e soupirais mais décidais tout de même de lever mes fesses pourtant bien ancrées dans le canapé du salon. Ma mère voulait que je me rende au supermarché, non loin de la maison, car il manquait de la farine pour le gâteau qu'elle s'était mise en tête de réaliser cet après-midi. Et puis tant que tu y es, profites en donc pour faire le reste des courses de la semaine ma fille... Eh bien oui, bien sûr, c'est sûr que tu n'es pas une femme au foyer et que tu n'as pas le temps d'aller faire les courses cher mère, pff... Pourtant, sans broncher, j'enfile ma veste et mes chaussures, attrape la liste de course qui trône sur le plan de travail et quitte la maison. Il y a un mois de cela, j'aurais certainement envoyé ma mère sur les roses, peut-être qu'il y a un mois je ne serais même pas à la maison mais plutôt à me remettre de la cuite dont j'aurais souffert la veille... Mais depuis, j'ai quelque peu changé, depuis que mon ventre à faillit devenir aussi gros qu'un obus à cause de ma énième connerie en boîte de nuit. Cela fait un mois maintenant que j'ai décidé de me remettre en question et de recommencer une vie normale. Tout ce que j'avais fait durant un an ne me servait à rien à part mettre ma vie en péril. Je n'acceptais toujours pas ma nouvelle belle famille et je n'acceptais toujours pas ce que ma mère avait fait, mais il fallait que je me reprenne en main. Seulement, ayant loupé l'école pendant un an, avant la rentrée prochaine je n'avais rien à faire et restait donc la plupart du temps à glander et déprimer à la maison.

J'arrivais au supermarché sans grand enchantement, regardais la liste de course et poussa un nouveau soupir quand je vu tout ce qu'il y avait à acheter. Nous étions cinq à vivre à la maison, nos deux parents plus nous trois, qui avions déjà tous plus de 18 ans, il fallait nourrir tout cela. Je passais donc facilement une heure, peut-être plus, à arpenter les rayons, me perdre et remplir le caddie. Quand enfin j'eu finis, je me rendis à la caisse où la queue était la moins longue. J'avais hâte de rentrer à la maison et de m'installer de nouveau dans le canapé pour regarder une émission débile ou un drama. Pourtant, mon arrivée à la caisse et par conséquent à la maison, allait être ralentie, et je m'en rendis compte dès qu'un autre caddie percuta le mien. Je lève la tête, prête à grogner - chose que je sais parfaitement faire depuis un an - mais me retient quand je vois la jeune femme en face de moi et ses yeux humides, prête à pleurer. Hae Rim. C'est-elle ? Que fait-elle là ? Je savais qu'elle devait quitter Séoul il y a un a pour rejoindre son petit ami à Incheon, mais depuis le jour de son départ je n'avais plus jamais eu de nouvelles de sa part. Hae Rim était l'amie la plus proche que j'avais il y a un an, et alors que j'étais dans une atroce situation, que j'avais besoin d'entourage, elle m'avait tout bonnement laissé tomber et avait disparu de ma vie sans aucune explication. Pourtant, face à la scène qui se dresse devant mes yeux, je ne ressens aucune amertume ni aucune rancœur. Hae Rim s'empresse de venir me prendre dans ses bras et s'effondre en larmes. Je ne comprends pas trop la situation mais je suis tellement heureuse de la voir en face de moi, de savoir qu'il ne lui ait rien arrivé, qu'elle n'a pas disparu et qu'elle est toujours en vie, que je la sers encore plus fort contre moi avant de la relâcher quelques secondes plus tard. Elle me regarde tout en essuyant les larmes sur ses joues avant de s'excuser.

« Non, c'est... C'est pas grave. » Enfin si, c'est grave, tout du moins c'est ce que je pensais avant de la voir en face de moi, mais je sens clairement qu'il y a quelque chose qui ne va pas Hae Rim. « Qu'est-ce que tu fais ici ? Je croyais que tu avais disparu... Vraiment... »

e m'étais souvent demandée pourquoi Hae Rim avait cessé de donner des nouvelles. Elle devait venir sur Incheon, j'étais heureuse de pouvoir la retrouver, mais je n'avais jamais pu. Elle avait toujours été injoignable, j'avais contacté ses parents qui m'avaient dit qu'il n'en savait pas plus que moi. Personne ne savait où elle était. J'avais vraiment cru qu'elle avait disparu. Qu'elle avait fui le pays, par exemple, mais j'avais même été jusqu'à penser qu'elle s'était peut-être fait enlever, qu'elle était peut-être morte... Oui, inconsciemment, j'avais été jusqu'à faire mon deuil d'elle, pensant ne plus jamais la revoir. J'avoue que j'étais complètement choquée de la voir là, debout, en face de moi. Je me serais presque crue dans un rêve...

Finalement, sans un mot de plus, nous passons en caisse, nous payons, rangeons respectivement nos articles et une fois à l'extérieur de supermarché, mon amie m'entraîne vers un banc où nous nous installons côte à côte. Je ne parle pas. Pas un seul mot ne sort de ma bouche. En fait, je ne sais pas quoi dire. Je suis tiraillée entre pleins de sentiments différents. Une petite part de moi lui en veut car j'ai vraiment cru qu'il lui était arrivé malheur alors qu'elle semble au contraire avoir vécu si près de moi durant cette année. Mais une autre part de moi, plus importante, se dit qu'elle a forcément eu une bonne raison d'agir de la sorte. Je la connais. Elle n'aurait jamais fait ça sans raison. Mais pourquoi alors ? Je n'allais pas tarder à le savoir. Après avoir pris ma main, elle commença à m'expliquer.

« Oh mon dieu... » J'étais loin de me douter que son petit ami - dont elle m'avait si souvent parlé et qu'elle devait rejoindre ici - était décédé... Je serais un peu plus fort sa main tout en regardant son visage qui m'avait tant manqué. « Mais... Comment ça se fait que tu sois restée toujours injoignable ? »

Lorsque j'avais essayé de l'appeler, durant plusieurs semaines, ont me répondait que le numéro n'était pas attribué... Pourtant, je n'avais cessé d'appeler ce numéro, espérant entendre la voix de mon amie, à un moment ou à un autre, jusqu'à ce que son numéro soit remis en ligne, mais avec une personne différente... Un homme mûr m'avait répondu, me prétendant qu'il ne connaissait pas la personne que je demandais et qu'il venait d'obtenir ce nouveau numéro. Après ce jour-là, je m'étais faite à l'idée et j'avais supprimé le numéro de mon répertoire. Pourtant, durant cette période, j'aurais bien eu besoin de lui parler...

« Tu sais... Il m'en est arrivé des choses depuis un an à moi aussi... » Je lui souris puis repris « Je crois qu'on a beaucoup de choses à se raconter toutes les deux. »