Waves

Je jette un regard désabusé à mon propre reflet : est-ce vraiment moi ? On m’a privé de mes grosses lunettes, de mon pull aux motifs géométriques… Les cheveux sont relevés, à présent, dans un effet coiffé décoiffé des plus réussis. J’arbore un t-shirt noir, soulignant de près les courbes de mon torse, le col en V laissant entrevoir ma peau pâle. Un jean complète la tenue, lui aussi, plutôt (trop ?) moulant. Je me sens à l’étroit, et quelque peu embarrassé, dans ces vêtements auxquels je ne suis pas (du tout) accoutumé. Et cerise sur le gâteau, mon supposé meilleur ami insiste pour me mettre de « l’eyeliner ». Je m’offusque, je recule. « Mais ! C’est pour les filles, ça va pas… ! Non, arrête, ne t’approche pas ». Vaines oppositions, car très vite, mes yeux sont assombris. On se croirait dans une de ces émissions US, de relooking extreme. Autant dire que ce n’est pas très flatteur pour ma petite personne. La séance de torture semble prendre fin, à mon soulagement. Je ne suis pas habitué à passer des heures devant des vêtements étalés sur un lit, et dans la salle de bain, peigne à la main. Non vraiment, les matins je prends ce qui vient à ma portée. Bien sûr, je donne un coup d’oeil furtif à mon apparence avant de sortir travailler, mais c’est tout. Histoire de ne pas me promener en pantoufles, ou que sais-je. Et puis, mes habits ne sont pas si « démodés » que ça… Ils sont confortables, sobres, classiques. A l’opposé de ce que je porte en ce début de soirée. Enfin, me voilà fin prêt pour la suite des « festivités ». Je veux fuir, m’échapper de cet enfer naissant. Au programme : bar, puis boîte de nuit. Soit alcool, danse, et gens. Peu friand des deux premiers, j’évite au possible de fréquenter des individus qui eux, pratiquent régulièrement ces activités nocturnes (et de débauche, mh). Je sens que je vais décéder ; par la chaleur, la présence massive d’étrangers, et par ma propre gêne. Mais, d’un autre côté, je n’ai pas envie de décevoir mes « amis ». Ils veulent me sortir un peu (ô moi, le nerd sans vie sociale, et amoureuse, dans la logique des choses), pris d’une bonne intention. Or, c’est comme prendre un lapin domestique et le mettre dans la brousse africaine. Cruel.

Je placarde un sourire pas tout à fait rassuré sur mes lèvres quand on décide de partir au bar. Les autres sont joyeux, et ils rient, se bousculent. J’essaie de prendre part à l’enthousiasme général. Un instant, je lève les yeux vers les hautes façades, observant les lueurs, le ciel de nuit. Puis, vite tiré de mes contemplations, on m’entraîne à l’intérieur d’un bâtiment sombre, aux maintes odeurs ; celle de la cigarette prédominant. La petite compagnie s’assoit, et les commandes se font rapidement. Mon tour vient, et alors que j’ouvre les lèvres pour demander un Whisky Coca, Yun Su décide à ma place. Je ne connais même pas le nom de la boisson. Gé-nial.

Mais le cocktail (je crois) était plutôt bon. Je me fais cette réflexion alors que nous pénétrons dans le nightclub, deuxième étape de notre « nuit de folie ». L’atmosphère est absolument insupportable ; il fait trop chaud, la musique est assourdissante, et puis… tout ce monde ! Je tourne mes yeux (chastes) vers la piste de danse, apercevant des corps lascifs. Qu’est-ce que je fiche là. On parvient jusqu’au bar, et je demande à Yun Su de commander la même liqueur que tantôt. Verre à la main, j’essaie de m’accoutumer à… tout ça. Rapidement, mes amis décident d’aller sur la piste danse. Oh dear lord. Je fais un signe négatif de la tête, puis je porte la boisson à mes lèvres (pour noyer mon désarroi ?). Appuyé contre le bar, je sirote, l’ennui se lisant sur mon visage. Une jeune femme passe devant moi, talons hauts, jupe très courte ; l’on voit plus de peau que de tissus, c’est affligeant. Je laisse échapper un soupir de mes lèvres, et je me fiche pas mal de mon entourage, à présent. Mon regard erre de nouveau vers les danseurs, et il se pose sur un individu en particulier. Il semble être plutôt… mh, charmant. Voire carrément trop beau. Mon coeur bat un peu plus vite, et je finis mon verre, troublé.

L’ennui total pour le pauvre Junwoo dont aucun ami n’était disponible. Sa soirée était déjà fichue, il allait la passer devant la télé, un sandwich à la main, regardant un de ces programmes assourdissants qui n’avaient aucunes utilités, si ce n’était de rendre les gens encore plus cons qu’ils ne l’étaient. Pourtant le destin semblait avoir eu pitié du jeune homme affalé sur le canapé de son appartement, si pitié qu’il fit sonner son téléphone, réveillant subitement Junwoo qui plongeait dans une léthargie sans nom. Il décrocha d’une voix quelque peu endormie, mais lorsqu’il entendit la proposition de l’individu de l’autre côté du fil, il fit un bon et se dépêcha de se diriger vers la salle de bain, enlevant ses vêtements sales au passage. Coup de chance ? La soirée d’un de ses amis était tombée à l’eau, et il n’avait vraiment pas envie de s’ennuyer comme Junwoo était prêt à le faire. Il l’avait alors appelé pour l’inviter en boîte. Enfin, l’inviter. Plutôt l’accompagner, il se débrouillerait après pour s’acheter à boire et trouver un partenaire avec un joli fessier et, ne nous égarons pas. Junwoo se frappa légèrement la tête contre le carrelage froid des murs de la douche. Ce n’était pas le moment de penser à sa future proie de ce soir. Il aurait tout le temps d’être excité une fois là-bas. Il prit sa douche en à peine cinq minutes, prenant tout de même la peine de se laver les cheveux et le corps comme il faut. Il ne mit pas longtemps à choisir ses vêtements, sachant parfaitement ce qu’il fallait porter pour ce genre de soirée. Un coin de son placard était même réservé pour ces occasions. Il n’y allait pas tous les soirs, mais ce n’était pas pour autant que c’était rare qu’il aille en boîte. Il y allait une fois de temps en temps, comme tout étudiant normalement constitué. Il enfila un jean moulant noir qui mettait en valeur son fessier quelque peu rebondi, accompagné d’une fine chemise blanche, à laquelle il ne boutonna pas les deux premiers boutons, laissant à découvert ses clavicules et le haut de son torse. Il releva ses cheveux qu’il plaqua à l’aide d’un peu de gel, et il se mit un trait d’eye-liner, appuyant ainsi sur l’aspect perçant et sensuel de son regard. Il était enfin prêt. Et son ami arrivait chez lui pour l’emmener en voiture. Parfait timing.

À peine sur le parking, on pouvait déjà entendre la musique et l’ami de Junwoo commençait à se trémousser sur place. Ils se dépêchèrent de garer la voiture et de se rendre à l’intérieur du bâtiment. Le videur était habitué à voir l’ami de Junwoo ici, et il les laissa passer sans aucun problème, lançant un clin d’œil à Junwoo. Son ami lui souffla quelque chose à l’oreille, et Junwoo rendit son clin d’œil au videur. Si on pouvait s’attirer ses faveurs, alors autant ne pas y opposer de résistance. L’air était étouffant, la lumière tamisée. Junwoo se frayait un passage parmi les personnes pour se rendre sur la piste de danse, sur laquelle il n’hésita pas une seule seconde avant de se lancer. Ses coups de hanches faisaient valser les jeunes femmes, et celles-ci ne se privaient pas pour apposer leurs mains moites et brûlantes sur le corps de Junwoo. Ce petit manège dura une bonne quinzaine de minutes, avant que Junwoo ne décida d’aller se chercher quelque chose à boire. Il eu du mal à se défaire de cette foule, et des quelques mains qui s’attardaient sur son corps. Au bout de quelques efforts qui l’essoufflèrent encore plus qu’il ne l’était, il était enfin accoudé au bar, commandant un cocktail qui lui mettait l’eau à la bouche rien que par la prononciation de son nom. Il se retourna, regardant à nouveau cette masse de gens. Sa tête se balançait au rythme de la musique qui résonnait dans ses tympans. Il tourna la tête vers la gauche, interceptant le regard du jeune homme qui se trouvait à ses côtés. Celui-ci paraissait gêné par cet échange de regard, et Junwoo n’en fut que plus amusé. Il prit sa boisson qui venait de lui être servie, et tout en la buvant à petites gorgées, il détailla le jeune homme. Il n’était pas très grand, à peu près la même taille que lui, mais il était fin et élancé. Son pantalon était délicieusement moulant, et Junwoo ne pouvait détacher son regard du postérieur du jeune homme. Il s’approcha de lui et déposa doucement sa main sur sa hanche, se penchant à son oreille. « Tu viens danser ? » Il ne lui laissa pas le temps de répondre qu’il posa son verre sur le comptoir, et l’entraîna par la main sur la piste de danse, se frayant à nouveau un passage parmi la foule.

Waves

Je reste comme cloué sur place, les yeux au sol. J’essaie de penser, de raisonner ; mais aucune idée cohérente ne semble naître en mon esprit confus. Dans les brumes, les vapeurs du fil conscient, car je le sens, maintenant, je dérive. L’alcool s’est infiltré, en douce, sans que je m’en aperçoive. Je perçois à présent ses effets : des frissons, un regard plus vague et lascif. La dernière goutte du verre passe mes lèvres échauffées, et je le laisse au bar. Le temps que je pivote à nouveau sur mes talons, et le beau danseur est près de moi. Ai-je été trop clair ? A-t-il saisi la flamme dans mes yeux ? Je ne sais quelle attitude adopter… Je relève le regard, détaillant le nouveau venu. Il est si plaisant à regarder, encore plus charmant, ainsi approché. Sa main sur ma hanche, et je demeure figé, quelque peu perplexe. Sur le qui-vive. Mes yeux s’attardent sur ses traits, si beaux, deux ou trois secondes.

Un petit sourire vient éclairer mon visage, et j’acquiesce inutilement de la tête. C’est que je ne fais pas confiance à ma voix. Nerveux comme pas possible, je le suis vers la piste de danse. Mon dieu, je suis vraiment en train de faire ça. Danser. Avec un mec vraiment mignon. Trop bon pour être vrai. Faudrait pas que je m’étale de tout mon long, mh. Je lève le regard vers les autres « danseurs » d’un nuit, et à nouveau, la langueur, les mains baladeuses, la proximité. Et j’ai chaud. Très chaud, malgré le tissu fin collant à mon torse. Et très vite, tout me submerge. La musique, les lumières aveuglantes, et l’inconnu. Aidé par l’alcool, je commence à me déhancher, un peu nonchalant, et les sons rythment les mouvements sensuels de mon bassin. Qui l’eut cru.

J’entoure de mes bras le cou de mon charmant partenaire, un sourire en coin sur les lèvres. Mes hanches frôlent les siennes, jusqu’à ce que ma cuisse gauche vienne se glisser entre son entre-jambe. Ainsi proches, je peux sentir son souffle contre ma joue. Mes lèvres sont tout contre sa nuque, tentante, délicieuse. Je m’écarte légèrement, regardant, les yeux à demi-clos, son visage, et puis ses lèvres. « Je m’appelle Sung. Et toi ? ». Dis-moi le nom que je pourrais éventuellement gémir à la fin de cette soirée… J’en rougis, de cette pensée. Je dois être beau à voir, débauché comme ça… Chaud, excité, suave, c’est bien de sa faute.

Spoiler:

Junwoo avançait parmi la foule, se frayant un passage jusqu’à la piste de danse, ne lâchant pas la main de sa victime d’un soir. À peine eurent-ils un peu de place sous les projecteurs, qu’il se déhancha au son de la musique. Ses hanches ondulaient au rythme de la musique, se collant chaque seconde un peu contre le corps du jeune homme. Il dansait autour de ce dernier, caressant du bout de ses doigts sa taille, remontant jusqu’à ses côtes puis ses épaules. Il se mordit la lèvre, et attrapa sa nuque avec sa main, rapprochant son cou de sa bouche. Toujours en se déhanchant sur la piste, il se mit à mordre le cou de sa proie, y laissant sa marque. Il sentit les bras du jeune homme passer autour de son cou, et la sensation de son bassin contre le sien laissa échapper un faible gémissement à Junwoo, qu’il étouffa dans le cou de son compagnon de danse. Il mordit un peu plus violemment sa peau lorsqu’il sentit une pression sur son entre-jambe. La chaleur augmenta de plus en plus, Junwoo commençait à sentir son corps brûler sous l’excitation. Il sent le corps contre lui s’éloignait un peu, et il gémit d’inconfort face au vide et au froid qu’il ressent. Un sourire apparaît sur son visage lorsqu’il apprit le nom de son partenaire, et il se pencha à nouveau contre lui, sa bouche près de son oreille cette fois-ci. Il passa un coup de langue sur celle-ci avant de lui murmurer d’une voix rauque. « Jun… »

Le cœur de Junwoo battait de plus en plus vite, il avait du mal à se calmer, et la musique qui faisait trembler la pièce, et la chaleur qui collait la chemise de Sung sur son torse, laissant entrevoir sa peau et ses faibles muscles, et la pression sur son entre-jambe, n’aidaient pas. Junwoo n’en pouvait clairement plus. Il passa une de ses mains dans le dos de Sung, toujours en dansant contre lui et sa tête enfouie dans son cou. Sa main passa directement sous la chemise trempée de sueur de Sung pour se réfugier directement sur sa peau brûlante. Il la descendit, la passant sous le jean du jeune homme. Il joua avec l’élastique du boxer pendant quelques secondes avant de descendre plus bas, et d’agripper une fesse de Sung, rapprochant son bassin du sien. « Tu veux pas qu’on sorte de là, il y a un peu trop de monde… » Junwoo avait du mal à parler à cause de l’excitation, sa voix était rauque. Ses déhanchés étaient de plus en plus désordonnés également, tout ce qui comptait à présent était de sentir le corps de l'autre contre lui.