Le printemps était définitivement la saison préférée de Il Nam : non seulement le froid s’éclipsait, mais la mauvaise humeur collective aussi, et rien ne rendait le jeune Seo plus heureux que de voir une panoplie de sourires naître sur les lèvres d’un peu tout le monde. Même la nature semblait reprendre son souffle. Les oiseaux redoublaient d’ardeur dans leurs mélodies, la brise était toujours agréable et les arbres se couvraient de feuilles et de fleurs, au grand plaisir de notre étudiant, qui trouvait le tout d’un romantisme exquis. Bon, c’était également le temps des allergies, et c’était souvent les yeux tout rouges ou le nez bouché qu’il se baladait à l’extérieur, le visage malgré tout fendu en deux par sa bonne humeur constante – un si minime ennui ne plomberait évidemment pas son moral à toute épreuve.

Oui, donc, une saison comme le printemps était le comble pour l’irréductible optimiste qu’il était, et cette particulière journée l’enchantait encore plus : en effet, il devait voir Areum, au parc, en après-midi. Cela faisait un moment déjà qu’ils ne s’étaient pas donné rendez-vous, et Il Nam avait bien hâte de voir son amie. Il passa d’ailleurs l’avant-midi à tourner en rond chez lui, tâchant de trouver de quoi s’occuper un peu jusqu’à ce qu’il soit l’heure de partir. Kiyoshi, son coloc, s’énerva d’ailleurs de le voir s’agiter inutilement, et notre pauvre étudiant se résigna à ranger sa chambre, en bon enfant puni. Au moins, le temps se mit, après un moment, à passer plus vite.

Si vite que, fidèle à son habitude, il finit par oublier l’heure et se retrouva ainsi à courir pour se préparer : on ne change pas les vieilles habitudes, apparemment. Attrapant ses clés et son téléphone, il s’éclipsa donc de son petit appartement, direction le Incheon Grand Park.  Ce n’était pas là un endroit qu’il fréquentait souvent, puisqu’il se trouvait plutôt loin de chez lui et que, de toute façon, ses temps libres étaient restreints, mais les quelques souvenirs qu’il en avait étaient bons. L’autobus était bondé, et il dû rester debout, ce qui, au fond, ne le dérangeait pas tant que ça : après tout, il avait ses deux jambes, autant s’en servir.

C’est une dizaine de minutes plus tard qu’il descendit du véhicule, qui arrêtait à deux coins de rue de sa destination finale. Encore une fois, il fut submergé par l’atmosphère printanière et son sourire se raviva alors que, mettant les pieds dans le parc, il cherchait Areum du regard. Sa longue crinière blonde fut assez aisée à repérer et l’étudiant se dirigea en sa direction : elle était assise seule, sur un banc de parc, livre à la main. Alors qu’il approchait, la demoiselle se pencha pour ramasser quelque chose au sol, et l’étudiant en profita pour se planter devant elle, toujours son air bienheureux au visage :

- Areum !

Elle sursauta, ce qui lui arracha un léger rire. Il posa ses fesses à côté d’elle, tout en lui adressant une grimace amusée, en réponse à ses propos.

- Désolé, j’espère que ton cœur me pardonnera.

Il posa les yeux sur son recueil de poésie, l’examinant un moment, avant de revenir à elle :

- Parlant de ton cœur, comment il se porte ?