dernier cas, avec un peu de chance, il le reverrait. Ce qui s’était passé méritait d’être compris...

Haneul l’avait vu une seule fois, mais quelque chose lui disait que l’autre l’avait déjà vu avant. Parce qu’il avait l’air de le chercher, ici même, au parc que le jeune homme fréquentait le plus. Ils s’étaient à peine échangé les formules de politesse. Enfin, Haneul l’avait fait. Les paroles de l’autre s’étaient coincées dans sa gorge, semblait-il. Puis il s’était enfuit. À cette pensée, Haneul revient observer les alentours, un petit soupir franchissant le seuil de ses lèvres. Ça lui avait fait drôle, cette rencontre... Alors oui, il voulait le revoir. Il attire ses jambes à lui, posant sa tête contre ses genoux, continuant d’observer chaque visage qui passait à proximité. Mais ce n’est pas un visage qui le fait bondir, soudainement. C’est une silhouette dos à lui, assez loin. Des cheveux ébouriffés, noirs, qui s’agitaient eux aussi au vent. Et un appareil photo de prix dans une main. Haneul bondit sur ses pieds, glissant une main dans ses cheveux pour replacer la petite corde attachée autour de sa tête, accessoire un peu indie dont il ne se passait que très rarement.

Il n’hésite pas, sociable de nature. Il court plutôt vers l’homme, quand même un peu surpris de l’avoir trouvé si facilement ! Comme quoi parfois dans la vie il fallait vraiment attendre que ça nous tombe dessus ! Il s’approche de l’homme, pose une main sur son épaule... et quand il se retourne vers lui, Haneul attrape rapidement son poignet, sans force mais insistant néanmoins pour converser sa prise. Pas question de le laisser se sauver, cette fois !

« Attends...! », s’exclame Haneul, espérant que l’homme n’allait pas non plus se fâcher parce qu’il ne saurait absolument pas comment réagir à ça ! Et il se permettait le tutoiement, oui. C’était peut-être impoli, mais ça lui semblait plus simple, présentement. « On s’est déjà vu une fois, tu te souviens de moi ? Ici même, dans ce parc. »

Haneul laisse filer un petit moment de silence, plongeant son regard dans les jolis yeux noirs de l’étranger, comme pour y chercher une petite lueur d’encouragement. Mais il n’y voit rien de tel. Au contraire, il lui semble que l’homme est plutôt... réticent.

« On se connaît ? », demande bêtement Haneul, sachant déjà que la réponse serait négative et pourtant... Il n’en savait rien. C’était la rencontre la plus étrange qu’il avait fait de toute sa vie. « Je m’appelle Haneul. En fait, je crois pas qu’on se connaisse... Mais pourquoi est-ce que tu me fuis ? »

C’était quand même LA grande question !

Tourner en rond sans savoir quoi faire ! Cette sensation de ne pas pouvoir rester en place, de faire les cents pas, et quand vous pensez avoir trouver une occupation, comme faire la vaisselle, vous vous rendez compte que c’est déjà fait, et vous êtes repartit pour tourner en rond dans votre appartement. C’est ce qui m’arrive en ce moment et je commence à m’agacer, j’ai besoin de bouger, de sortir et de prendre l’air. Je suis levé depuis à peine 2 heures que je n’ai pas d’occupation… Mes photos sont dans la chambre noir en train de se faire, et je n’ai aucun rendez vous de prévu pour ma journée. Enfin si on peut appeler ça ‘journée’ en sachant l’heure bien avancé qu’il était. Je m’étais attelé à prendre un douche, enfilant au passage les premiers vêtements qui me venait sous la main, et j’avais entreprit de me faire mon premier repas de la journée que j’avais essayer de faire équilibré, bien que c’était, avec moi, vain. J’avais finit par manger et avait fait la vaisselle puis fait un peu de rangement, chose que j’avais faite quelques jours auparavant. Et maintenant, me voilà à tourner en rond chez moi, n’ayant qu’une envie, fuir mon propre appartement. Mais au fait, qu’est ce qui me retient ? Je me redresse vivement et sans attendre une seconde, j’attrape un appareil photo et mes clefs. En quelques minutes, je suis dans la rue et je commence à errer dans les rues de Icheon. Je ne sais pas trop où je vais à vrai dire et je laisse mon instinct me guider. Mais au fond de moi je crois que je connais déjà la destination, le parc. C’est l’endroit où généralement je vais pour passer le temps et espérer prendre quelques photos qui seront le plaisir de la journée. Je finis très vite par arriver au lieu dit, et finis par pénétrer dans le lien à par l’une des très nombreuses entrées du parc. Je m’y aventure sans me faire prier et commence à me balader machinalement, bien que mes pas me guide automatiquement vers mes endroits préférés. J’arrive près du lac et m’arrête à un endroit que je trouve agréable. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai put m’installer ici, surtout l’été, à profité de l’ombre des arbres et la fraîcheur de lac à proximité. Très pratique en temps de canicule et aussi endroit à faire de magnifique photo. Je soulève mon numérique et l’approche de mon œil, mais très vite je trouve obstacle à ce que mon iris regard dans l’objectif, mes lunettes… Je soupire de nouveau et me rend compte qu’encore une fois, je suis parti tellement vite que j’ai oublier de mettre mes lentilles. Embêtant pour un photographe non ? Et j’aurai beau retirer mes lunettes qui me gêne, je ne verrai absolument rien sans elle. Foutu maladie, moi je vous le dis…

Et voilà, je déprime car ma journée va être gâché par ma propre bêtise et cette tête en l’air que je suis. Je traîne des pieds et avance d’un pas assez lent. Je ne compte pas pour autant partir, je souhaites bel et bien profiter de ce beau temps. Si j’allais arriver à photographier ? C’était la question, mais j’allais bien trouver une technique pour y voir quelque chose. Je finis par m’arrête alors que le vent souffla doucement. Je savoura un instant cette brise qui venait me rafraîchir et ferma les yeux pour profiter de cette sensation. Je n’entends pas à ce moment la personne qui posa une main sur mon épaule. Je sursauta à cette interruption et me tourna vivement pour savoir qui venait m’aborder. Je n’eut pas le temps de dire ou faire quoi que se soit que je sentis une main m’attraper le poignet. Je fixa cette main un instant avant de pouvoir voir qui m’attrapait ainsi, sûrement de peur que je file. En tout cas, il avait bien raison de faire ça, quand je posa mon regard sur le garçon qui me faisait face, j’eus un mouvement de recul, mais il m’empêchait d’aller plus loin. « Attends...! » Justement, c’est ça le problème, je n’ai pas envie d’attendre, mais plutôt de partir. Mon cœur s’accélère, et comme la dernière fois, je suis mélanger par une certaine angoisse, rancœur et trouble. Je l’avais déjà croisé, auparavant, et voir en cet inconnu le visage de la personne qui avait le plus compter dans mon adolescence me donner une impression de nostalgie, mélanger à de la peur. Qui était-il pour moi ? Un ami, un confident, un amant qui m’avait abandonné quand moi je lui sauvais la mise. Et depuis mon emprisonnement, je ne l’avais jamais revu. Et lui, cet inconnu, lui ressemblait comme deux gouttes d’eau quand je l’ai connu. Je savais pourtant que ce n’était pas lui, trop jeune. « On s’est déjà vu une fois, tu te souviens de moi ? Ici même, dans ce parc. » Oui je me souviens, même trop bien… Mais en guise de réponse, je me murs dans mon silence, tirant toujours un peu sur mon poignet pour me défaire de son entrains. « On se connaît ? » Encore une fois, je reste dans un silence limite perturbant, mais je finis par hocher la tête devant cette question. « Je m’appelle Haneul. En fait, je crois pas qu’on se connaisse... Mais pourquoi est-ce que tu me fuis ? » Il semblait bien que j’étais pris dans les mailles du filet et qu’il ne me laisserait pas tranquille de si tôt. La seule solution que j’avais ? Prendre enfin la parole pour me sortir de ce pétrins, bien que je ne savais quoi lui dire. De plus, j’étais trop troublé pour que je sois concentré à trouver une excuse et ainsi me débarrasser de lui. Par un effort que je sortais de je ne sais où, je finis par prendre la parole. « Non, on ne se connaît pas… Et non je ne te fuis pas je … » BIM, blanc, je ne sais pas quoi lui dire de nouveau. Ma voix est comme un murmure et peu ressentir que l’assurance n’est pas avec moi à ce moment. « Je ne souhaites pas être prêt de vous… » Ou comment être plus énigmatique qu’il ne l’est déjà. Le pauvre, s’il arrive à comprendre ce que je dis, ça serait un exploit. « Ce n’est pas votre faute mais…Je suis désolé… » Voilà que je m’excuse à présent… Mais je sais qu’il n’y est pour rien, et qu’il ne doit pas comprendre quand chose.

C’est un mouvement de recul qui répond le premier à Haneul et ça le rend encore plus confus si possible. Il ne savait pas du tout ce qu’il avait pour faire fuir cet homme de cette façon ! Un gros boutons sur le nez ? De la purée sur le menton ? Quelque chose lui disait que la raison était toute autre ! Surtout que l’homme ne semblait pas particulièrement moqueur et encore moins hargneux. Par contre, il ne parle pas et forcément, ça met Haneul mal à l’aise. Il a beau relâcher le poignet de l’homme, il a l’impression que son regard étiré sur les tempes le transperce. Ça le fait même brièvement frissonner. L’étranger avait ce genre de traits qu’il était impossible d’oublier, qui semblaient raconter une histoire à eux seuls tant ils étaient caractéristiques. Et ça aussi, ça le mettait un peu mal à l’aise, comme si du coup, le regard de l’inconnu ne s’en faisait que plus perçant. Haneul fini même par avoir un petit pas vers l’arrière sans réellement s’en rendre compte, sans quitter l’autre des yeux.

Puis, la voix masculine et un brin rauque se fait entendre. Ce qu’il entend... sidère toutefois Haneul, qui ne s’attendait pas du tout à ça. Mais au moins, ça a l’avantage de le sortir de sa torpeur ! Il a un pas vers l’homme, son regard se faisant curieux et inquisiteur. Non, il n’allait pas s’en tirer si facilement. Une fois qu’on avait piqué sa curiosité, surtout si le sujet le concernait un minimum, Haneul était intraitable !

« C’est... vraiment bizarre ce que vous racontez là. », fait finalement remarquer le jeune homme, passant automatiquement à un niveau de langage plus formel puisque l’inconnu semblait vouloir s’en tenir à ça. « Vous en avez au moins conscience, j’espère ? »

Il pince un peu les lèvres. Vexé ? Bon... peut-être un peu, mais rien d’irrécupérable non plus. Disons juste qu’il ne s’était vraiment pas attendu à entendre que ce type ne voulait pas lui voir la tronche, en gros ! Il fini par secouer la tête de gauche à droite, un peu comme s’il tentait de remettre de l’ordre dans ses idées, ce qui n’était pas loin de la réalité ! D’ailleurs, après avoir glissé une main dans ses mèches folles pour les retirer de ses yeux, la petite corde fine passant dans ses cheveux ne servant pas à les éloigner de son regard, il fini par reprendre la parole, confus.

« Excusez-moi, mais ça n’a aucun sens et je me sens un peu obligé de vous le faire remarquer, là. », convient finalement Haneul tout en affichant une petite moue un peu boudeuse. On ne la lui avait jamais faite, celle-là. « Qu’est-ce qui vous dérange chez moi ? »

Comme si ça pouvait répondre à sa question, il baisse la tête pour jeter un coup d’oeil à son look. Il portait un t-shirt blanc un peu trop grand qui, lorsqu’il bougeait, finissait par lui découvrir une épaule et qu’il tirait donc souvent sur celle-ci pour la cacher à nouveau, nonchalant. Les contours d’une grosse étoile noire se dessinait sur le devant du vêtement, comportant plusieurs traits comme si on l’avait tracée rapidement d’une façon hachurée. Ses jeans étaient un peu troués, ses baskets plus de la toute dernière jeunesse. Il avait un look hybride entre le hippie et le décontracté. Mais ça ne pouvait pas choquer le jeune homme à ce point, pas vrai ? Alors son regard en revient à l’homme. Il se pose un moment sur l’appareil photo dernier cri avant d’en revenir au joli visage masculin.

« Allez, racontez-moi. », demande finalement le garçon tout en faisant un sourire pour détendu à l’homme, histoire qu’il se détende un peu. D’ailleurs, il tente de faire un peu d’humour. « Vous ne voudriez pas que je complexe en repensant à cette rencontre, pas vrai ? »

Le tout accompagné d’un petit clin d’oeil, histoire que l’inconnu ne le prenne pas au sérieux. Ah ! Et justement ! Haneul s’incline.

« Je m’appelle Jang Haneul. Enchanté ! »

En espérant que son vis-à-vis se présente à son tour...!